de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: novembre 2022

dimanche 6 novembre 2022

*Quand le ciel

photo Faby

Quand le ciel comme une mer à boire

Inonde plus loin encor' dans un soupir la vallée

Ses nuages bariolés au-dessus du pays sage.

Il ranime des deux mains

Les rêves autant secrets qu'échevelés

En prolongeant le regard

Plus haut plus loin

Que tout l'inimaginable.

A l'entrée de chaque nue-âge

Mes mots polissent l'écrin

D'un doux bleu-rosé

Libérant les lignes entravées.

Le jour éteint

S'étend au-delà de la page

Brodant ses rives qui méditent sur demain.

Ses graffitis s'accoudent aux bras tendres du ciel

Chevauchant le mont confondu avec l'infini

Ses ors ses gris bleutés glissant vers le soleil ample.

Je pose mes yeux noyés toujours stupéfaits

Par la beauté le souffle réchauffé

Et le ciel se souvient sur le sentier la mer

Qui chante l'opalescence.

Le là-haut se fait guipure tortillée de soie

Se fait dentelle

Etrange mélopée sur ces trésors éparpillés

Sur l'image mêlant tous les voyages

Sur l'écorce, la peau couleur ambrée

Caressant le doux front du silence envoûté

Sur le fil enchanté par sa lente-heure.

Les marcheurs dès l'aube blémissante

Vers la clarté du jour où pendent des soies brillantes et rosées

Filent vers l'extra-ordinaire or-aure née sur l'échine d'un nuage

Vers le commence-aimant satin clair

Enrubanné des couleurs de l'avant-jour.

Den

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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard