mercredi 16 mars 2016

*Trois pages par jour.................




"Dès que le flux de la pensée et que le flux de l'histoire viennent bien,  je serre les lignes, j'écris de plus en plus petit et je suis presque avare de papier. Lorsque je suis embarrassé ou quand les choses viennent moins bien, alors l'écriture s'arrondit, devient un peu plus large.

(...) Trois pages par jour, mais trois pages d'une écriture serrée. Ce sont des pages qui font à peu près cinq à six pages de romans. Après ça, je m'arrête. Que l'inspiration  vienne, ou qu'elle soit tarie, je m'arrête généralement pile. 

J'essaie de faire un travail de bon ouvrier. J'écris mes trois pages et si, à ce moment-là je sens que le flux continue, je vais tout simplement dîner, fumer ma pipe, écouter de la musique et me reposer, garder la chose pour le lendemain. Par expérience personnelle, je sais que ça n'est pas perdu.  Je retrouve le lendemain cette même inspiration, à l'endroit même où je l'ai quittée et enrichie par le repos et par la nuit.

Dès que c'est écrit, mon plaisir étant fini et terminé, et ne pouvant se continuer que dans une nouvelle écriture, le reste, voir un livre édité,  ou m'intéresser à son sort ne ferait que ralentir mon bonheur ou le retarder.
C'est pourquoi je ne m'en sers pas. 

Jean Giono
Archives de la création
extrait de l'atelier de l'artisan 

"Quand les choses vont bien elles attachent à la table et à la plume.
Il semble que s'éloigner de la feuille de papier, ne serait-ce que de trois pas est un crime 
contre la conscience et contre une sorte de jouissance physique assez forte et continue.
Je ne résiste pas dans ces cas-là  (toujours ma sensualité mais bien comprise) 
à rester attaché à ce qui me donne du plaisir"

Jean Giono
24 novembre 1955


*****


8 commentaires:

  1. C'est curieux ce texte; dans un livre qui m'a marquée et remis en selle au niveau de la créativité (Julia Cameron, The artist's way) on recommande à chacun d'écrire 3 pages par jour...............Justement , 3, mais pas forcément de façon littéraire!

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    1. ....Etonnant effectivement Anne... je vais faire une recherche... Julia Cameron, et son "the artist's way" me paraît intéressant au niveau créativité...
      bonne soirée ...
      je t'embrasse.
      Den

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  2. Giono le Grand avait inventé les marathons d'écriture...
    C'est en écrivant qu'on devient écrivain, pour lui, ce fut une réalité...
    Et ils avaient du mérite, à l'époque ou Word n'existait pas. mais de la chance aussi : une panne d'encrier et hop, il restait la mine de plomb...Jamais un seul bug !
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. ...Trois pages d'inspiration, trois pages inspirées, jour après jour, font-elle pour autant de Giono l'écrivain, un marathonien ? ne sais... mais en panne de plume restait alors, et par chance, la mine de crayon HB ou 2B affûtée... aucun bogue à l'horizon...!... et c'est tant mieux pour nous, car ses écrits demeurent.

      ...Mais pour revenir au nombre, ici 3, pourquoi 3 pages ? 3 pages !! ... ce nombre représente une idée abstraite... il est la langue des idées, des pensées, s'opposant à celle des sentiments qui ne s'expriment que par des mots..
      Symbole précieux... il est universel...
      Lao Tseu parle de 3 principes :
      "celui que l'esprit aperçoit mais que l'oeil ne peut voir se nomme l'unité absolue",
      "celui que le coeur entend mais que l'oreille ne peut ouïr est l'existence universelle"
      "celui que l'âme sent mais que la main ne peut toucher s'appelle l'existence individuelle"
      Le nombre 3, le Ciel, comme le 2 est la Terre, le 1 est le Créateur...
      le nombre 2, la Terre,... le dualisme lutte avec son contraire, ses oppositions... le Bien et le Mal, le Yin et le Yang, puis rencontre le nombre 3
      qui le neutralise, l'harmonise vers le plus haut...
      le Créateur, 1, ne fait pas partie des nombres, il est hors nombre car il est l'Unité créatrice.
      3 exprime la durée... le commencement, le milieu et la fin...
      Pour Balzac dans son roman initiatique Louis Lambert "3 est la formule des mondes créés ; il est le signe spirituel de la création, comme il est le signe matériel de la circonférence"....
      ... le trois pas du côté coeur...
      ...trois comme les choses originellement contemporaines, ayant existé dans la permanence, unies et indivisibles, qui ne peuvent se concevoir l'une sans l'autre, comme les 3 côtés du triangle... choses nées ensemble à jamais conçues... l'Homme, la Liberté, la Lumière...
      Merci Célestine pour ta fidélité dans les allées de mes mots et de mes images.
      Je te souhaite une bonne fin de soirée, un peu tardivement...
      Je t'embrasse tout'étoilée, comme tu aimes, je crois...
      Den

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  3. Réponses
    1. Oui je le sais... tu en as parlé dans des billets précédents..
      Merci pour ton commentaire Bonheur du Jour... Je te souhaite une belle journée, comme tu aimeras.
      Den

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  4. Jeune j'ai beaucoup lu Giono, j'ai tant aimé ses tournures, son langage, ses personnages, sa Provence...
    J'avoue que lorsque l'on écrit on oublie tout le reste ! A cheval aussi, c'est pareil !

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    1. Oui moi aussi, j'ai beaucoup lu Giono, au collège, au lycée, et je le redécouvre maintenant.... une deuxième lecture après toutes ces années permet de découvrir l'écrivain autrement, et de l'apprécier différemment.. L'écriture permet de vivre un autre espace, d'accord avec toi... je ne connais pas le plaisir du sport équestre, mais je te crois volontiers en ce qui concerne son oubli du reste quand on le pratique.
      Bon samedi Marine... Je t'embrasse.
      Den

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Par Den :
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