mardi 25 juin 2013

*Ma vie est ailleurs. Imaginée. En attente..




Je te parle Amour, m'entends-tu ?
Je me raconte. Je nous raconte.
De nouveau, j'ai envie. Je comprends, et je ne comprends pas. Je crains, comment dire...
Instant suspendu.
Là au chaud dans moi, ailleurs.
Ma vie est ailleurs. Imaginée. En attente.

Je suis partie comme je l'avais dit, Amour.
Sans crier garde, sans prévenir. J'ai tout brûlé, j'ai tout lâché. J'ai même écrasé la cendre pour que rien ne subsiste, pas la plus petite trace de moi.
J'ai même brûlé mon identité.
Il le fallait, oui, il le fallait.

J'ai rejoint le centre du monde.
Ma maison s'ouvre au soleil levant.
J'ai rejoint mon intérieur.
J'ai jeté à terre mes vêtements, et je t'ai vu sortir de la chambre prêt à m'affronter, prêt à m'engloutir encore une fois. Ivre du miel de l'immortalité, je suis devenue ta divinité Soma, enflammée, sacrifiée.
Bel hommage !
Ecartelée comme une île volcanique lointaine aux entrailles de feu craquelées de ravins, tu me déchires révélant en moi un véritable incendie.

Ton regard foncé me submerge.
Ferme les yeux, Amour.
Tu ris d'un long rire cristallin.
Je reviens de si loin.
"Tu ressembles à une petite chinoise". Tu le sais ?

Ton bras replié sur moi, j'oublie et j'efface par transparence.

Mon corps contre ton corps, je me détends, sous la lumière noire, pieuvre tantaculesque.

Je tiendrai ma promesse en n'exigeant plus rien.
Suis revenue, d'un bout du monde dans ma tête.
Serre-moi.
Délecte-moi à grands traits.
Deviens brasier, moi petite éclaboussure, retiens un brin d'existence sans terme, dans la paume de ta main, comme les déesses assises sur le globe entouré d'étoiles, tiennent le milieu du ciel, l'astre à l'éclat froid qui perpétue les semences génératrices, le sceptre et la corne d'abondance, dans l'intensité de l'acte.

Ma  vie est claire.
Ma vie est sombre, hermétique.
Ma vie jaillit et part s'engouffrer dans l'infinitésimale parcelle.. courte.. éclaboussée.
Coeur bondissant.
Mon coeur est retenu.
De moi à vous.
Je t'ai ouvert mon coeur. Le centre de ma personnalité, et mon corps.


Tu souris avec ce sourire que je connais bien, dont je pourrais de tête dessiner les moindres méandres, les moindres contours.
"Pourquoi es-tu venue ?"
"Pourquoi es-tu revenue ?".

Tu vois chaque chose est à sa place. Rien n'a vraiment changé.
Tout est rangé, comme d'habitude.
La commode a perdu sa poignée, comme d'habitude.
Le cadre avec ton portrait à l'intérieur est de travers.
Regarde-moi, viens.
Parle-moi...
"tu as maigri" !

Den

**

Août 1998


***


lundi 24 juin 2013

*Je n'exige rien des autres.. je n'exige que pour moi...





Je n'exige rien des autres.
Je n'exige que pour moi.

Je m'enfuis traversant l'océan, le cauchemar ambiant, le désert saharien, les plaines sablonneuses et je me retrouve là dans la douceur d'un jean trop large, un pull trop élimé. Tu détestes.

Je retrouve les odeurs connues. Mes choses. Mes habitudes.
Je sens. Je touche.

Je m'enfuis et je ne retrouve rien.

Tu as le sourire de celui qui honore le maître-temps. Tu ne veux pas être dérangé dans ton espace libéré.

Toi, tu possèdes la clef de mon coeur secret. Tu le dis.
Possèdes-tu vraiment tout ce qui se dit, tout ce qui se fait. Es-tu Dieu et le Soleil réunis ?

Tu te perds par les mille couloirs de mon imagination-labyrinthe.

Le fil est en longueur. Le film qui se déroule traîne. Tu n'en vois pas la fin.
En bas c'est le vide.
Le trou, le chemin qui va vers l'intérieur.
Je m'enroule. Je ressemble à un hérisson.
Dehors, le jour coule comme un jour indifférent.
Notre construction est abstruse.
Rien ne va comme je le voudrais.
Autour de moi le monde continue d'exister.
Resterai-je toujours devant la porte, soumise au temps, éclaboussure de comète ?


Je suis partie comme j'étais venue.
Les poches vides.
Le coeur lourd.

J'ai dégringolé.
Failli seulement.
J'ai brûlé mon passé.
Je me suis éparpillée.
Nulle de tout.
J'ai écrasé mes souvenirs.
Suis vierge à nouveau.

Il naît en moi un reproche.
Je suis perdue parmi les autres, dans un coin reculé de ma pensée.
Emmène-moi, ne me laisse pas seule..

Couchons-nous et enroulons-nous comme de longues lianes, de longues plantes volubiles.
Parcours-moi sans me toucher.
Plus vierge qu'une vierge.
Aime-moi. Je serais ta liane, et toi mon arbre, et nous nous consumerons lorsque le jour disparaîtra, laissant la place aux ombres allongées, et mourantes du désert et des fleuves, aspirant le suc vital.

J'ai peur de parler. De savoir.
Dois-je tout garder pour moi.
Me tenir tranquille. Ne rien laisser transparaître. Mes angoisses. Ne rien laisser éclater. Demeurer une eau calme. Calme et limpide, transparente comme le diamant translucide.

Yeux exorbités la nuit sous les vertiges.
Yeux fermés par le jour menteur.
Je suis seule dans ma chambre, sur mon lit-écritoire. Je me laisse aller, belle de la beauté du coeur.
Celle qui ne déçoit jamais, qui ne flétrit jamais. D'en dedans.

Den

***

dimanche 23 juin 2013

*Ocre jaune safran



Eté brûlant et son automne débutant.
Les saisons se mélangent.
Le corps n'a pas eu le temps de s'habituer ; il se fatigue trop vite.
Je réintègre ma coquille au coeur malade là dans ma bouche. Loin, au fond de moi, tapie.

Couleur terre du début, couleur feuilles mortes, je baigne dans le tiède flux cosmique.




Des enfants jouent  dehors.
J'ai coupé le cordon ombilical.
Je me sens libérée.
Libre, enfin.
Bouillonnante.


Je bourdonne comme l'abeille laborieuse sur la vitre.
Les autres m'observent.
Nos gestes se heurtent.
Nous tâtonnons. Rapprochement impossible. Si loin des autres.
Je trébuche, me cognant à leur incompréhension.
Dérision, je pleure. Mon coeur est sec.
Comme elle, parviendrai-je un jour à établir l'harmonie par la douceur parfaite et par le glaive ?
Comme elle parviendrai-je à frôler sans flétrir, elle qui n'enfante pas, mais qui grâce au travail  de ses lèvres, devient mère.

Suis désespérée.
C'est absurde.
Demain, c'est vrai, je rentre au bercail.
C'est la fin des vacances, et je ne me suis pas rendue compte que j'étais en vacances  !

C'était hier.
C'est déjà aujourd'hui, la fin.

J'ai quitté un paysage auquel je me suis habituée, sans l'aimer, que je n'ai pas bien regardé.
Si près de moi, et pourtant si loin, loin des autres.

La journée n'en finit pas de se dérouler, de déployer ses longues ailes. Pattes de mouches.
Demain je prépare mes valises.

De jours passés en journées avalées, de crépuscules en nuits en cavale.
Jours creux.
Le soleil décline, s'éteint et meurt.


Instant suspendu qui chavire dans l'autre monde, l'autre nuit, espérant d'autres aurores moins mélancoliques.
C'est la fin de l'été, et de ses beautés nostalgiques.

22 Août  1998.

Den

***


samedi 22 juin 2013

*Rouge sang, rouge feu



Des aurores de printemps à la magnificence des pleins midis d'été, c'est le milieu de la saison estivale,
et l'épanouissement de la nature sous les chauds rayons du soleil.

Accouplé à  sa partition il est semblable à une ode or cuivrée flamboyante.


La montée de la vie est partie du rouge soleil or mâle et s'épanouit dans le vert foudre femelle.

Gourmandise paillarde, sensualité jamais assouvie, sans principe... sans vergogne... ainsi comme bon semble.

Plus rien ne m'affarouche. Ni les autres, ni moi-même.
Tu seras mon ami, Amour ? Tu le veux ?
Je ne triche pas. Tu veux bien ?
Prise aux pièges de l'Amour ? Moi ?

Pourtant, j'ai écouté les autres, sans les écouter vraiment.
J'ai vu seulement leurs lèvres remuer. Jeu puéril.
Tu ne me débusqueras plus. Pas. 
Le temps des autres est arrivé. L'autre temps.
Ensuite.
Du temps pour moi.
Egoïste à jamais. 
J'écoute, et je n'entends pas.
Je vois tout en ne regardant pas.
Je passe, je flâne. Je musarde et je rattape.
Je rattrape ou je ne rattrape pas. Selon les fois.
Pas toujours. Selon. J'ai à apprendre. Je veux apprendre. Pas toujours. Pas tout.
...

Je vais mal au fond, dans mon antre spatio-temporel, dans mon repaire, mon palais, loin,
engouffrée, labyrinthe, chassé-croisé.

...

Tout lâcher.

Perdue au milieu des autres, gaspillée.
Petit caillou stérile as-tu un pouvoir invisible ?
Accumulé à d'autres, deviens-tu force lumineuse comme le jaspe vert cachant dans son ventre une autre pierre des aigles, vit alors, et devient magicien.

Et si nous recommençions le plein accord,
Amour ?

J'attends.
J'espère.

Et si.. !

...

Le fil de l'harmonie cache souvent la toute puissance redoutable.
Ne pas se fier aux apparences.
Elles cachent la furie. Le délire.

Empêtrée dans un passé qui m'engloutit, qui m'assaille.

...

Mon coeur est serré.
Mon sourire coïncé.
A demi. A moitié. Tout à fait.

...

La terre est desséchée par le soleil estival, et fatiguée de vertus nutritives, sur laquelle se couche l'épi fauché.



Elle attend, et espère que le grain sec se détache de l'épi, en même temps que son enveloppe.
Nouvellement vierge, elle recevra plus tard la semence.

Den                                    
 (août 1998)







***

jeudi 20 juin 2013

*Vert sapin....



Simple instant retenu,
ma vie est ainsi faite, en catimini.

Couleurs douces. Odeurs tendres pour eaux claires,
toit pointu couleur d'ardoise,
vert rassurant pour sapin odoriférant.


Vert issu du rouge, tu ressembles à Vishnu porteur du monde,
à la face de tortue, et à la déesse indienne de la matière philosophale.

Vert femelle réflexif, tu t'opposes à l'impulsif rouge mâle, et l'équilibre en secret.
Immortel.

Je vais quitter cela, et chez moi, recommencer.
Ici, j'avais oublié les larges avenues de la ville bruyante,
pour ne plus voir que les calmes sentiers étroits de la forêt.
De châteaux en châteaux,
de coteaux en landes boisées..
Mal, mais ailleurs.

Je suis ailleurs, dans la nébuleuse immensité.

Ailleurs, Piche ?
Où caser Piche ?
Ne sais pas faire grand-chose.
Faut me prendre ainsi.
Telle quelle.

Prétentieuse ?
Même pas.
Il me manque l'assurance.
Il me manque les odeurs de ma maison, de ma Provence. Le goudron suintant, 
transpirant, l'asphalte brûlant.
L'odeur de la lavande.
Il me manque cette année, le hâle des naïades à demi-nues. 
Tu m'aimes ainsi. Noire à croquer, tu dis.

La verdure et son regressus ad uterum m'attire.
Verdure régénératrice, lustrante, pacifique, et son silence qui en découle, mais je me sens bien


mieux au soleil, sous la canicule. Anonyme.
Bien mieux.

Engrossée par un avenir qui ne serait pas le mien.
Pleine d'espoir.
Pleine de curiosité pour certaines choses.
Pleine, avide, boulimique parfois, mesurée pourtant,
mais surtout angoissée de n'être pas vraiment soi tout le temps.
Etre sans être.
Etre sans avoir l'air.

Essayer par-dessus tout de se faire adopter. Un air.. comment dire.. absent de soi.
Douloureux visage.
Exclue des mystères.

Aimée par toi, Amour, mon Amour, j'aime.
Je te crois. Je veux bien te croire.
Ton regard chaleureux, attentif au moindre de mes gestes, c'est chez nous.
Je me pelotonne dans tes replis, dans ta plus petite intimité. Là dans un coin de toi,
chaud.

J'ai penché la tête d'un côté, je me suis endormie contre ton épaule, et j'ai rêvé de toi
qui connais le nom des démons et des dieux, les couleurs du ciel, la création du monde,
je t'écoute, subjugugée, avant de m'éteindre, comme une étoile consumée.

Et tout est arrivé comme dans l'obscurité, à tâtons, sans y croire.

En fait, c'est sans grande importance.



Den

***


mercredi 19 juin 2013

*Solitaire....


Solitaire, j'ai traversé le désert, le monde éloigné, l'espace de poussière lunaire, l'arène magicienne.
Ratatinée vers l'intérieur, engourdie, maladroite.
Des jours et des nuits collées, engluée, écoutant l'animal crépusculaire enfoui dans sa retraite humide et sombre, appelle la déesse pluie pour l'écoulement de mille saisons.
Sa pierre, talisman précieux, permettra-telle un jour l'entrée des portes du ciel, et la parole avec les dieux ? 

...

Je cherche.

...

J'ai épié l'aurore grelottante aux doigts de rose, j'ai épié sa soeur craintive.

C'est si long la nuit, c'est si long l'aurore radieuse éveillée à toutes choses prometteuses.

Aurais-je le temps de  vivre pleinement, comme je le veux ?

...

Etrangère.
Une autre.

...

J'ai écrit. Seulement écrit.
J'ai rassemblé aussi.


Den




***


dimanche 16 juin 2013

* Un père...


"Un père a deux vies :
la sienne 
et celle de son fils"

Jules Renard

***


Une bonne fête à tous les papas !


***


samedi 15 juin 2013

""Ce qui fut se refait"...


"Ce qui fut se refait ;  tout coule comme une eau 
Et rien dessous le Ciel ne se voit de nouveau 
Mais la forme se change en une autre nouvelle
Et ce changement, Vivre, au monde s'appelle".. (...)

Pierre de Ronsard

(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)
émission du 15 juin 2013

"Ce qui fut se refait"

***



dimanche 9 juin 2013

*Et c'est le soir, de nouveau....


(...)..."Et c'est le soir, de nouveau. La lumière de la lampe heurte la blancheur de cette feuille. Il est maintenant très tard. Je vais poursuivre cette lecture entamée l'été dernier, ce livre de Proust que j'emmenais dans mes balades : ses pages sont encore trempées de soleil. Lecture sans fond, sans fin. Lecture immobile. L'histoire n'avance pas. Il n'y a pas d'histoire. Juste une avancée, lente, très lente, vers l'Amour, vers la cruauté de l'Amour, vers sa lumière aveugle, blanche. Lecture hallucinée, dévorante, infatigable. Quelqu'un parle. Quelqu'un qui est alité, dans le voisinage de sa mort. Il écrit ce livre au fur et à mesure de la lecture que j'en fais. Il écrit à partir de l'abandon enfin entier qui est le sien. Jamais si proche des larmes, de la sécheresse de la mort. Jamais si proche de la vie, de la brûlante nudité de la vie"... (...)

Christian Bobin
Souveraineté du vide
Lettres d'or




***

samedi 8 juin 2013

*Ce qui a été effacé...


"Il faut longtemps pour que resurgisse à la lumière ce qui a été effacé. (...)
Depuis, le Paris où j'ai tenté de retrouver sa trace est demeuré aussi désert et silencieux que ce jour-là.
Je marche à travers les rues vides. Pour moi elles le restent, même le soir, à l'heure des embouteillages,
quand les gens se pressent vers les bouches de métro. Je ne peux m'empêcher de penser à elle et de sentir un écho de sa présence dans certains quartiers. L'autre soir, c'était près de la gare du Nord".

Patrick Modiano
Dora Bruder

(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)
Emission du 8 Juin 2013
" Traces"

***



jeudi 6 juin 2013

*On compte avec ses doigts....




"On compte avec ses doigts. On commence à compter à partir d'un an. La main indique bientôt, grande ouverte, cinq années, puis l'autre main rapidement se tend à son tour, puis toutes les deux se referment et s'ouvrent simultanément, plusieurs fois de suite, autant de fois que de dizaines, et le plus vite possible pour suivre le mouvement du temps, mais c'est inutile, la vitesse du temps est plus grande que celle des doigts qui se plient et se tendent, la vitesse du temps est plus grande que celle de la lumière, c'est celle de la nuit et la nuit est depuis toujours déjà là, on est surpris, tout s'est précipité et on n'a rien su retenir, mon dieu, qu'est-ce qui s'est passé, j'ai dû faire une erreur quelque part, j'ai dû heurter un mécanisme, fausser un rouage, et tout s'est affolé, tout s'est accéléré, tellement que le mouvement m'a déporté sur les bords, m'a éloigné du centre et le centre s'est creusé comme une plaie, comme une spirale, et tout venait s'abîmer dedans et moi je n'y étais pas, et moi je n'y étais pour personne, pour personne..."

Christian Bobin
Souveraineté du vide
Lettres d'Or

***


samedi 1 juin 2013

*"Le présent est le passant du temps"...






"Au mot présent, il faut préférer le mot plus sûr de passant.
Le présent est le passant du temps.
(Et) il est possible que dans le passant du temps, le passé soit l'énergie. Comme le mot courant dit quelque chose de plus profond que toute l'eau du fleuve".

Pascal Quignard
Les ombres errantes.

(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)
émission du 1er juin 2013

"Le passant du temps"


***