"Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins..."
écrit Rimbaud
"Chemin : bande de terre sur laquelle on marche à pied ;
la route se distingue du chemin non seulement parce qu'on la parcourt en voiture,
mais en ce qu'elle est une simple ligne reliant un point à un autre.
La route n'a par elle-même aucun sens ; seuls en ont un les deux points qu'elle relie.
Le chemin est un hommage à l'espace.
Chaque tronçon du chemin est en lui-même doté d'un sens et nous invite à la halte.
La route est une triomphale dévalorisation de l'espace, qui aujourd'hui n'est plus rien d'autre qu'une entrave aux mouvements de l'homme, une perte de temps.
Avant même de disparaître du paysage, les chemins ont disparu de l'âme humaine :
l'homme n'a plus le désir de cheminer et d'en tirer une jouissance.
Sa vie non plus, il ne la voit pas comme un chemin, mais comme une route : comme une ligne menant d'un point à un autre, du grade de capitaine au grade de général, du statut d'épouse au statut de veuve.
Le temps de vivre se réduit à un simple obstacle qu'il faut surmonter à une vitesse toujours normale.
Le chemin et la route impliquent aussi deux notions de la beauté...
Quand Paul déclare qu'il y a un beau paysage à tel endroit, cela veut dire : si tu arrêtes là ta voiture, tu verras un beau château du XVIIème siècle flanqué d'un parc ; ou bien : il y a là un lac, et des cygnes nageant sur sa surface miroitante qui se perd dans le lointain.
Dans le monde des routes, un beau paysage signifie : un îlot de beauté, relié par une longue ligne à d'autres îlots de beauté.
Dans le monde des chemins, la beauté est continue et toujours changeante ; à chaque pas, elle nous dit :
"arrête-toi".
Le monde des chemins était le monde du père.
Le monde des routes était le monde du mari.
Et l'histoire d'Agnès s'achève en boucle : du monde des chemins au monde des routes, et maintenant à nouveau au point de départ. Car Agnès s'installe en Suisse. Sa décision est désormais prise, et c'est pourquoi depuis deux semaines elle se sent si continûment, si follement amoureuse".
Kundera
L'immortalité
(5e partie : le hasard)
*****
Superbe!!! Intéressant!!
RépondreSupprimerPourtant j'ai lu il y a longtemps un Kundera qui m'avait déçue!!
Je sais que je dois répondre à ton mail et n'y manquerai pas.Bisous Den!!!
... toujours étonnant M. Kundera... et j'ai bien aimé cet extrait des chemins et des routes.....
Supprimerj'attends ta réponde, mais tu as tout ton temps... j'attends !!
bisous de bonne nuit.
Den
oups ! j'attends ta réponse !!
Supprimerexcuses... mille....
Den
Des photos ravissantes de paysage et un magnifique texte qui donnent envie de flâner sur un chemin et de regarder autour de soi la belle nature. Elle est là pour chacun de nous, alors profitons-en.
RépondreSupprimerBelle fin de journée chère Den.
Bisous
La journée s'étire enfin... longue et difficile aujourd'hui... n'ai pas eu le temps de regarder autant que je l'aurais voulu la nature autour de moi, le chemin, la route, et même le sentier... mais ils seront bien en place, dès demain matin, et peut-être que je trouverais un instant pour prendre du temps pour moi..
SupprimerBonne soirée déjà bien engagée il est vrai , presque de bonne nuit.
Bisous.
Den
Coucou Den
RépondreSupprimerRien qu' en lisant le mot chemin , je suis entrain de lasser mes chaussures ...j' adore marcher ..me laisser absorber par tout ce qui brode le chemin , tout ce qui l' habille ...Me laisser transporter par les lumières que m' offre chaque tournant ...Tu l' as compris je préfère le chemin à la route qui va trop vite ...marcher est une thérapie une saine rencontre avec ce qui est essentiel ...
J' ai aimé ce bout de chemin avec toi ...
Plein de bisous ma Den
Quel beau commentaire tôt ce matin.... Je te vois lassant tes chaussures.... un pied devant l'autre, et hop ! c'est parti... en thérapie , mais en poésie aussi, et aussi, n'est-ce pas ? "l'arrêt, l'immobilité retrouvée, la tension physique de l'effort soudainement relâchée, c' est une sensation merveilleuse. Celle de l'arc débandé. Il vaut la peine de marcher, et de marcher dur, rien que pour le plaisir de pouvoir s'arrêter. Et la joie du départ, n'est-elle pas faite déjà, largement de celle de l'arrivée savourée d'avance jusque dans les cruautés que l'absence implique ?" (Théodore Monod) ... bisous de belle journée. Den
RépondreSupprimerJ'adore cet extrait de texte, la différence entre la route et le chemin, c'est tellement vrai mais tellement bien dit par ce texte. Et, j'aime aussi cette partie :"Sa vie non plus, il ne la voit pas comme un chemin, mais comme une route : comme une ligne menant d'un point à un autre, du grade de capitaine au grade de général, du statut d'épouse au statut de veuve" qui parle de la vie ... Parce que c'est vrai que nos vies deviennent, des fois malgré nous, des routes ! Et, ce texte m'a interpellé , je vais faire plus attention à faire de ma vie un chemin ...
RépondreSupprimerBravo pour ce bien joli blog !
Bises
...Comme un monde de routes que l'on avale bien trop vite.. sans prendre le temps de regarder autour de soi... notre vie égratignée.... pourrait être au détour d'un chemin de beauté, d'un sentier. d'une halte.. !!
Supprimer.....seulement cheminer !!
Je vous souhaite la bienvenue dans les allées de mes mots, ma chère Nath... heureuse de vous connaître..
Merci pour votre commentaire, et à bientôt chez vous....
bIses rendues.
Den
J'étais déjà venue lire ce magnifique texte et le relis aujourd'hui avec autant de plaisir car, sur un même chemin, on peut venir et revenir encore et encore........on s'émerveillera encore et toujours !!!
RépondreSupprimerJe t'envoie quelques étoiles sommeillant sous mes chaussures : sabine.
Il y a tant de choses à découvrir, que ce soit sur les chemins forestiers ou sur les pages choisies... la beauté est toujours au détour de tous leurs sentiers.. merci ma chère Sabine... pour les étoiles offertes en ribambelles sous tes semelles !!
SupprimerBonne soirée à toi.
Den