Je te parle Amour, m'entends-tu ?
Je me raconte. Je nous raconte.
De nouveau, j'ai envie. Je comprends, et je ne comprends pas. Je crains, comment dire...
Instant suspendu.
Là au chaud dans moi, ailleurs.
Ma vie est ailleurs. Imaginée. En attente.
Je suis partie comme je l'avais dit, Amour.
Sans crier garde, sans prévenir. J'ai tout brûlé, j'ai tout lâché. J'ai même écrasé la cendre pour que rien ne subsiste, pas la plus petite trace de moi.
J'ai même brûlé mon identité.
Il le fallait, oui, il le fallait.
J'ai rejoint le centre du monde.
Ma maison s'ouvre au soleil levant.
J'ai rejoint mon intérieur.
J'ai jeté à terre mes vêtements, et je t'ai vu sortir de la chambre prêt à m'affronter, prêt à m'engloutir encore une fois. Ivre du miel de l'immortalité, je suis devenue ta divinité Soma, enflammée, sacrifiée.
Bel hommage !
Ecartelée comme une île volcanique lointaine aux entrailles de feu craquelées de ravins, tu me déchires révélant en moi un véritable incendie.
Ton regard foncé me submerge.
Ferme les yeux, Amour.
Tu ris d'un long rire cristallin.
Je reviens de si loin.
"Tu ressembles à une petite chinoise". Tu le sais ?
Ton bras replié sur moi, j'oublie et j'efface par transparence.
Mon corps contre ton corps, je me détends, sous la lumière noire, pieuvre tantaculesque.
Je tiendrai ma promesse en n'exigeant plus rien.
Suis revenue, d'un bout du monde dans ma tête.
Serre-moi.
Délecte-moi à grands traits.
Deviens brasier, moi petite éclaboussure, retiens un brin d'existence sans terme, dans la paume de ta main, comme les déesses assises sur le globe entouré d'étoiles, tiennent le milieu du ciel, l'astre à l'éclat froid qui perpétue les semences génératrices, le sceptre et la corne d'abondance, dans l'intensité de l'acte.
Ma vie est claire.
Ma vie est sombre, hermétique.
Ma vie jaillit et part s'engouffrer dans l'infinitésimale parcelle.. courte.. éclaboussée.
Coeur bondissant.
Mon coeur est retenu.
De moi à vous.
Je t'ai ouvert mon coeur. Le centre de ma personnalité, et mon corps.
Tu souris avec ce sourire que je connais bien, dont je pourrais de tête dessiner les moindres méandres, les moindres contours.
"Pourquoi es-tu venue ?"
"Pourquoi es-tu revenue ?".
Tu vois chaque chose est à sa place. Rien n'a vraiment changé.
Tout est rangé, comme d'habitude.
La commode a perdu sa poignée, comme d'habitude.
Le cadre avec ton portrait à l'intérieur est de travers.
Regarde-moi, viens.
Parle-moi...
"tu as maigri" !
Den
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Août 1998
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