lundi 31 juillet 2017

*Quand la mémoire.....

*Sur le chemin forestier....


Il se souvient Albin de ces années tièdes.. ou chaudes ;
tièdes et chaudes..

Sa mémoire fugitivement roule à nouveau sur le chemin forestier près des fougères.

Il longe, précédé par ses soeurs, deux bancs de pierre, et débouche sur l'esplanade de l'Alibert
qu'il contemple à nouveau comme si c'était la première fois, comme l'étranger découvrant ces sites fabuleux !

Face à eux, l'école, l'église, l'épicerie faisant fonction de bar, surgissent de façon abrupte du fond des souvenirs..

***

Des jours à se remémorer sa vie, là-haut. Des heures.
...Les vaches à rentrer quotidiennement à l'étable dont les clarines tintent encore du côté des cimes.
...L'élevage permettant d'avoir un peu d'argent par la  vente, au printemps, dans les foires de la région,
le bois à couper, à entreposer sous le vaste hangar... 
les allées et venues entre la forêt et la ferme, l'école quand on peut, la classe... la pêche.

Comme jadis, la cheminée fume du côté de Patane, et son propriétaire âgé aujourd'hui de plus de 84 printemps, relie l'autrefois au maintenant.

Albin s'est dirigé vers la forêt de Malèze, elle-même identique au bois de Montaud et de Malard.

Au fur et à mesure qu'il s'achemine dans son ventre, les troncs géants aux reflets irisés l'impressionnent davantage. Quelle grandeur  du haut de ses sept ans.

Petit homme, il a hésité un instant avant d'abandonner la lumière si particulière d'Ardet, pour pénétrer une autre obscurité silencieuse, presque froide. Frissons.

Tandis qu'il avance lentement sous des grands troncs de mélèzes, et de sapins, il escalade un monticule de roches recouvertes de mousse. 

Immobile, il écoute, aux aguets, laissant couler sur son front de minuscules gouttelettes de transpiration.
Battement de son sang sur sa tempe.

Il écoute le coeur de la forêt, bois à mature jadis.

Plus bas une cascade forestière laisse échapper des eaux trop longtemps retenues en elle.

Puis  s'échappant subitement de ces géants à l'aspect trop sombre, il se précipite vers une des sorties qu'il connaît le mieux, qui libérera son angoisse sous-jacente, emportant dans ses bras le bois pour cuire le repas du soir.

On ne sait jamais qui va se cacher là...

Puis pour avertir le clan des Delpech de sa redescente vers le logis, en arrondissant ses lèvres, Albin imite le cri d'un animal blessé, espérant quelque réponse.
L'écho de son essai renvoie par les rochers et se perd dans l'immense voûte verte qui se referme sur ses secrets, sur elle-même conservant en son sein son mystère et le cri étouffé.

Pressant le pas, il se laisse glisser entre des roches fendillées.

Tapi, tel un animal, une fois encore il réitère son essai. Nulle réponse.

C'est l'heure de la sieste et les parents ne l'entendent pas.

Solitude d'une enfance enfermée dans un sous-bois ombragé à rêver d'autres jeux interdits.

Den

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dimanche 30 juillet 2017

*A Dardet..

*Les bâtisses annexes ont disparu....


A Dardet, de l'habitation principale elle-même, il ne reste que l'essentiel.

Les bâtisses annexes ont disparu.

Les rues vides de toute humanité paraissent plus longues, quoi qu'envahies par de hautes herbes.


Elles conservent encore leur alignement que marquent les traces de murs, de vie.

Cette destruction partielle et ces vides donnent au hameau un aspect pitoyablement triste, comme la mort.

Une allure de chose abandonnée, et c'est bien là le visage morne et mutilé des villages laissés pour compte.
Auxquels on a renoncé.

A Dardet ou à l'Alibert, ou à Patane, la vie s'est arrêtée un jour..

Le 13 mai 1986.
C'est indiqué d'une croix sur l'Almanach des Postes, accroché au mur par une punaise.
A Dardet. Albin l'a dit.

Ceux qui sont partis n'ont guère songé au désastre qu'ils occasionneraient.
Ils se sont mis en marche vers des sites ignorés ou attractifs, vers des villes prometteuses, vers les basses terres, plus riches, ou vers l'inconnu et ce qu'il contient en lui d'espoirs et de désirs renouvelés.
Mirages.
Les terres arables glissent le long des pentes sans cesse poussées par le soc creusant les sillons.


Il faut la remonter cette terre grasse à la bonne saison de bas en haut. Elle est rare et elle est mince, et nul ne doit en laisser perdre la plus petite parcelle. Miroirs.
Mais les autres, à l'esprit d'indépendance, ceux qui ne renoncent jamais, ceux qui poursuivent leur vie si difficile soit-elle, dans ce cadre amoindri, dévasté par la solitude, pensent malgré eux au passé, aux traditions plus vieilles que leurs souvenirs à l'histoire, comme Albin, en bas dans la ville de l'Espine.
L'histoire...



Den


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samedi 29 juillet 2017

*Albin.

*Au coeur du pays cathare..

Des mots mystérieux tournent autour de la tête d'Albin...
Cathares. Catharisme. Le Graal. Hérésie.

Autant de mots impénétrables survolent l'éperon rocheux qui émerge fièrement des contreforts des Pyrénées..
Montségur...



Des mots vides de sens, indéchiffrables pour Albin, dont il voudrait connaître la signification, l'origine.

Des gens au village, ou dans les villes environnantes en parlent parfois, à demi-mots, à Montségur souvent,
à ce qu'il paraît. Des initiés, on dit.


Il n'a pas beaucoup lu Albin. 
Alors comment savoir ?
A qui poser des questions ?

Le silence paraît aussi récalcitrant que celui qui pèse aujourd'hui, sur l'Espine, plus d'un demi-siècle après,
et traverse  là-haut  le ciel de Montségur et sa forteresse légendaire devenue sanctuaire..
le château du Graal et son secret devenu mythique ..
au sommet du "Pog"..

Aussi étonné que l'étranger qui arpente les chemins initiatiques au coeur du pays ariégeois..en quête de... d'eux-mêmes ?
Albin a repris la route.

Il se retourne brusquement, et observe la forêt;
En bas, il s'arrête. 
Son regard d'avant en arrière revient de là-bas, jusqu'à maintenant, sur son ancien domaine.

Une immense tristesse, une lassitude inexpliquée,   gonflent  son coeur et remontent jusqu'à ses  lèvres.

Il murmure intérieurement.. Dardet..



Le soleil émerge tout à coup de l'horizon, illuminant son banc de pierre, aujourd'hui, comme jadis ;
sur la cime de la montagne le bâtiment et la palissade se découpent avec netteté.
Sa montagne barbouillée d'immensité, par l'invisible pinceau du peintre apparaît soudainement, 
tel un grand oiseau lumineux volant au-dessus de son pays.


Puis, sans s'énorgueillir, ou très peu, dans sa force tout à coup retrouvée, Albin songe tout haut :
"c'est vrai, elle demeure ma montagne..mon Dardet... mon refuge...".

Après un court silence, il continue son monologue plein d'espoir ;
et d'un pas rude de montagnard, il reprend sa canne, symbole de vie...
de mémoire..


Den



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mardi 25 juillet 2017

*Sur l'aile pulpeuse.....







Cézanne et son art de la touche  à petits points tissés,    petites couleurs serrées les unes contre les autres m'a permis de me souvenir d'un article que j'ai écrit  l'an dernier, pendant l'été, et que je vous propose de lire à nouveau, en cliquant sur le lien ci-dessous : "sur l'aile pulpeuse".

Sur l aile pulpeuse

 Goûtez à cette gourmandise....  autant que  mon plaisir a été de l'écrire en mots colorés, en notes en-chantées,  comme le Maître aurait pu la peindre cette aile, tout d'abord gourmande,  peut-être brutale puis de plus en plus frugale"....


Je vous souhaite une  lecture dans le calme d'au jour d'hui, retrouvé, comme vous l'aimerez, qui découvrira, je le sais,  d'autres beautés.




Den



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dimanche 23 juillet 2017

*Le Petit Prince - Pilote de guerre................




"Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, 
mais peu d'entre elles  s'en souviennent" 

Antoine de Saint-Exupéry
Le Petit Prince

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"L'enfance ce grand territoire d'où chacun est sorti !
D'où suis-je ?
Je suis de mon enfance.
Je suis de mon enfance comme d'un pays".

Antoine de Saint-Exupéry
Pilote de guerre


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Une bonne semaine à chacune, chacun d'entre vous.

Je vous embrasse.

Den


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samedi 22 juillet 2017

Guy Boley - Fils du feu

*Fils du feu"





Forgeron, Enclume, Marteau


1

Souvent il arrivait que papa et Jacky martèlent de concert. Pas un mot, pas un cri, juste des souffles mêlés comme font les amants. De lourds coups sur l’acier, de petits sur l’enclume, en rythme cadencé, sorte de concerto pour enclume et marteaux où la basse continue n’était autre que celle de leurs respirations. Et puis ces escarbilles, toujours ces escarbilles, petites étoiles filantes que chacun d’eux apprivoisait pour qu’elles n’aillent pas, comme des baisers voraces, mordre le corps de l’autre. Et assis sur un banc ou sur un tas de ferraille, un enfant de cinq ans regarde leurs poitrails, écoute leurs silences dans cet orage d’acier et ne croit plus à rien, ni à Dieu, ni à Diable, ni à tous ces héros que déjà il pressent puisqu’il sent bien, ce gosse, qu’il arrive à la vie de parfois défaillir, ou simplement faillir, et qu’il faut certains soirs, pour supporter son poids, accepter les légendes et les mythes qu’ont inventés les hommes afin de s’endormir un petit peu plus grand et à peine moins mortel. Heureusement pour lui, foin d’Ulysse, de Titans, de dragons flamboyants et de dieux en jupette plus ou moins ridicules, il les a sous les yeux ces lares de pleine chair qui dressent des éclairs et créent des épopées avec chaque barre de fer.
  



L’odeur de la limaille, du fer chauffé à rouge, du fer chauffé à blanc, l’odeur des corps en sueur qui parfois s’effaçaient derrière la fumée blanche, l’odeur des grains d’acier en gerbes braisillantes, l’odeur même des marteaux, masses, pinces, massettes, et l’odeur de l’enclume qui les recueillait tous.
  
Papa et Jacky, ferronniers d’art ; ils maîtrisaient le feu mais ignoraient Vulcain, Prométhée et Wotan, Zeus ou Héphaïstos. Les dieux du Walhalla, d’Olympe ou de l’Iliade leur étaient inconnus. Même saint Éloi, patron des forgerons, ne les concernait pas. Ils étaient incultes, c’est-à-dire intelligents mais sans les livres capables de leur nommer, soit cette intelligence, soit cette inculture. Ils s’en moquaient, de tout cela, des trois divinités, des quatre horizons, des douze travaux d’Hercule ou des Mille et Une Nuits.

À quoi bon s’inventer des dieux de pacotille quand on en a sous la main et que l’on parvient, à coups brefs et précis, à leur donner la forme que l’on veut. Pas besoin de légende, ils se créaient la leur, façonnant dans l’acier les mots pour la chanter.


Et l’enfant de cinq ans lorsqu’il lui adviendra, plus tard, beaucoup plus tard, d’apercevoir Tarzan sautant de liane en liane en se frappant le torse à grands coups de battoir pour ne rien forger d’autre qu’un long cri ridicule, rira comme un beau diable s’il est vrai qu’il s’avère
dans l’Hadès ou ailleurs, qu’un diable puisse être beau.



2

Jacky était arrivé un jour, à la forge, sur une drôle de moto dont personne jamais n’en avait vu de semblable et dont certains prétendaient qu’il l’avait lui-même entièrement fabriquée, pièce par pièce, hormis les pneus et les deux chambres à air. Peut-être était-ce vrai, il en était capable ; peut-être n’était-ce pas vrai ; peu importe dans quelle urne repose la vérité, les dieux ont leurs mystères, les hommes ont leurs légendes, ce qui est d’importance est l’étincelle en nous qu’ils ont su allumer, cette parcelle d’irréel à laquelle on a cru ; le reste n’est que poussière qui s’en va vers la mort et que nous balayons d’un revers de la main.

Jacky était un mystère. Un mystère de chair, de sang, de muscles et de silence. Pas un de ces mystères évangéliques façon Résurrection, Annonciation ou sainte Trinité, que l’on crée pour asservir les masses et qu’élucident en quelques phrases dogmatiques pour une foule un peu rustre de quelconques hiérophantes aussi rusés que fourbes. Non, Jacky était un vrai mystère. Un taiseux taciturne au visage sans lumière. Un humain sans parole. Un grand sac de secrets. Ma première statue grecque. Mon premier grand amour.
  



Il était donc arrivé à moto par un matin d’hiver, il y avait trois années de cela. Tête et mains nues, vêtu d’un pantalon de coutil et d’un épais blouson de vieux cuir hongroyé ; il avait arrêté sa drôle de pétrolette à hauteur du petit atelier où rougeoyait la forge, s’était saisi du carton pendu après la porte sur lequel il était grossièrement écrit que l’on cherchait à embaucher un forgeron de métier, était entré dans l’atelier en grommelant un vague bonjour, avait lancé le carton dans le feu de la forge, avait rapidement jeté un œil sur le gabarit que papa, le matin même, avait dessiné au sol à l’aide d’une craie blanche, était allé dans la sacoche de sa motocyclette extraire une massette, s’était mis torse nu, avait juste noué le tablier de cuir, s’était saisi des pinces qui maintenaient l’acier dans le coke flamboyant, et sans une seule parole sur l’enclume posément s’était mis à frapper.

Trois ans s’étaient passés sans qu’il ne s’échangeât davantage de phrases, de phonèmes ou de cris, de rires ou de murmures entre papa et lui. La forge et son soufflet étaient leur seul langage. Jacky venait au matin sur sa moto sans nom, ni casqué ni botté, souvent dépoitraillé, sa gorge ne semblant craindre ni les insectes d’été, ni les morsures du froid, ni la grêle d’avril, ni les frimas d’automne. Dans une gamelle en fer qu’il extrayait toujours de son unique sacoche, il apportait son repas qu’il mangeait en hiver assis près de la forge, ou bien, l’été, dehors, près de ces barrières, balustres ou balustrades que l’on venait de forger et qui attendaient, couchées sur des tréteaux, qu’on les recouvre d’une peinture orangée les protégeant de la rouille et que l’on nomme minium.

Maman, au tout début, venait assez souvent en lui disant, bien sûr, les mots que disent les braves gens en de telles circonstances : Ne mangez pas tout seul, venez vous joindre à nous. Mais Jacky rougissait, gêné sans doute de soudain trop exister, de prendre tant d’importance. Il disait non merci, plongeait dans sa gamelle en baissant les paupières. Elle le laissa en paix.

Jacky était un solitaire. On ne savait rien, sur sa vie, sinon qu’il vivait seul avec sa mère, là-bas, dans un quartier aux frontières de la ville où l’on allait rarement. On ignorait aussi d’où il tenait ce savoir-faire qui avait fait de lui un forgeron bien meilleur que papa et bien meilleur que le maître qui enseigna papa. Car Jacky savait tout et ne se trompait jamais lorsqu’il fallait mater un fer récalcitrant, ou bien apprivoiser un matériau trop fougueux lors de ces corroyages où un acier liquide se marie à un autre en fusion.

Jacky, semblable à ma grand-mère étêtant des grenouilles, aurait pu travailler les yeux fermés ; il possédait en lui, tout comme elle, quelque chose d’inné, de bestial ; comme un cri des cavernes lorsqu’un premier orage illumina la grotte ; un cri qui se serait transmis de silex en silex, de tison en tison, de feu en feu, de foyer en foyer, de forge en forge, et qui aurait fini par échouer, ici, entre ses mains de forgeron, comme il l’était sans doute écrit de toute éternité tant il semblait évident que Jacky avait dû naître d’un ventre de fer en fusion entre deux cuisses de lave au temps des grandes fissures cambriennes tandis que les volcans projetaient dans les nues quelques myriades d’enclumes phosphorescentes.

Fils du Feu
Guy Boley
Bernard Grasset
(Lauréat 2017 du Prix Françoise Sagan)

***



Quatrième de couverture > Nés sous les feux de la forge où s’attelle leur père, ils étaient Fils du feu, donc fils de roi, destinés à briller. Mais l’un des deux frères décède précocement et laisse derrière lui des parents endeuillés et un frère orphelin. Face à la peine, chacun s’invente sa parade : si le père s’efface dans les vagues de l’ivresse, la mère choisit de faire comme si rien ne s’était passé. Et comment interdire à sa mère de dresser le couvert d’un fantôme rêvé ou de border chaque nuit un lit depuis longtemps vidé ? Pourquoi ne pas plutôt entrer dans cette danse où la gaieté renait ? Une fois devenu adulte et peintre confirmé, le narrateur, fils du feu survivant, retrouvera la paix dans les tableaux qu’il crée et raconte à présent. Ainsi nous dévoile-t-il son enfance passée dans une France qu’on croirait de légende, où les hommes forgent encore, les grands-mères dépiautent les grenouilles comme les singes les bananes, et les mères en deuil, pour effacer la mort, prétendent que leurs fils perdus continuent d’exister.
Dans une langue splendide, Guy Boley signe ainsi un premier roman stupéfiant de talent et de justesse.

Guy Boley est né en 1952, il a été maçon, ouvrier d’usine, chanteur des rues, cracheur de feu, acrobate, saltimbanque, directeur de cirque, funambule à grande hauteur, machiniste, scénariste, chauffeur de bus, garde du corps, et cascadeur avant de devenir dramaturge pour des compagnies de danses et de théâtre. Il compte à son actif une centaine de spectacles joués en Europe, au Japon, en Afrique ou aux États-Unis. Fils du feu est son premier roman.


Fils du Feu
Guy Boley
Bernard Grasset



Forgeron, Musée, Forge, Incendie, Chaud



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*Je veux, moi, me perdre en la nature......




"Je veux, moi, me perdre en la nature, 
repousser avec elle, comme elle, 
avoir des tons têtus des rocs,  l'obstination rationnelle du mont,
la fluidité de l'air, la chaleur du soleil.
Dans un vert, mon cerveau tout entier coulera avec le flot séveux de l'arbre.



Il y a devant nous un grand être de lumière et d'amour, l'univers vacillant, l'hésitation des choses.


Je serai leur olympe, je serai leur dieu.
L'idéal au ciel s'épousera en moi.
Les couleurs, écoutez un peu, sont la chair éclatante des idées de Dieu.
La transparence du mystère, l'irisation des lois".


Paul Cézanne
Propos rapportés par Joachim Gasquet 
dans Cézanne, Paris, Bernheim jeune, 1921.

Repris dans les créateurs et le  sacré,
par Camille Bourniquel et 
Jean-Guichard Meili,
Cerf, 1956.














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vendredi 21 juillet 2017

*J'ai déposé pour vous....


Je vous offre à nouveau ce billet  émis  le 21 Juillet 2013

Avec mes amitiés.

Den















J'ai déposé pour vous un panier  rempli à ras bord 
d'une  ribambelles de fleurs colorées sOleil, joyeusement parfumées
au thym, au romarin, aux graines d'âme,
- car je ne vous oublie pas -
mi ombre, mi soleil,
un soupçon,
 pour être bien,
seulement, 
doucement,
 pour ne pas effrayer le vol du bourdon... 
...

je reviendrai un peu plus tard
lire vos écritures excellentes à manger et à boire..
installée confortablement à la fraîcheur délicieuse des étoiles..
dans le silence de la nuit riche en émotion,

quand tout repose...

Den

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mercredi 19 juillet 2017

san francisco - angelique kidjo - ces petits riens







....Pour tous  ces petits bouts que l'on met bout à bout...

Douce journée à vous.

Je vous embrasse.

Den



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mardi 18 juillet 2017

*L'odeur de mon pays était dans une pomme.....



Apple, Banque, Fermer, Santé, Vitamines


L'odeur de mon pays
poème de Lucie Delarue-Mardrus


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L'odeur de mon pays était dans une pomme.
Je l'ai mordue avec les yeux fermés du somme


Pour me croire debout dans un herbage vert.
L'herbe haute sentait le soleil et la mer,


Pavot, Rouge, Fleur, Unique, Vertical


L'ombre des peupliers y allongeait ses raies,




Et j'entendais le bruit des oiseaux, pleins les haies,
Se mêler au retour des vagues de midi.
Je venais de hocher le  pommier arrondi,


Verger, Apple, Les Pommes, Fruits, Vert


Et je m'inquiétais d'avoir laissé ouverte,
Derrière moi, la porte au toit de chaume mou....




Chaume, Maison Au Toit De Chaume, Maison


Combien de fois, ainsi, l'automne rousse et verte, 
Me vit-elle au milieu du soleil et, debout,
Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
De tes prés, copieuse  et forte Normandie !...
Ah ! je ne guérirai jamais de mon pays.
N'est-il pas la douceur des feuillages cueillis
Dans leur fraîcheur, la paix  et toute l'innocence ?
Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?

Lucie Delarue-Mardrus
(1880-1945)


Danse, Petite Fille, Twirling



Fleur De Pommier, Pommier, Fleur, Blanc



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lundi 17 juillet 2017

*En ce village se tient ....

En ce village se tient....

..... la toute dernière maison.....

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En ce village se tient la toute dernière maison
plus seule que la dernière maison du monde.


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La  route qui ne peut contenir le village 


s’éloigne lentement plus loin dans la nuit.
Le petit village n’est plus qu’un passage





entre deux lointains posé, innocent et angoissé,
une route entre les maisonnettes plutôt qu’une passerelle.

Et ceux qui abandonnent le village, s’en vont loin,
et beaucoup sans doute mourront en chemin.


Rainer Maria Rilke, 19.9.1901, Westerwede











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Bonne semaine à chacun, chacune d'entre vous.....

en vacances,
au travail,
ou chez vous simplement.

Je vous embrasse sincère-aimant.

Den  ♬

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dimanche 16 juillet 2017

*J'ai dépassé le petit pont en bois.....





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J'ai dépassé le petit pont en bois, qui continue de crisser et résonner de mille pas, et me suis frayée le chemin éclaté par un si beau soleil à la peau de feu,   qu'on ne sait pas s'il se lève ou s'il se couche et enfile le soir  qui monte hissé sur sa pointe,  et descend,   serpente à travers les feuillages qui mangent l'espace.


Provence-Alpes-Côte D'Azur


 A droite j'ai tourné, flâné jusqu'au phare qui pointe son petit nez au loin,  en empruntant jusqu'au bout le brin  de sentier d'écorces et de brindilles, la  colline secrète aux mamelons  creusés à même la terre,  qui grimpe ,et parfume l'horizon dans son entier.

Ciste, Fleur, Pourpre, Rose


L'ancienne carrière s'est endormie pour toujours et  offre encore au regard bordé de beautés ses cistes, ses chênes kermès et ses branches en colliers de romarins.
Rosemary, Fleurs, Bleu, Violet




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Et puis c'est la toute belle colline que l'on devine, celle que l'on  aime et  se découvre dans les bras de ce mât-teint radieux, qui renvoie ses ondes,  et on y entre par son coeur, sa robe  parée, son oeil grand ouvert.

 On baisse la tête précautionneusement pour ne pas trop s'ébouriffer les cheveux pour se diriger vers  un autre sentier balisé qui s'incline entre des pins. De l'autre côté on croit voir le chemin de crête sans artifice entrer dans la mer et le village ancien, mais non il les contourne.

On continue un peu jusqu'au croisement entrevu, et la fourche que   l'on descend doucement,  marche pour ne pas glisser et tomber sur les pierres  caverneuses, et  s'enrubanne  en ondulant dans   ce vallon caillouteux, si joliment boisé.

Les quelques randonneurs à l'arrière de nos pas, ou ceux que l'on croise, se nourrissent du décor, du reflet du ciel qu'ils contemplent, avalant à petites goulées son lait de vie,  sourient et nous saluent le long du sentier du littoral bien aménagé pour rejoindre enfin la petite crique accueillante, désertée, au lointain  pour l'instant,  et son sable si fin qu'il s'insinue entre les doigts de pieds... et ce sera la baignade bien méritée pas loin du petit port qui s'aligne et dérive en rêvant le long de la plage, au fil  silencieux de l'eau toute frétillante..

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Sur ce chemin aux trésors dispersés, méconnu,  aux lèvres et jupons de fille , ce voyage,  où rien n'est vraiment tracé, prévu, mais où tout est possible, j'ai tendu mon âme vers le si-aile, protégée par l'épaule douce de la brise de mer, tant guettée,  et me suis retrouvée, paisiblement envahie par  les senteurs marines et leur grain de sel..gravés en mots en-chantés.


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Den

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samedi 15 juillet 2017

*L'Homme de Sainte-Victoire (2) ; Première partie : L'enfant des bastides : I -Petit-fils d'une directrice d'école !



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Mon père Maxime, fils d'Aixois lui aussi, est né en haut de la rue Mignet en 1902 avec l'avènement du printemps et moi Jean, dans l'école communale voisine de la rue Chastel où ma grand-mère maternelle Jeanne Chaliman était directrice. A cette époque, cette rue qui avait accueilli mon futur géniteur, conduisait à la Porte Bellegarde désormais disparue, victime des démolitions imposées par l'urbanisme. En ce début du vingtième siècle, l'emplacement de cette porte marquait encore la limite ente la ville et la campagne comme elle l'avait fait depuis le Moyen Age. La campagne aixoise n'était pas envahie de lotissements et les champs commençaient à quelques centaines de mètres à peine du centre ville.

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La rue Mignet n'a guère changé aujourd'hui, près d'un siècle plus tard. Elle fait partie de ces rues étroites et rectilignes que toutes les vieilles villes connaissent. Ses façades sont trouées en leur rez-de-chaussée de boutiques aux devantures peintes de couleurs pastel. Elle s'achève au pied des marches d'un large escalier de pierre d'une quinzaine de degrés qui conduit à une fontaine.

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La grande différence entre le présent et le passé, outre la démolition de la porte monumentale, est la disparition des ânes, des mulets et des chevaux qui venaient boire à cet abreuvoir citadin qui n'est plus fréquenté de nos jours que par les ramiers qui nichent dans les clochers voisins de la Cathédrale Saint-Sauveur ou de l'église de la Madeleine.


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Quant à la rue Chastel, c'est une de ces rues dont on se demande où elle peut bien conduire tant elle hésite sur la direction à prendre. C'est une rue peu fréquentée, presque inutile : La rue Chastel de mon enfance, au contraire de la rue Mignet, ne connaissait pratiquement aucun trafic hippo ou automobile ! les charretiers comme les conducteurs de voitures ne s'aventuraient pas dans cette voie qui se terminait par une ruelle tournant à angle droit : la rue Lice Saint-Louis  où ils risquaient de rester bloqués.

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L'école qui porte le même patronyme que la rue est caractéristique de ces temples laïques du Savoir. Sa façade est aussi austère et vieillotte que celle d'une prison désaffectée, sa cour aussi grande qu'un jardin de curé et ses balcons aussi étroits qu'une corniche destinée à accueillir trois ou quatre pigeons faméliques.

Ma grand-mère Jeanne régnait en maître absolu sur son école. Etre "Madame la Directrice" à cette époque, vous conférait une autorité d'autant plus respectée que les hommes ne pouvaient prétendre vous la disputer. Il faut savoir en effet qu'en ces temps de séparation des sexes, une femme pouvait enseigner ou diriger aussi bien une école de garçons qu'une école de filles, alors que les hommes ne pouvaient sévir, eux, que dans les classes de garçons.

Je dois dire que la profession de ma grand-mère m'a permis, à moi, le petit Jean, de jouir d'une considération rare auprès de mes condisciples : j'étais le seul à pouvoir passer dans le monde interdit de la gent féminime. Je pouvais franchir La Porte ! Celle qui menait à la cour de récréation des filles. Craint d'un côté de par la réputation de ma grand-mère qui rejaillissait sur moi, adulé de l'autre pour les pouvoirs et les savoirs dont on me créditait auprès de ces demoiselles, je dois avouer que j'avais une situation privilégiée en ces temps où il n'était pas question de mixité.

En fait, ce n'était aussi simple et aussi agréable que ce que l'on peut croire. J'avais beaucoup de mal à échapper aux dictées supplémentaires, aux exercices de grammaire et aux devoirs de mathématiques. Moi qui préférais aller jouer sur la chaussée du boulevard Saint-Louis, à deux pas de l'école de la rue Chastel, je souffrais de ces travaux de plume ennuyeux.

Ah ! le boulevard Saint-Louis ! Dans les années trente, lorsque s'achevait l'après-midi, c'était un paradis pour les gamins du quartier. Nous transformions sa chaussée en stade de football, ses platanes en cachettes pour nos parties de  gendarmes et de voleurs. Nous ne nous écartions que pour laisser le passage aux rares, très rares véhicules qui nous annonçaient bruyamment leur arrivée à grands coups de leur avertisseur sonore selon la définition du code la route. Nous, nous parlions de klaxon, comme tout le monde. Cette avenue est de nos jours saturée par une circulation ininterrompue. Ses trottoirs ont été abandonnés aux parcmètres et les gamins ont disparu, rejetés par la périphérie de la cité. Mais certains soirs, lorsque je rentre très tard chez moi et que la ville est endormie, j'entrevois les ombres des enfants du temps passé de ma prime jeunesse courir et rire et, pour un instant, je revis avec eux les joies de la liberté enfantine, cette liberté qui semble délicieusement éternelle, indomptable et aussi vaste que peut l'être l'univers.

Ma grand-mère Jeanne Chaliman a été le personnnage marquant de mon enfance. Elle était un peu le chef de clan, au caractère affirmé. Cette femme de corpulence tout à fait classique, je l'avais affublée d'un surnom affectueux : "Gro". Je ne l'ai jamais appelée  autrement que par ce patronyme formé de ces trois lettres. L'explication en est simple : ma mère et ma grand-mère avaient le même prénom ; "Jeanne". J'avais toujours entendu mon père s'adresser à sa femme par ces deux mots tendres : "ma petite"?. Par opposition, ma grand-mère était pour moi : "La grande" ce qui dans mon langage enfantin fut transcrit par "Gro".

Et le temps qui passa n'y changea rien, Jeanne Chaliman était devenue "Gro" pour notre famille, du plus vieux membre au dernier né, une bonne fois pour toute, au point que nous en vînmes à oublier le pourquoi de cette bizarre appellation affectueuse.  

L'Homme de Sainte-Victoire

Bernard Malgouyres
Jean Magnan

Les vents contraires 

(1997)

Caméra, Vieux, Antique, Photographie


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