lundi 31 décembre 2012

*Chanson de l'Olivier....




ça fleure bon la lavande au pays où il est planté,
de l'Estérel jusqu'à Maussane, du Languedoc jusqu'au Lyonçais,
un jour les Grecs nous l'apportèrent, il y a vingt-cinq siècles de ça,
Neptune rompit devant Minerve, l'arbre gagna sur le cheval.


Symbole de Fraternité d'Amour de Paix de Renaissance
il est un Monarque en Provence 
qui porte le nom d'Olivier.


Il lève au ciel leur chanterie de son bouquet de feuille feuille
dans cette lumière irréelle du soleil de par ici ;
certains hivers on pourrait croire le gel aura raison de lui
guerre plus tard des fronts meurtris
des ramoneurs refont l'Histoire.



Symbole d'Immortalité  de Force ou encore d'Espérance,
il est un Monarque en Provence 
qui porte le nom d'Olivier.

Lorsque novembre est terminé quand on fête les Catherines,
hommes et femmes, garçons, gamines 
s'en vont au son d'un flahuté
ramassé chez Maître Cornille n'a pas pour eux vidé moulin
salonenques ou picholines
y donneront l'huile demain.



Symbole de Fraternité d'Amour de Paix de Renaissance
il est un Monarque en Provence 
qui porte le nom d'Olivier.

....


ça fleure bon la lavande au pays où il est planté,
de l'Estérel jusqu'à Maussane, du Languedoc jusqu'au Lyonçais,
un jour les Grecs nous l'apportèrent,  il y a vingt-cinq siècles de ça,
Neptune rompit devant Minerve, l'arbre gagna sur le cheval.




Symbole d'Immortalité de Force ou encore d'Espérance,
il est un Monarque en Provence
qui porte le nom d'Olivier....



***



Traine Patin
Christian Sana


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dimanche 30 décembre 2012

*Le temps emporte sur ses ailes éclairées...



Le temps emporte sur ses ailes éclairées par les saisons renouvelées, la vie, les jours...

Il s'envole malgré nous, comme s'efface parfois la désespérance, les mots sur la page jaunie...

et l'âme se découvre...

et pourtant..

Demain sera encore neuf, comme toujours.
Par-delà les mots, il dira la parole divine, traversera les portes, les seuils, il dansera en silence sur la ramure des arbres, sur les nervures des feuilles ; il découvrira le vert de la forêt, l'écornure trouée, la lézarde escaladée.... transportera les brèches, les poudingues et les tillites, comme le glacier débaroule la vallée silencieuse, aplanit ses contours et son fond et s'insinue dans sa partie la plus chaude, se chargeant ainsi de ses débris éboulés.

Il accumulera, puis abandonnera..

Et au-delà de la page effeuillée par le vent, je marcherai encore, confiante, et pendant cet entre deux, entre chien et loup, de fin décembre...

Je viens vous souhaiter dans cet espace de fin d'année, à l'orée de 2013, mes  voeux les meilleurs,  les plus sincères, parés d'instants joyeux, délicatement partagés, visités, aimables, enrubannés, soyeux, tissés, souriants, enchantés, réconciliés, offerts ou cueillis,... des jours réchauffés par la froidure hivernale, derrière l'écran virtuel de nos sourires ou de nos larmes, ...des heures bienheureuses remplies de beaux ravissements, sans découragement..

A ces prochaines heures offertes à 2013, j'aspire pour vous qu'elles soient les plus douces, les plus pleines et les plus heureuses dans nos mélanges malicieux, hors du temps banalement ordinaire, servies dans un écrin somptueux, d'argent, (j'ose !), splendide.

Et à la croisée de nos mots et de nos chemins, elles soupirent ces dernières heures de décembre, s'éternisent un peu... et donc,

Je vous embrasse, ravie, heureuse de les terminer avec vous...

Naturellement, j'espère, dans l'instant découvert, sans chichi, goûter à ce nouvel an, rempli d'amour, de paix à ras bord, simplement, entouré de vous tous, Chers Amis, tous autres, et mêmes, ici mélangés au virtuel vivant, écran protecteur, m'émerveiller d'un rien, d'un tout, tolérer encore et toujours, révéler l'enfant qui demeure en soi blotti, résolument petit, grand deviendra,... comme ce sera beau de vivre cette année abreuvée d'envies simples,

je chercherai la beauté inondée dans toutes ses couleurs...

simplement où trouver le repos...

Den


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mercredi 26 décembre 2012

Noël 2012







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samedi 22 décembre 2012

jeudi 20 décembre 2012

*Petit bonhomme... !



J'ai habillé de lumière
la lampe du salon

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mardi 18 décembre 2012

*Aller chercher le feu des étoiles...


"Quand on laisse mourir le feu de Noël,
il n'y a plus qu'un seul moyen de le rallumer.
C'est d'aller chercher le feu des étoiles".

(les autres et les miens) 1979
Pierre Jakez Helias
Citations et Références

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lundi 17 décembre 2012

samedi 15 décembre 2012

*Nous ne traversons ce monde qu'une fois...


"Nous ne traversons ce monde qu'une fois.
Peu de tragédies sont plus graves que  de ne pas permettre à la vie
de s'épanouir, peu d'injustices sont plus profondes
que de réduire à néant les occasions de se développer, ou même d''espérer, 
à cause de limites imposées de l'extérieur par d'autres,
mais dont on pense qu'elles viennent de soi".

Stephen Jay Gould
La mal-mesure de l'homme

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(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)
émission du 15 Décembre 2012

"le lien qui nous rattache aux autres (6)"


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mercredi 12 décembre 2012

*Le moi et le Je.....

"Le moi est plus vaste que le narrateur qui dit  Je.

Autour et en dessous de l'île de ce  narrateur conscient de lui-même, s'étend un vaste océan d'inconscient - fait de ce que nous ne savons pas ou que nous avons oublié.

Une vérité étonnante faite de brume et de brouillard et du fantôme non reconnaissable de la mémoire et du rêve - une vérité qui ne peut être tenue dans mes mains  car elle est toujours en train de s'envoler et de s'échapper, et je ne peux pas dire  si c'est quelque chose ou rien.

Je la poursuis avec des mots. Même si elle ne peut être capturée.

Et parfois, de temps en temps, j'imagine que je m'en suis approchée".

Siri Hustvedt
La femme qui tremble

Sur les épaules de Darwin - France Inter - Jean-Claude Ameisen
émission du 8 décembre 2012

"le lien qui nous rattache aux autres (5)"

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*D'ailleurs...



Elle a les yeux ailleurs,
d'ailleurs ils sont d'ailleurs...
Elle est venue du Pays du Soleil Levant,
je crois,
non de Chine,
là où les foules déambulent
comme des torrents roulent,
on y vient,
et on y revient...

L'interrogation d' ailleurs vient,
là où se prolonge l'infinitude  obscure, 
de partout
et d'ailleurs.

Den


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dimanche 9 décembre 2012

*Cette nuit a aimé fainéanter, après des heures bousculées sans sommeil,..


Cette nuit a aimé paresser,
se prélasser,
après d'autres heures  bien bousculées, sans sommeil,
dans d'autres nuits,
 ....et les premières lueurs du jour.

Ils ont coulé trop vite ces jours... bien trop vite.
J'ai sauvé des instants extraordinairement heureux,
préservé d'autres tout autant magiques ;
j'en ai laissés s'enfuir de plus ordinaires..
rattrapé d'autres encore, par le col, alors qu'ils allaient  décamper...

J'ai remercié l'au-delà  si près-cieux,
 et mes espoirs ont ouvert le passage
vers le chemin intemporel offert sans détours...

tant de choses écoutées en ce matin si particulier,
occupent toute la place..

sereinement,  je sens la vie dans ses moindres recoins cachés..

J'ai rêvé  à de belles choses, allègrement pensées et choyées !

J'ai caressé cette naissance tranquillement, honorée par l'amour, 
et les rires heureux des enfants, mes  tous petits !

Cette naissance, j'ai aimé l'attendre avec ma fille...
ce bébé,
de loin parfois,
mais avec.

Il est là, ce  magnifique bébé...

Merci Faby, Stéphane,

.........

Bienvenue à notre petit ange, Gabriel,
après Hugo et Théo ses grands frères

Den

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samedi 8 décembre 2012

*Le voyage du Père Noël...


Ce sera bientôt le début du grand voyage du Père Noël....

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vendredi 7 décembre 2012

*Neige et Naissance


Aujourd'hui la neige a déployé sa longue main blanche
sur le paysage provençal
après la grêle,
en attente j'étais...
et après une nuit sans sommeil.

Et puis, alors que je ne m'y attendais pas....
pas encore.... !
.......





-=-==-=

Hugo et Théo ont la joie de vous annoncer la naissance de leur petit frère Gabriel
qui est né à 14 h 58,
ce  vendredi 7 décembre 2012,
avec presque un petit mois d'avance.
Mais il se porte bien, et notre maman aussi.

Avec notre mamy Den 
nous souhaitons vous associer à notre bonheur,
vous dire ici notre grande joie
qui marquera notre chemin vers la lumière de Noël.

-=-=-=-





samedi 1 décembre 2012

*Rite et liturgie........ de l'Avent......

C'est le temps de l' Avent..

Aujourd'hui a ouvert la première fenêtre de son calendrier.

demain sera son premier dimanche

mardi prochain sera jour de Ste Barbe associé à des rites de fertilité ; ce jour-là verra germer des grains de blé dans un soucoupe garnie de coton mouillé  ; ainsi le blé grandi garnira la table de Noël.

le 6 décembre fêtera la St Nicolas

le 9 suivant verra son deuxième dimanche

le 13 fêtera Ste Lucie, célébrée notamment en Suède avec Ste Lucia

le 16 verra son troisième dimanche

le vendredi 21 décembre fêtera le solstice d'hiver - sol invictus

le dimanche 23 décembre, son quatrième dimanche

le mardi 25 décembre : Noël













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vendredi 30 novembre 2012

*"Je suis devenu aveugle par accident, alors que je n'avais pas tout à fait huit ans."

"Je suis devenu aveugle par accident, alors que je n'avais pas tout à fait huit ans. Complètement aveugle, et définitivement.

Au moins selon les définitions et le dictionnaire de ceux qui ne sont pas aveugles. Car pour moi, il en allait tout autrement.

Je voyais encore.

L'opération ne se produisait plus par l'intermédiaire de mes yeux, cela est vrai. Mais elle se produisait.

Elle avait lieu au dedans de moi, dans un espace intérieur qu'il est difficile de circonscrire, mais, après tout, 
 ni plus ou moins que l'espace extérieur. 

J'insiste.

Toute chose qui venait à ma rencontre  était aussitôt vue, vue et non touchée ou entendue. Elle se dessinait,
prenait forme et couleur sur un écran interne.

Et cela, sans que je fisse rien, pour déclencher le phénomène.

 Au reste, comment aurais-je fait quoi que ce fût, moi qui n'avais encore que huit ans. (...)

J'ai constaté bien souvent que la peur d'un homme, sa colère ou sa tristesse  me sont déjà visibles, alors qu'elles n'ont pas encore paru au niveau de son corps. 

Je ne suis pas plus malin que les autres.

Je n'ai rien à deviner.

Je vois.  Je vois dans les formes du corps, un démembrement....

qui se met en route. Des morceaux entiers de chair, brusquement, reculent, s'affaissent,   ou vibrent de façon dissonante.  

Les couleurs elles-mêmes tournent au rouge, au brun-rouge, elles crient.    

Je me détourne.

La colère a commencé visuellement (pour moi), mais sur le visage, dans les gestes, tels que les yeux physiques, les perçoivent,    la sérénité règne encore.

Tout dépend de l'attention. (...) 

Les vrais yeux travaillent en dedans de nous.

Tant pis sur le vocabulaire fait défaut, s'il est faible.

Voir, c'est un acte fondamental de la vie, un acte indéchirable, indestructible, indépendant des outils physiques dont il se sert.

Voir, c'est un mouvement que la vie fait en nous, avant les objets, avant toute détermination extérieure. Avant les objets, et après eux si, par accident, les  instruments matériels   de la rencontre viennent à manquer.

C'est au dedans de vous que vous voyez.

Si la lumière intérieure ne nous était pas donnée d'abord, et par conséquent les couleurs aussi,  les couleurs qui sont la monnaie de la lumière, jamais nous ne pourrions admirer  les couleurs du monde.

Voilà ce que je sais après vingt-cinq ans de cécité".

Jacques Lusseyran
Le monde commence aujourd'hui.



(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)
émission du 10 Novembre 2012

"le lien qui nous rattache aux autres (2)"


  
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mercredi 28 novembre 2012

*Quand j'ai six ans... et avant.....



Aussi loin que je remonte dans le temps, c'est de la période de la Fromentane dont je me souviens le plus, je l'ai déjà dit.

J'ai six ans, et si nous abandonnons à regret la maison familiale avec Léon, Juliette et les oncles célibataires, Yves, Elisée, Gustave, Aimé, l'apiculteur, pour la rue des Cardeurs, au 37, devenue le Forum des Cardeurs depuis, sur Aix, qui a remplacé en partie ses immeubles par de petits restaurants au milieu de la place, ou organisés sur le bas côté, néanmoins très sympathiques, parallèlement à la rue des Cordeliers qui rejoint la Mairie, nous continuerons à nous y réunir en famille, à la Fromentane, pour les fêtes,  en nombre, les célibataires et les mariés, mes cousins et cousines, pour un oui comme pour un non.

Les G..... y sont les métayers du docteur Edouard G..., et entretiennent l'espace agricole, les vignes, les oliviers, les arbres fruitiers, les légumes qu'ils vendent au marché, du côté des paysans, sur la place des Prêcheurs, près du marchand d'anchois, à sa gauche, et à côté des F.... A l'époque. Ils gèrent aussi les chevaux, le matériel.

La Fromentane, c'est la campagne, encore un coin tranquille d'Aix, dans le prolongement des Milles, par derrière, si on emprunte sa petite route, qui verra grandir aux alentours, quelques années plus tard, pour les vrais aixois comme moi, un ensemble de nouveaux quartiers populaires non éloignés de Corsy, de la ZUP, puis de la ZAC.

Pourquoi les choses essentielles ne peuvent-elles être abordées que par des chemins de traverses, parallèlement à d'autres détours, d'autres chemins, presque à la dérobée ?

Une nouvelle vie est à construire, sauvage, solitaire, fuyante, en marge. Ailleurs. Mais aussi pleine de changements, de rencontres.

Une nouvelle existence.

Papa est entré à la SNCF. Il est conducteur principal de locotracteur.

Maman ne travaille pas, et s'occupe de ses deux filles. Ma soeur Gigi et moi, l'aînée.

Mais là, pour le moment, je vis toujours au chemin Valcros, à la campagne, et je goûte toujours avec autant de plaisir les jeux d'observation. J'aime être dehors, en pleine nature.

La tête penchée sur le petit étang plein de nénuphars et de poissons rouges, je suis à la Ganteaume, accompagnée par deux de mes oncles, non loin de la volière remplie de paons qui se montrent beaux avec leur roue magnifiquement colorée, rivalisant les uns des autres, à celui qui emportera ma préférence.

J'entre dans leur jeu de toute puissance, d'apparence visuelle.

La tête penchée sur l'eau, je respire les dernières gouttes d'une pluie salvatrice, contemplant de loin l'arbre qui se dessine en reflet dans un temps arrêté, dans une image perdue entre le sol et le ciel enfin rejoints.

Presque fin octobre. C'est déjà maintenant.

Des jours revêtus d'or et de rouille s'incrustent dans des après-midis provençales, continuent d'enregistrer des températures estivales, jusqu'à presque 30°.

J'ai surpris en me promenant des changements dans les teintes des feuilles des arbres, s'étalant du mordoré à la terre de Sienne, du brun chaud aux reflets dorés, jusqu'à l'ocre rougeâtre, presque grenat par endroit ;
elles sont en avance cette année les couleurs de la pendule automnale qui s'arrête sur la nouvelle saison, recherchant encore une fois des joies très simples.

Je prends corps dans d'autres courbes lumineuses, mélangeant leurs tons chauds.

De chemins en sentiers, et de GR en escalades, je m'habitue à ces heures qui apportent sérénité et renouveau à regarder le temps qui défile et s'échappe, à écouter le bruit du vent dans les branchages.

Son chant a recomposé ce que son cri a déchiré.
Là sur mon vieux cahier barbouillé de mots raturés, remisé aux oubliettes, pour un temps, j'en oublie la prochaine saison qui va se dérouler plus lentement, avec ses jours plus courts.

Ce sera l'âpreté de l'hiver ; ça sera demain.

Si je suis parvenue enfin au coeur de ma mémoire ravivée, au récit que j'ai donné, au fur et à mesure que j'ai cherché au plus profond de moi, j'ai raconté....

J'ai pu recueillir et ressusciter tous les souvenirs que j'espérais voir accourir vers moi, les voyant défiler à la queue leu leu, les uns derrière les autres, en ordre, ou pas, pas toujours.

D'autres aboutissent jusqu'à moi avec complexité, et j'ai dû les arracher parfois violemment, d'aussi loin que je le pouvais.

Je les recueille enfin, assouplis les souvenirs, et je les conserve au nom de la famille, dans le plus petit de mes replis secrets, là où ils se sont terrés, où ils ont été enfermés.

Plus je raconte, et plus je me souviens.

En évoquant maman, papa, les miens, je les ai rencontrés dans mon imaginaire, et je me suis retrouvée, le les ai retrouvés, en tentant de comprendre qui je suis aujourd'hui, et d'où je viens.

Reconnaissante.

J'ai souhaité offrir ce livre de mémoire à Maman, le livre de sa vie, et à ma famille, pour nos origines.

Un souvenir me vient à l'esprit, clairement distinct... devant la maisonnette un large tronc d'arbre est coupé entouré de fourmilières.

J'observe le va-et-vient de leurs occupants, leur travail collectif est impressionnant, les galeries immenses, je les découvre avec amusement et intérêt...

J'ai trois ans et quatre mois, et ma petite soeur Gigi vient de naître.

Le 1er juin 1949.

Je descends trois marches, bien trop hautes pour moi, soutenue par papa, attentifs à ne pas glisser sur les mallons rouges récemment encaustiqués.

Surtout ne pas trébucher aujourd'hui. Ne pas chuter dans l'escalier.

Mon coeur tremblant est suspendu à cette présentation.

Papa me précède et se dirige vers la petite chambre aménagée pour maman, et pour la naissance du bébé ;
un souffle léger de bonheur se balade dans la maisonnée.

Ils vont me présenter ma petite soeur.

J'aperçois maman dans la pénombre de la chambre, transpirante. Elle me semble fatiguée ; là, plein de choses que je ne connais pas ici habituellement : des cuvettes émaillées, des bassines d'eau, des serviettes, du coton, une tiédeur humide, des tâches rosées sur les draps, des odeurs de pharmacie et de médicaments... on me présente un petit être tout fripé, tout rouge lui aussi.

C'est une petite fille, me dit-on. C'est ta soeur. Elle s'appelle Ginette.

Regarde comme elle est belle !

Du haut de ma petite enfance, je ne comprends pas trop ce que cela signifie, si ce n'est que je n'aurais peut-être plus jamais la préférence de maman, ni de papa. Je ne serais plus jamais la seule enfant de la famille.

Mais pour l'instant, je n'y pense pas. Cela n'a pas vraiment d'importance.

Je suis heureuse de voir un petit être tout neuf, avec un joli nez, de beaux yeux, de petites oreilles, et des doigts qui serrent d'autres doigts, ceux de maman, et qui sourit pour l'instant.

Et moi là dedans, qu'est-ce que je deviens ?
"tiens prends-lui sa main, regarde comme elle te serre..."

"oh ! elle me serre fort les doigts...!"

Je réalise la grande chance qui vient de m'arriver, en un instant devenir la petite mère de ma petite soeur, après maman, évidemment.

"Je pourrais la porter quand elle sera plus grande, je pourrai m'en occuper, dis maman ?"
...ça me plairait bien...

C'est un jour mémorable pour la famille, et pour moi surtout.

Je ne sais pas encore que faire un enfant, c'est lancer un défi à la mort, accepter le temps qui s'écoule.

J'ignore encore la relation fusionnelle qui se créera entre cette maman et son enfant.
Mais pour moi aujourd'hui, c'est une révolution. J'ai changé d'état.

De fille unique, je suis devenue la  grande soeur de ce bébé qui vient de naître à la  vie, et j'ai la tête pleine d'interrogations.

Comment est-ce possible que du ventre arrondi de maman, cette chose-là ait pu sortir d'elle ?

Comment est-ce possible que cette petite enfant dans ses bras, et qui pleure maintenant, soit devenue ma soeur, par quel miracle ?

Toutes ces questions me traversent l'esprit, et aucune réponse pour l'instant.

Personne pour y répondre.

Un instant de solitude m'assaille. J'ai grandi d'un seul coup, forcément.

Un volet a claqué, c'est celui de ma chambre. De là-haut une musique s'échappe jusqu'à moi mélodieusement classique.

Curieuse, j'ai grimpé sur le rebord trop étroit de la commode bleue, assortie à mon lit de la même couleur, lui-aussi, ornés tous deux d'hirondelles en fer finement découpées, que je ne parviens pas à soulever avec mes ongles rongés ou trop courts, et voir ce qu'il y a dans les tiroirs, puisque je n'y suis pas autorisée. Justement l'interdiction m'attire.

Et puis c'est l'heure de la sieste, et je n'aime pas dormir l'après-midi.

Je refuse la sieste. Maman ne l'entend pas de cette oreille et m'oblige à me coucher.

Maman, une fois redescendue de l'étage, je peux, quand je le veux, devenir une grande personne, faire comme il me semble, vaquer à mes occupations, sans rendre de compte à quiconque, surtout pas à maman.

Alors pour passer le temps, puisque je n'ai que trois ans pas encore et demi, je commets des bêtises, pendant ce temps de pause.

Une fois dans la chambre, seule, à ne pas vouloir dormir, j'invente des jeux interdits, dont seule j'établis les règles.

Aujourd'hui un de mes pieds ne parvient pas à trouver sa place sur l'étroit rebord de la commode, tandis que l'autre sur le lit glisse. Et moi, bien cramponnée au tiroir trop fermé, j'emporte la commode, en arrière, sur le sol, dans un fracas retentissant.

Maman affolée, redescendue dans la cuisine pour s'occuper de ma petite soeur, quatre à quatre remonte les escaliers, et me trouve les deux jambes en l'air, et en pleurs, au milieu de la chambre, sonnée par la chute, et plus encore par la peur de la réprimande.

Les deux tiroirs se sont ouverts dans la perte de l'équilibre, laissant apercevoir ce que je voulais connaître, en secret. Ce sont des documents familiaux sans grand intérêt pour une enfant de mon âge.

Mais ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut. Ce jour-là je l'ai découvert à mon détriment...

Hier comme aujourd'hui, je ne veux pas dormir, et pour m'occuper, comme je ne peux rien faire, j'écoute sur la dernière marche des escaliers, juste avant ma chambre, j'écoute les grands, qui en bas, boivent le café.
Ce sont des paroles d'adultes. Je ne comprends pas tout. Mais c'est mieux que de dormir. J'écoute, pleine de curiosités.

Je suis suspendue à la voix de maman, et j'épie ses va-et-vient et me tiens prête à regagner mon lit, si elle a la mauvaise idée de venir vérifier ce que je fais. Et ça arrive....




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mardi 27 novembre 2012

*De là, d'ici, d'ailleurs, de très loin, comment traduire le mot exact......


-=-=-=-


De là, d'ici, d'ailleurs, de très loin, comment traduire le mot exact, le plus justement possible, là où la vie est dans son plein épanouissement, mais encore en demi-teinte d'aussi loin.

Les mots m'appellent comme par magie, par jeu.

Hésitante, je cherche, patiente, concentrée.

Je poursuis ma quête mystérieuse, infinie, pour comprendre, dans cet univers à recomposer, lettre après lettre, image après image, j'essaye de les transcrire pour ne pas trahir la pensée, et j'évolue dans ses chemins pourtant sinueux. Encore possible.

Je bondis telle une chevrette gambade dans l'enclos, et j'abandonne les mots, libres à eux de demeurer à jamais sur la page, ou pas, souhaitant pourtant qu'ils parlent pour moi, le mieux possible, d'un temps achevé, mais conservent encore le goût de la vie à transmettre.

Je lis la vie ordonnée dans ces cartes postales presque centenaires, dans ces documents retrouvés, vestiges infinis qui racontent l'histoire de notre famille.

Leur vie est colorée comme un fruit mûr, et je tourne les pages de la mémoire bouleversée par ce temps...

Je n'écorne pas la pensée.
Je dis ce que je lis. Je dis ce que je sens.
Je dis ce que je croie.





***


lundi 26 novembre 2012

*C'est la fin de la guerre....


Cette dernière missive est très importante pour moi.

Juliette a envoyé ce courrier,  fin décembre 1918 probablement,  
ou au  début du mois de janvier 1919, 
puisqu'elle souhaite à Léon une bonne année.....

Missive pleine d'émotion par sa réalisation : 
à l'intérieur d'une enveloppe confectionnée avec un très joli tissu transparent 
brodé de deux somptueuses pensées, 
Juliette a glissé avec amour une carte rectangulaire 
de 7,5 cm sur 4,5 cm "Bonne Année" au nom des enfants et en son nom.

"Reçois notre cher papa, tous nos meilleurs voeux de bonheur, prospérité et bonne santé, 
et que bientôt nous aurons le bonheur de te faire de bonnes  bises de bien près, 
et pour toujours nous serons ensemble ;

nous serons les plus heureux du monde avec nos chers enfants 
qui languissent de faire des doux bisous à leur papa chéri".

***


C'est la fin de la guerre. L'armistice a été signée le 11 novembre 1918,
........ et Léon ne sera libéré qu'à partir du 31 janvier 1919.

Den


*De Juliette.. (non datée)

Juliette écrit :

Mon bien cher Léon chéri,

"Je veux t'écrire deux mots afin de te souhaiter une bonne et heureuse année, ainsi que nos chers enfants,
nous languissons beaucoup que le fameux Janvier s'écoule au plus vite ; enfin nous voilà à la fin.
Quel bonheur que nous allons goûter ; chose que nous attendons depuis si longtemps.
Nous allons nous remettre au travail, et travailler autant que nous le pourrons afin d'en retirer un bon résultat.

Adieu et au revoir mon cher Léon, bonne et heureuse année et bonne santé, et vite le 31 janvier 1919".

Juliette




*Le 22 décembre 1916 - Juliette écrit "joyeux noël"


Le Tholonet, le 22 décembre 1916, Juliette écrit : Joyeux Noël..

Mon Cher Léon bien aimé,

Hier je suis allée à Aix pour toucher mon allocation ; 
j'ai porté les olives chez B... à  Aix, près de la Mairie : il y en a 55 kg ... ; 
je change, on me donne 11 litres d'huile.

Mon très cher Léon bien aimé, je te dirai que je n'ai encore rien dit à Mme A.. ;
je crois que je ne lui donnerai rien car le papier est fait pour le blé et l'avoine... je ne lui dois plus rien.

Qu'en penses-tu ? dis-moi comment il faut faire ?
J'attends une réponse à ce sujet ;
je suis partie à 9 heures et demi, et à midi vingt j'étais de retour ;
j'ai eu beaucoup de peine, et après j'ai eu  du regret..
aujourd'hui les bras me font bien mal ;
heureusement que dans la rue Thiers j'ai rencontré Félicie : elle m'a aidée jusqu'au moulin,
car il aurait fallu les laisser en panne.. Je n'en pouvais plus ;
Félicie m'a dit que j'étais folle, que je pourrais prendre mal ;
aussi je ne lui donne rien, je garde l'huile pour nous.

A ta mère je lui en ai donné un panier, pour X je lui donnerai un demi-litre d'huile.
Hier je t'ai envoyé une lettre, (avant-hier soir je l'ai commencée), puis à Aix je n'ai pas pu la finir car les gens de dessous allaient à Aix l'après-midi,... on m'a soigné mes petits, et j'ai vite été de retour ;
demain je vais chercher l'huile ;
j'ai reçu tes trois charmantes lettres des 14,16 et 17, avec plaisir...
(Mme G... m'a prêté un charreton...)

De la petite Nini qui t'adore. 
Emilienne, Marcel, Justin et Juliette G.

Cet après-midi je te ferai une longue lettre.
Reçois de tes quatre chers petits anges, mille bonnes caresses de tous.
Je pense recevoir aujourd'hui ta lettre du 18.
Plus douces caresses.

***




dimanche 25 novembre 2012

*Du camp, le 27 janvier 1917 - 7 h du soir....


du 27 janvier 1917 - 7 h du soir
de Léon du camp.

"L'amour brûle tout ainsi qu'un éclair, seul un doux baiser apaise la chair"

Bien chère petite Juliette chérie, bien chers petits enfants bien aimés.

"Deux mots pour vous donner de mes nouvelles, bonnes pour le moment, et croire que la présente vous trouvera tous en parfaite santé.

Aujourd'hui, je n'ai pas reçu de lettres ; il n'y en avait presque pas pour la Compagnie; X.. languit d'en recevoir de sa femme. Je crois que depuis qu'il est arrivé, il n'a reçu qu'une lettre d'elle et une de son petit.
Le temps est toujours très froid, il gèle tous les jours... on se dirait de marcher sur du ciment. Ce n'est pas la température du Midi...

Embrasse bien nos chers petits anges pour moi, en attendant d'aller vous embrasser de bien près.

Doux baisers sur tes lèvres roses.
Bien des compliments aux parents.
Léon ta moitié qui vous adore du fond du coeur".




*Léon écrit à Juliette le 29 décembre 1916 à 17 h 15...


le 29 décembre 1916 - 17 h 15 au soir,
de Léon

bonne année !

Bien chère petite Nini chérie, et bien chers petits enfants chéris,

"Aujourd'hui je n'ai pas reçu de lettre depuis ta carte du 22, plus rien de toi.

Comme tu me disais que tu avais beaucoup mal aux bras d'avoir porté les olives,
 j'ai peur que tu sois fatiguée ;
sur ta carte tu me disais que l'après-midi tu me ferais une longue lettre, et ça fait trois jours que j'ai reçu ta carte, et la lettre, je ne l'ai pas reçue..
Peut-être qu'elle est restée en panne, ou elle aura fait fausse route ;
 ce qui me fait perdre courage,
c'est que Théodorine me dit sur la lettre du 24 que tu vas arriver avec les enfants et que vous allez souper.

Un million de tendres baisers à tous.
de ta moitié.

Léon

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*Une agréable surprise....



du 29 décembre 1916 au matin,
de Léon.

Une agréable surprise..

"Je pense en recevoir une demain, sinon je me ferai du mauvais sang pour vous autres..

Ce soir nous avons mangé le colis d'Aurélien tous les trois avec A.... -
nous avons fait un bon souper.

Il y avait du poulet et un pot d'olives d'Eguilles, des dattes, du nougat
et une pompe à huile ;
après nous avons été boire un café avec une goutte de cognac
et fumer un paquet de cigarettes qu'il avait reçu ;
ça nous a fait passer un peu le cafard d'être un peu tranquilles tous les trois,
nous parlons un peu de chez nous.

Nous sommes toujours ici, il semble que nous devions embarquer  le lendemain
de notre arrivée, et il y a huit jours après demain  que nous sommes arrivés,
et il y a juste un mois aujourd'hui que j'arrivais de permission,...
 et dans deux mois je pourrai être encore de retour"....

Doux baisers". 
de Léon


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de Léon à Emilienne, Marcel, Justin le 27 décembre 1916

Le 27 décembre 1916 de Léon

Bien chère petite Emilienne, bien cher petit Marcel,
et le plus petit, bien cher Justin,

Vos trois lettres que j'ai reçues il y a quelques jours m'ont beaucoup fait plasir,
et votre jolie carte de bonnes fêtes de Noël que vous m'avez envoyée avec votre petite maman, vous êtes  bien sages....

Je vous souhaite à tous les quatre, bonne et heureuse année, bonheur, santé et prospérité, et je vous envoie une jolie petite soeur sous le parapluie...


Votre papa qui vous adore.

Léon G...


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* de Léon à Juliette : le 19 août 1916 du camp

du 19 août 1916 du camp  
de Léon, sur une carte "fidélite".

Ma bien chère petite Nini chérie, chers petits enfants bien aimés,

"J'ai reçu aujourd'hui avec grand plaisir ton aimable lettre du 16, ce qui m'a fait grand plaisir, où tu me dis que tu as été voir Aurélien, dimanche, avec le petit Justin, et que lundi vous y avez été avec Emilienne et Marcel.

Tu me dis que le petit cadeau que je t'ai envoyé te plaît beaucoup, tu me diras si
la petite bague te va bien, si elle n'est pas trop petite ; pour ce que je t'ai dit... que B.... te porterait.... il ne peut pas le porter car il n'ira pas à Aix, ... que les derniers jours de sa permission....., et il a peur de le perdre. A.... me l'avait dit, qu'il n'était pas serviable, j'ai compris que c'est vrai..
il cherche des histoires... je te l'enverrai une autre fois, quand j'en aurai l'occasion.

Mille tendres baisers à tous les quatre du fond du coeur".

Léon G...



(j'ai reçu aujourd'hui une carte du petit Emile. Bonnes caresses à tous)
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samedi 24 novembre 2012

* Le 29 juillet 1915 de Léon à Juliette (de Récicourt)


Le 29 juillet 1915,
de Léon,
de Récicourt 

Ma très chère petite moitié chérie, et mes chers petits enfants bien aimés,

"Ce matin nous avons été à une prise d'armée pour la décoration de plusieurs officiers à Dombasle.
J'ai reçu aujourd'hui une carte de Germaine, et une lettre de Théodorine, les deux du 25 juillet.

Ma chère, elles disent que le beau-frère de M. le Curé est en permission.. ça nous mène encore plus loin que la Noël, avant que tous y passent, mais enfin, il faut avoir espoir d'y aller après la guerre.

Je t'embrasse du fond du coeur, ainsi que mes chers petits enfants chéris.

Ton mari qui t'aime".

Léon G...

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vendredi 23 novembre 2012

*Le 16 Juillet 1915 de Léon à Juliette...



Le 16 Juillet 1915, de Léon (rendez-vous chasse - Argonne)

"A Madame Léon G.. au Tholonet, Campagne Raoulx, par Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Une pensée du 3ème de ligne.

Reçois de ta chère petite moitié un million de fortes caresses.

Ton mari qui t'aime pour la  vie".

Léon.




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