de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *Entre ce que je vois et dis,

dimanche 20 septembre 2015

*Entre ce que je vois et dis,

Entre ce que je vois et dis,

entre ce que je dis et tais,

entre ce que je tais et rêve

entre ce que je rêve et oublie,

la Poésie.

Elle glisse

entre le oui et le non :

elle dit

ce que je tais,

elle tait

ce que je dis,

elle rêve

ce que j'oublie.

Elle n'est pas un dire :

elle est un faire.

La poésie

se dit et s'entend :

elle est réelle.

Et à peine je dis

"elle est réelle"

elle se dissipe

Est-elle ainsi plus réelle ?

Otavio Paz

L'arbre parle

*****

8 commentaires:

Célestine ☆21 septembre 2015 à 09:32
La poésie, c'est mettre du soleil devant les nuages.
Et sourire à travers ses larmes.
¸¸.•*¨*• ☆
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Maria-Lina21 septembre 2015 à 12:57
Bonjour Den, que c'est beau. magnifique! Bise et bon lundi dans la joie!
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Anne21 septembre 2015 à 14:18
En fait, je n'ai jamais rien lu en entier de'Otavio Paz, je devrais le faire, car tous les extraits sur lesquels je tombe me touche!! Gros bisous, Den!
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Denise21 septembre 2015 à 20:33
Bonsoir chère Den, ta photo est si douce et j'aime beaucoup le poème d'Otavio Paz.
Je te souhaite une douce soirée accompagnée de la poésie.
Gros bisous
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Par Den :
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard