dimanche 21 août 2016

*Je repasse............


Lac Malawi, Malawi, Salima, Afrique

Je repasse ta lettre, à l'ombre du ciel bleu du parasol.
A mes pieds, la mer molle se froisse rythmique à l'arène 
Le chant s'essore. La mer jusqu'à la passe est pareille à tes yeux de sable et d'algues
Jusqu'à la masse profonde du large, où fleurissent tous les miracles
Sous les cris blancs des mouettes, l'écume des longues pirogues.

Sur la plage rythmique, les canards sauvages en groupe songent,
immobiles muets.
Je songe à mon enfant dernier, l'enfant de l'avenir
Aux cils de palmes, aux yeux de puits sans fond.
Ses cheveux plats fulgurent de fauves éclairs.
Où est donc  la fille  de mon espoir défunt, Isabelle aux yeux clairs ou
Soukeïna de soie noire ?
Elle m'écrirait des lettres frissonnant d'ailes folles 
D'images coloriées, avec de grandes bêtes aux yeux de Séraphins 
Avec des oiseaux-fleurs, des serpents-lamantins sonnant des
trompettes d'argent.
Car elle existe,  la fille Poésie. Sa quête est ma passion
L'angoisse qui point ma poitrine, la nuit
La jeune fille secrète et les yeux baissés, qui écoute pousser ses cils 
ses ongles longs.

Et tu demandes :
- Mais pourquoi cette brume et ces mirages au fond de tes yeux  
étales ?
- La mer est belle et l'air est doux, comme jadis sur les bords des
Grands Lacs. 

Léopold Sédar Senghor (1906-2001)
(les lettres d'hivernage)

*****



Arbre, Nature, Lac, L'Eau, Ciel, Sunset

15 commentaires:

  1. Un vrai moment de bonheur ...Merci Den ...:-)
    je t' embrasse en dimanche ensoleillé

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  2. J'ai trouvé que ses mots étaient des images avec une folle envie de les croquer.
    Merci Mathilde.
    Un beau dimanche jusqu'à toi et un bisou attaché à notre sOleil !
    Den

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  3. L'éternel féminin, l'éternel masculin, et la grève tremblante de leur rencontre au delà des mirages du temps...
    merci Den
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Dans "Les Lettres d'Hivernage" le poète s'adresse à la femme aimée, mais absente, en employant des mots simples, familiers, du quotidien qu'il transfigure.
      L'univers devient alors tout simplement humain, tendre et intimiste, presque banal.
      Le temps y est présent, quasiment immobile, l'instant dynamique.
      Et pourtant, c'est de cette banalite que naît la poésie, poésie qui se fond dans la couleur de la peinture, l'aura magicienne de l'imaginaire nimbé.
      L'objet du quotidien se dissout alors dans les brumes poétiques, dans l'âme de rêve du poète.
      Merci Célestine pour ton commentaire.
      Bon après-midi à toi.
      Bisou.
      Den

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  4. Quand tout semble impossible, la distance folle, la séparation des êtres aimés, la poésie transcende les interdits, les impatiences et rapproche les distances. Le Poème de Senghor, puissant par ses mots, rappelle la vie quand la mer était calme comme jadis sur les bords des grands lacs. Merci pour ce poème Den que je ne connaissais pas. Mais je vois que ton coeur ne se limite pas à ta merveilleuse région de Provence mais est partout dispersé là où la vie s'étale dans toute sa splendeur. Merci Den

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    1. Bien sûr bizak la beauté ne connaît pas de limite de coeur !! elle est partout où la vie s'éparpille et se raconte.
      Bon après-midi à toi, Âmi poète.
      Den

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  5. Bonjour Den, que c'est beau, superbe! Bise, que ta journée te soit douce et paisible!

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    1. Merci Maria-Lina pour ta fidélité dans mes allées...
      Merci pour tes mots toujours courtois.
      Douceur et sérénité vers toi en retour.
      Bisou.
      Den

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  6. On est transportés par la puissance poétique de ses mots ...
    Et le bleu de tes belles photos, et le choix de ton sable ... nous emporte encore plus loin ...

    Je t'embrasse ma belle Den.

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    1. Le poète permet à l'imaginaire de s'évader enivré par la beauté des mots si loin et si haut... heureuse que tu aimes mon bleu et mon sable retenu.
      Douce journée à toi Veronica.
      Je t'embrasse aussi en retour.
      Den

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  7. Merci chère Den de partager ce magnifique texte et le superbe bleu de la mer et du ciel.
    Je te souhaite une douce fin de journée ensoleillée.
    Bisous

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    1. Merci à toi ma chère Denise pour ta fidélité.
      Heureuse que tu aimes la couleur qui s'évader et les mots du poète.
      Douce journée à toi en retour.
      Bisous rendus aussi.
      Den

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    2. ...la couleur qui s'évade, Denise... excuses...
      Den

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  8. Quel texte magnifique ! Merci Den pour ce beau moment de poésie.
    Je te souhaite une très bonne journée, bisous

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    1. Oui Marine, la poésie permet l'évasion, le vagabondage dans la beauté des mots, hors de notre monde souvent très dur.
      Doux week-end à toi avant la rentrée qui se prépare.
      Bisous.
      Den

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Par Den :
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