Le Tholonet, le 22 décembre 1916, Juliette écrit : Joyeux Noël..
Mon Cher Léon bien aimé,
Hier je suis allée à Aix pour toucher mon allocation ;
j'ai porté les olives chez B... à Aix, près de la Mairie : il y en a 55 kg ... ;
je change, on me donne 11 litres d'huile.
Mon très cher Léon bien aimé, je te dirai que je n'ai encore rien dit à Mme A.. ;
je crois que je ne lui donnerai rien car le papier est fait pour le blé et l'avoine... je ne lui dois plus rien.
Qu'en penses-tu ? dis-moi comment il faut faire ?
J'attends une réponse à ce sujet ;
je suis partie à 9 heures et demi, et à midi vingt j'étais de retour ;
j'ai eu beaucoup de peine, et après j'ai eu du regret..
aujourd'hui les bras me font bien mal ;
heureusement que dans la rue Thiers j'ai rencontré Félicie : elle m'a aidée jusqu'au moulin,
car il aurait fallu les laisser en panne.. Je n'en pouvais plus ;
Félicie m'a dit que j'étais folle, que je pourrais prendre mal ;
aussi je ne lui donne rien, je garde l'huile pour nous.
A ta mère je lui en ai donné un panier, pour X je lui donnerai un demi-litre d'huile.
Hier je t'ai envoyé une lettre, (avant-hier soir je l'ai commencée), puis à Aix je n'ai pas pu la finir car les gens de dessous allaient à Aix l'après-midi,... on m'a soigné mes petits, et j'ai vite été de retour ;
demain je vais chercher l'huile ;
j'ai reçu tes trois charmantes lettres des 14,16 et 17, avec plaisir...
(Mme G... m'a prêté un charreton...)
De la petite Nini qui t'adore.
Emilienne, Marcel, Justin et Juliette G.
Cet après-midi je te ferai une longue lettre.
Reçois de tes quatre chers petits anges, mille bonnes caresses de tous.
Je pense recevoir aujourd'hui ta lettre du 18.
Plus douces caresses.
***
C'est merveilleux de relire ça, de découvrir, car c'est très émouvant pour nous, j'imagine pour toi et c'est précieux de le faire revivre ...
RépondreSupprimerVéronica,
SupprimerJ'ai trouvé intéressant de pouvoir partager ces instants de vie passée, pendant cette guerre... j'ai été souvent très émue de découvrir ces cartes postales si précieuses, ce qu'elles disaient de Léon, de Juliette, des enfants, dont Justin mon père ;.... papa n'avait pas trois mois au début de la guerre de 1914 ; on peut imaginer l'effroi des familles pour leurs petits ... et faire revivre ce lien entre eux que l'on ignorait, bien souvent .. !
Bon week-end... !