mercredi 30 mars 2016

*Amedeo Modigliani -"l'oeil intérieur"...........



Amedeo Modigliani, Femme assise à la robe bleue, 1918-1919. Moderna Museet, Stockholm. Donation d’Oscar Stern, 1951. Photo : Moderna Museet, Stockholm.

Amedeo Modigliani
femme assise à la robe bleue
1918-1919
huile sur toile
92cmx60cm
Moderna Museet
Stockholm
Donation d'Oscar Stern, 1951


Une exceptionnelle rétrospective se tient à  la métropole lilloise, 
plus particulièrement à Villeneuve d'Ascq,
et ce jusqu'au 5 Juin 2016,
au LaM  (Musée d'Art Moderne).

"l'oeil intérieur"

avec 120 oeuvres rassemblées là, venues du monde entier....
dont une vingtaine appartenant au Musée.

 Ce peintre italien
 figuratif, beau coloriste,  et sculpteur...

Amedeo Modigliani

qui a su si bien peindre les portraits,
dont il disait que le regard...
 les yeux sont
 "les fenêtres de l'âme"

"avec un oeil tu regardes vers l'extérieur,
et avec l'autre tu regardes vers l'intérieur"

les silhouettes longilignes reconnaissables entre mille,
aux  formes étirées
les visages sans regard, sans pupille,
les yeux en amande
l'oeil vide,
presque un masque,
la bouche petite,
le nez fin et long,
le cou allongé, un petit plus qu'en vrai...

les visages penchés,
nostalgiques,
cependant,
remplis d'empathie.

"Si un jour j'ai de la chance,
je peindrais vos yeux"

.....

sans oublier ses nus,
couchés ou debouts,
 évocateurs,
souvent suggestifs,
....d'une volupté certaine teintée cependant d'une petite mélancolie...
aux lignes de contour du corps joliment soulignées, légèrement appuyées,
ce qui renforce le caractère du dessin...
aucun élément autre ne détourne le regard..
pourtant il demeure
une certaine dignité....
sur ces beautés effeuillées.....

Exposition extraordinaire
à  ne pas manquer....
Si vous pouvez.............

Den
*****



dimanche 27 mars 2016

*De mon arbre à Oeufs.......


De mon arbre à Oeufs
je vous souhaite d'heureuses fêtes de Pâques,
Âmie, Âmi.

Je vous embrasse.

Den

*****


mardi 22 mars 2016

*Le temps passe vite et tant....





Le temps passe vite et tant
Puisque le 13 février s'est faufilé  si rapidement
Que je l'ai oublié.
Je vous transmets en cet autre jour de brin-d'an
Une poignée de pétales de mon Or-riant,
Vite  et tend
Le plein sOleil  qui sourit au jour d'hui
Déposé sur la page 
En coeur alvéolé
Ici ou là
Ici et mains tenants
Les allées de mes mots chevillées au corps
Partagés
Dans nos mâts-teints et nos soirs en chants-heures
Vos comment-taire depuis ce jour né
Remplissent mon étoile
Âmi
Âmie
Aimant et cueillant la voie la plus Haute
Et sème essaime
Au jardin d'Eden pas toujours silence-cieux
Mêlant loin haut et beau
L'auvent du vent
Qui
Scintille et brille
Au creux du chemin traversé
Par l'instant fragile
Qui jardine
La blanche aubépine
A la verdeur de l'Etre...

13 février 2012
13 février 2016

4 ans déjà !

Que la fête continue revêtue des beautés,
 Des douceurs,
Comme vous savez si bien les offrir
Les cueillir

Merci merci de me permettre en choeur de vous découvrir
Dans votre hier, votre aujourd'hui
Encor'

De métisser nos regards  nos mots  nos âmes
Avec  le lierre qui vit et s'attache à  nos coeurs emperlés
A  tous nos petits Anges..

Qui nous lient tendr'aimant

Mère-si...
Mère-si...

Den

*****


lundi 21 mars 2016

*J'ai retrouvé ce soir....







J'ai retrouvé ce soir,
alors que je les croyais enfuis,
de vieux démons oubliés.
Ecrits.
Ils s'avancent alambiqués,
embarrassés et confus,
subtils à l'excès,
amphigouriques aussi,
curieux, incompréhensibles.
Enchevêtrés dans l'inextricable,
ils poursuivent leur course effrénée à chercher
dans un ailleurs loin paginé,
j'ai contourné leur course griffonnée
diffusée sur la page,
emmêlée à d'autres jeux savants...
Ils terminent leur chasse complexe,
éclairée,  impraticable aussi.
Je décide in petto  d'interrompre ce délire verbeux,
affecté, hors du brouillon obscur.
En tapinois leur itinéraire se brûle
au soleil sans étoiles,
et j'emprunte secrètement le bas-côté du mot,
éreintée de vouloir,
ce que je ne peux pas.
Je découvre enfin la liberté du verbe
à dévaler le mont bien trop haut,
bien trop loin,
émotive à l'excès,
je retiens ma pudeur un peu trop
à dégringoler la plaine,
l'infini, le vouloir,
se retrouvent sur le bord de demain.
Et j'avance traçant mon chemin gravillon
et conserve à jamais tapi au fond de moi
l'avenir hésitant qui se perd sur la route
dessinée sans tes pas ;
je vacille doucement sous la lampe tempête
achetée par tes soins.
La lumière poudre le soir, et ses derniers soleils,
et dore l'espace auréolé pastel.
La page transforme la nuit
et brûle ses ailes.
Le mot m'amène là,
explosé à chercher l'infinie beauté.
Demain sera, peut-être,
et si, glissera silencieux  et joyeux
vers un espoir vaporeux.

Soleil.


Den



dimanche 20 mars 2016

*C'est le printemps !



le 20 mars 2016 !
C'est le printemps !

*****

"Les fleurs du printemps 
sont les rêves de l'hiver
racontés le matin
à la table des anges".

Khalil Gibran

****

Un doux dimanche
Fleuri
Comme vous aimerez


Den

*****



samedi 19 mars 2016

Nina Simone- Mr Bojangles Lyrics

*D'elle, mon père disait qu'elle tutoyait les étoiles....




"Après l'histoire des garages, mon père n'avait plus  besoin de se lever pour nous faire manger, alors il se mit à écrire. Tout le temps, beaucoup. Il restait assis à son grand bureau devant son papier, il écrivait, riait en écrivant, écrivait ce qui le faisait rire, remplissait sa pipe, le cendrier, la pièce de fumée, et d'encre son papier. Les seules choses qui se vidaient, c'était les tasses de café et les bouteilles de liquides mélangés. Mais la réponse des éditeurs était toujours la même : "C'est bien écrit, drôle, mais ça n'a ni queue ni tête". Pour le consoler de ces refus,  ma mère disait  : 
- A- t-on déjà vu un livre avec une queue et une tête, ça   se    saurait   !
ça nous faisait beaucoup rire. 

D'elle, mon père disait qu'elle tutoyait les étoiles, ce qui me semblait étrange car elle vouvoyait tout le monde, y compris moi. Ma mère vouvoyait également la demoiselle de Numidie, cet oiseau élégant et étonnant qui vivait dans notre appartement, et promenait en ondulant son long cou noir, ses houppettes blanches et ses yeux rouge violent, depuis que mes parents l'avaient ramenée d'un voyage je ne sais où, de leur vie d'avant.   
Nous l'appelions "Mademoiselle Superfétatoire" car elle ne servait à rien, sauf à crier très fort sans raison, faire des pyramides rondes sur le parquet, ou à venir me réveiller la nuit en tapant à la porte de ma chambre de son bec orange et vert olive. Mademoiselle était comme les histoires de mon père, elle dormait debout, avec la tête cachée sous son aile. Enfant, j'ai souvent essayé de l'imiter, mais c'était rudement compliqué. Mademoiselle adorait quand Maman lisait allongée sur le canapé et qu'elle lui caressait la tête pendant des heures. Mademoiselle adorait la lecture comme tous les oiseaux savants. Un jour, ma mère avait souhaité emmener Mademoiselle Superfétatoire en ville faire des courses ; pour cela elle lui avait confectionné une belle laisse en perle, mais Mademoiselle avait eu peur des gens et les gens avaient eu peur de Mademoiselle qui criait comme jamais. Une vieille dame à teckel lui avait même dit que c'était inhumain et dangereux de promener un oiseau en laisse sur le trottoir.
- Des poils, des plumes, quelle différence ! Mademoiselle n'a jamais mordu qui que ce soit, et je la trouve bien plus élégante que votre pâté de poil ! Venez Mademoiselle rentrons chez nous, ces individus sont vraiment trop communs et grossiers !
Elle était rentrée à l'appartement fortement remontée et, lorsqu'elle était dans cet état-là, elle allait voir mon père pour tout lui raconter dans le détail. Et comme à chaque fois, ce n'était qu'après avoir terminé qu'elle redevenait guillerette. Elle s'énervait souvent, mais jamais longtemps, la voix de mon père était pour elle un bon calmant. Le reste du temps, elle s'extasiait sur tout, trouvait follement divertissant l'avancement du monde et l'accompagnait sautillant gaiement. Elle ne me traitait ni en adulte, ni en enfant, mais plutôt comme un personnage  de roman.    Un roman qu'elle aimait beaucoup et tendrement et dans lequel elle se plongeait à tout instant. Elle ne voulait entendre parler ni de tracas, ni de tristesse. 
- Quand la réalité est banale et triste, inventez-moi une belle histoire, vous mentez si bien, ce serez dommage de nous en priver.
Alors je lui racontais ma journée imaginaire et elle tapait frénétiquement dans ses mains en gloussant : 
- Quelle journée mon enfant adoré, quelle journée, je suis bien contente pour vous, vous avez  dû bien vous amuser !
Puis, elle me couvrait de baisers. Elle me picorait disait-elle, j'aimais beaucoup me faire picorer par elle. Chaque matin,  après avoir reçu son prénom quotidien elle me confiait un de ses gants en velours fraîchement parfumé pour que toute la journée sa main puisse me guider.

"Certains traits de son visage portaient les nuances de son comportement enfantin, de belles joues pleines et des yeux verts pétillant  d'étourderie. Les barrettes nacrées et bigarrées qu'elle mettait, sans cohérence particulière, pour dompter sa chevelure léonine, lui conféraient une insolence mutine d'une étudiante attardée. Mais ses lèvres charnues, rouge carmin, retenant miraculeusement suspendues de fines cigarettes blanches, et ses longs cils, jaugeant la vie, démontraient à l'observateur qu'elle avait grandi. Ses tenues légèrement extravagantes et extrêmement élégantes, du moins quelque chose dans leur assemblage, prouvaient aux regards scrutateurs qu'elle avait vécu, qu'elle avait son âge

Ainsi écrivait mon père dans son carnet secret que j'ai lu plus tard, après. Si ça n'avait pas de queue ça avait quand même une tête, et pas n'importe laquelle".

Olivier Bourdeaut
"En attendant Bonjangles"
(Finitude).

Prix France Télévisions  2016  (roman)

*****

Je  vous souhaite un agréable week-end les Âmi(e)s.
Merci pour votre fidélité.

Den

*****


mercredi 16 mars 2016

*Trois pages par jour.................




"Dès que le flux de la pensée et que le flux de l'histoire viennent bien,  je serre les lignes, j'écris de plus en plus petit et je suis presque avare de papier. Lorsque je suis embarrassé ou quand les choses viennent moins bien, alors l'écriture s'arrondit, devient un peu plus large.

(...) Trois pages par jour, mais trois pages d'une écriture serrée. Ce sont des pages qui font à peu près cinq à six pages de romans. Après ça, je m'arrête. Que l'inspiration  vienne, ou qu'elle soit tarie, je m'arrête généralement pile. 

J'essaie de faire un travail de bon ouvrier. J'écris mes trois pages et si, à ce moment-là je sens que le flux continue, je vais tout simplement dîner, fumer ma pipe, écouter de la musique et me reposer, garder la chose pour le lendemain. Par expérience personnelle, je sais que ça n'est pas perdu.  Je retrouve le lendemain cette même inspiration, à l'endroit même où je l'ai quittée et enrichie par le repos et par la nuit.

Dès que c'est écrit, mon plaisir étant fini et terminé, et ne pouvant se continuer que dans une nouvelle écriture, le reste, voir un livre édité,  ou m'intéresser à son sort ne ferait que ralentir mon bonheur ou le retarder.
C'est pourquoi je ne m'en sers pas. 

Jean Giono
Archives de la création
extrait de l'atelier de l'artisan 

"Quand les choses vont bien elles attachent à la table et à la plume.
Il semble que s'éloigner de la feuille de papier, ne serait-ce que de trois pas est un crime 
contre la conscience et contre une sorte de jouissance physique assez forte et continue.
Je ne résiste pas dans ces cas-là  (toujours ma sensualité mais bien comprise) 
à rester attaché à ce qui me donne du plaisir"

Jean Giono
24 novembre 1955


*****


mardi 15 mars 2016

*Le Voyageur immobile.....



"Voici l'épicerie-mercerie de Melle Alloison. Ah ! Melle Alloison  ! un long piquet avec une charnière au milieu (...)  Elle savait par coeur ce que je venais chercher ; elle rentrait dans sa cuisine et elle me laissait seul dans l'épicerie.

Lampe À Pétrole, Vieux

Il n'y avait qu'une lampe à pétrole pendue dans un cadran de cuivre. On semblait être dans la poitrine d'un oiseau : Le plafond montait en voûte aiguë dans l'ombre. La poitrine d'un oiseau ?

Tweeter, Oiseau, La Faune, Sauvage

Non, la cale d'un navire.

Cale De Bateau, Bateau, Le Pont, Voile

des sacs de riz,

Sacs De Riz, Riz, Sacs, De Stockage

des paquets de sucre, le pot de la moutarde, des marmites à trois pieds, la jarre aux olives,

Nostalgie, Baril, Barils, Bière, Houblon



 les fromages blancs sur des éclisses, le tonneau aux harengs. Des morues sèches pendues à une solive jetaient de grandes ombres sur les vitrines à cartonnages où dormait la paisible mercerie, et, en me haussant sur la pointe des pieds, je regardais la belle étiquette du "fil au chinois". Alors je m'avançais doucement, doucement ; le plancher en latte souple ondulait sous mon pied.

Plancher De Bois, Plancher

La mer, déjà, portait le navire. Je relevais le couvercle de la boîte de poivre. L'odeur, Ah ! cette plage aux palmiers avec le Chinois et ses moustaches. J'éternuais. "Ne t'enrhume pas, Janot. - Non, Mademoiselle". Je tirais le tiroir au café.

Tiroir, Café, Brown, Vintage, Poudre, Odeur

 L'odeur. Sous le plancher l'eau molle ondulait. On la sentait profonde, émue de vents magnifiques. On n'entend plus les cris du port.

Toit, Carie, Ruine, Bois De Sciage



Dehors, le vent tirait sur les pavés un long câble   de feuilles sèches. J'allais à la cachette de  la cassonade.

Sucre, Cassonade, Ingrédient

Je choisissais une petite bille de sucre roux. Pendant que ça fondait sur ma langue, je m'accroupissais dans la logette entre le sac des pois chiches et la corbeille des oignons ;

Oignons, Légumes, Alimentation

l'ombre m'engloutissait :

J'ETAIS PARTI". 


Jean Giono
"Le Voyageur immobile"
dans Rondeur des jours, l'Eau vive ! 
Editions Gallimard, 1943

***** 


  

dimanche 13 mars 2016

*A force de m'écrire...........




"Je est un autre." Arthur R.

A force de m'écrire
Je me découvre un peu
Je recherche l'Autre

J'aperçois au loin
La femme que j'ai été
Je discerne ses gestes
Je glisse sur ses défauts
Je pénètre à l'intérieur
D'une conscience évanouie
J'explore son regard
Comme ses nuits

Je dépiste et dénude un ciel
Sans réponse et sans voix
Je parcours d'autres domaines
J'invente mon langage
Et m'évade en Poésie

Retombée sur ma Terre
J'y répète à voix basse
Inventions et souvenirs

A force de m'écrire
Je me découvre un peu
Et je découvre l'Autre

Andrée Chedid




samedi 12 mars 2016

*Quel sens ?




Quel sens ?

Le sens s'accole au sens
Lorsque l'enfant
Parmi larmes et cris
S'abandonne au berceau
Des silences habités

Le sens rejoint le sens
Lorsque l'adolescent
Chante d'un élan sans faille
L'avenir en spirales
Le fouet de l'instant

Le sens s'ajoute au sens
Lorsque l'adulte

Qui mûrit à l'ombre de sa chair
Naviguant parmi rayons et cendres
Soulève l'incurable énigme

Le sens s'allie au sens

Lorsque aux derniers pas de l'âge

La bouche dévoile encore 

La fertile parole

Venue de l'âtre du coeur

Le sens épouse le sens
Lorsque l'un s'étant tu
Dessous la terre si close
D'autres affrontent les ombres 
Et renomment la lueur.

Andrée Chedid


vendredi 11 mars 2016

*Lire en soi-même.......


"Etre zen, par essence, c'est l'art de savoir lire en soi-même"

Suzuki Shunryu Roshi

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samedi 5 mars 2016

"Je ne sais pas encore"..................



"Je ne sais pas encore 

Voyager dans l'étrangeté 
d'un paysage, d'une rue, d'un continent
ou celle d'un visage dessiné par l'amour

...

Je ne sais pas encore

où j'en suis avec les minutes qui basculent en moi
ni où tu en es
avec ces événements souvent banals
qui font l'histoire
et ne la font pas

...

Je ne sais pas encore

m'appuyer sur le temps
qui décide de ce qui nous reste
au bout d'une allée
pour en éclairer une autre

...

Aurons-nous le temps d'aller très loin
de traverser les carrefours, les mers, les nuages
d'habiter ce monde qui va parmi nos pas
d'un infini secret à l'autre, pourrons-nous écouter
le remuement des corps à travers le sable ;
aurons-nous le temps
de tout dire et d'arrêter d'être effrayés
par nos tendresses,  nos chutes communes ;

pourrons-nous tout écrire 
d'un passage du vent sur nos visages 
ces murmures de l'univers, ces éclats d'immensité ;
aurons-nous le temps de trouver 
un mètre carré de terre et d'y vivre
ce qui nous échappe 

je ne sais pas encore".

(extrait du long poème  "Je ne sais pas encore"
tiré du recueil, un visage appuyé contre le monde, dans Mondes fragiles, choses frêles)

Hélène Dorion


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