samedi 31 janvier 2015

...*L'Espoir"............







"L'Espoir" est la chose avec des plumes -
Qui est perchée dans l'âme -
Et qui chante la mélodie sans les paroles - 
Et jamais ne s'arrête - jamais -

Et qui est la plus douce - quand on l'entend - 
dans la tempête -"

Emily Dickinson
"Hope" Is the thing with feathers


(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - 
Jean-Claude Ameisen)
émission du 17 janvier 2015

"les survivants des anciens mondes "(2)

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jeudi 29 janvier 2015

...* Si tu aimes une fleur....




"Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile,
C'est doux, la nuit, de regarder le ciel".

Antoine de Saint-Exupéry 
Le Petit Prince 


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Pour Annick,
en pensée
envolée ce jour
en essence-ciel

Den


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mercredi 28 janvier 2015

...* De là où il était, il pouvait veiller sur son monde.......



"Ce jour-là ne fut le jour de rien. Justement. Pourtant il n'était pas pire que les autres. Pas de changement notable. Pas d'événement. Aucune surprise naissante. Aucun début.
Aucune fin.
Aucun surprise naissante. Aucun début. Aucune fin. Aucun rebondissement. Rien de flagrant, si ce n'était sa concordance tiède avec hier et demain. Lui, ne s'est pas levé transformé en cafard. Personne ne venait de mourir. Il n'a pas décidé de changer quelque chose. Ni de faire comme avant. Ni de regarder autrement. Ni de regarder autre chose. Il s'est levé avec le jour. Il a suivi l'ascension graduée de la lumière. Il a couru derrière. Il a fait ce qu'il avait à faire. Conservé ce qui pouvait être conservé. Protégé les siens. Fait les courses. Ravalé ses insultes, Mis un pied devant l'autre. Il a été un homme. Un peu pénible. Un peu bon. Il ne fut ni honteux ni fier. Fatigué. Comme chaque soir. A l'abri comme chaque soir. Plutôt content que les choses se passent normalement.

De là où il était, il pouvait veiller sur son monde. Sa place sur la terrasse. Sa chaise grise en plastique. Son cendrier. Le ciel. La porte. Il savait que dedans, le temps avait ralenti avec l'arrivée du soir. Noé dormait à présent. Le calme était revenu. Il entendait le bruit de l'eau des pâtes en train de bouillir dans la cuisine. De là où il était, la bataille insignifiante du jour était terminée. Il avait droit au repos. Ses yeux allaient se perdre dans le vide qui se cache derrière la lumière. Et c'était plutôt agréable de couler sur la surface, de s'enfoncer dans le coton du rien. De disparaître. Sans l'effort de comprendre ou de modifier quoi que ce soit. Ses yeux babillaient d'un reflet à l'autre et finissaient par rebondir dans le ciel gorgé d'eau. Il avait plu toute la journée. De ces vives pluies d'avril qui rincent l'horizon. Dans la lumière du soir, le soleil avait recommencé à briller - ce qui donnait à ce crépuscule de faux airs d'aurore".

La part des nuages

Thomas VINAU

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lundi 26 janvier 2015

....*Ecrire.........................




"Quel bonheur que d'écrire, quel bonheur que de pouvoir, la nuit, souvent la nuit, s'introduire en soi et dépeindre ce qu'on y voit, ce qu'on y sent, ce qu'on entend que murmurent les souvenirs, la nostalgie ou le besoin de retrouver intacte sa propre grâce évanouie, évanouie dans la réalité  mais bien vivante au fond de soi, vivante au fond de soi et éclairée au loin comme une maison dans la nuit, une maison vers laquelle on laisse guider ses pas, seul, conduit par la confiance, l'inspiration, ses intuitions renaissantes, par le désir de rejoindre cet endroit qu'on voit briller au loin dans les ténèbres, attirant, illuminé, en sachant que c'est chez soi, que c'est là que se trouve enfermé, au fond de soi, ce qu'on a de plus précieux, son être le plus secret....(...) Les mots sont si gentils, étonnamment dociles et bienveillants, ils se laissent si facilement entrevoir et cueillir, je les ordonne sur le papier à la faveur de phrases que je trouve belles, qui se révèlent spontanément au fur et à mesure que j'avance, révélant à moi-même mon propre corps empli de sensations et de forces. Elles se révèlent à moi, ces phrases, comme un paysage le long d'un chemin, il me suffit d'ouvrir les yeux, les phrases sont là dans mes pensées et je les note, je les laisse s'inscrire d'elles-mêmes sur la page, il me suffit d'être en alerte, disponible, tout entière tournée vers ce qui se passe en moi quand je marche et écris, quand je marche en moi-même et laisse tomber les mots de cette cueillette sur le papier comme si j'étais de nouveau la jeune fille que j'ai été jadis, pleinement dans mon corps, pleinement dans la langue, pleinement dans les mots, pleinement dans mon être : car je ne suis jamais autant moi-même et dans mon être, et dans ma vérité, qu'à travers les mots, les phrases, les livres, les grands auteurs et leur génie de la verbale et tranchante fulgurance. Il faudra sans doute un peu élaguer dans ce que je viens d'écrire, je me répète à plusieurs endroits mais ce n'est pas grave, l'important c'est de se sentir mordue de l'intérieur par l'envie d'écrire, mordue et attrapée et entraînée par l'écriture comme par un animal qui me tiendrait prisonnière de ses crocs, quitte à en faire un peu trop et à aller et à aller trop loin, à crier de douleur sous l'emprise de cette mâchoire impérieuse, ce n'est pas grave. Après toutes ces années de sécheresse intérieure, je ne vais pas me plaindre que mes écrits soient trop baroques"...... (..)

Eric Reinhardt
L'Amour et les Forêts


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jeudi 22 janvier 2015

....*Le Ciel......................



Le Ciel....

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Il est le symbole quasi universel
Qui exprime la  croyance
En un être divin céleste
Créateur de l'univers,
Garant de la fécondité de la terre
Grâce aux pluies qu'il déverse....

Il transcende le haut élevé
Le Maître, le Silence,
L'infini qui poursuit les nuages,
Les tempêtes, la foudre et sa déchirure éclatante,
Son arc-en-ciel.

Père des Rois et de la Terre

L'Insondable,

Il est
Le séjour des Divinités
Des Bienheureux
La demeure de Dieu.

Le Pays des Etoiles, des Oiseaux,
Des météores et des comètes
Des Quatre Vents
De la poussière
Des Dieux
Des Cieux
L'arbre de lait.

Du sommeil.

L'absolu des aspirations de l'Homme.

Il est le lieu possible d'une perfection de l'Esprit.

L'esprit du Monde.

La prise de conscience.

Le Chemin.



Den








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mercredi 21 janvier 2015

....*A mi hauteur......





A mi hauteur
"De l'Amour et des arbres"
Le vertige avalé goulûment en profonde quête 
La passion
Et le temps s'enchevêtrent
Et l'écheveau attaché
Art-hâché en récif poing-niant
Fascine-en,
La plume en miroir éclaire et s'ouvre
Tant empathique, entend et dépeint si bien la femme
Conte par le mène-hue partagé
Un mors-sceau de bravoure
Des maux de l'esprit
Arpente-heurt
Rêve sa libère-tait 
Et l'aube tient
Son feu ardent
En flammé

Den


mardi 20 janvier 2015

....*Je préfère le profond






"Je préfère le profond, ce qui peut se pénétrer, ce en quoi il est envisageable de s'engloutir, de se dissimuler : l'amour et les forêts, la nuit, l'automne, exactement comme vous. Claquemurées dans la résignation depuis tellement d'années, ses ambitions pour le bonheur - ses ambitions d'adolescente - avaient beau avoir été violentées par la vie, elle les avait ranimées récemment : elle réclamait dès lors de chaque journée qu'elle lui prodigue une minute irradiante, une heure miraculeuse,  une enclave d'émerveillement, un grand soupir oublieux des tristesses de l'existence. Malheureusement, la réalité n'est pas tellement généreuse avec ceux qui réclament d'être enchantés. Il ne se passe pas grand-chose d'excitant dans nos vies, vous savez, m'a dit ce jour-là Bénédicte Ombredanne, ce n'est pourtant pas grand-chose ce qu'une femme comme moi peut demander, ce n'est vraiment pas grand-chose et pourtant c'est déjà trop : vous ne pouvez pas savoir à quel point les agréments sont rares dans l'existence d'une femme comme moi. Je me suis remise à y croire dernièrement, en partie grâce à vous, c'est pourquoi nous parlons tous les deux à la terrasse de ce café du Palais-Royal, je me suis remise à espérer qu'un beau matin l'équivalent d'un prince charmant surgira dans ma vie pour m'emporter loin de tout, même momentanément, même si ce prince charmant n'est pas un homme, oui, pas un homme, pas même un être humain, mais une péripétie charmante, un instant romanesque, une éclaircie soudaine et pleine d'espoir, un grand et beau moment d'intensité, vous comprenez ce que je veux vous dire ? Dans la nouvelle de Villiers de l'Isle-Adam, le merveilleux est enfoui dans la roche sous les pieds du voyageur. Il suffit peut-être de savoir regarder un vieux plancher ? Personne ne regarde les vieux planchers, personne ne scrute son quotidien usé avec l'espoir que s'y révèlent une trappe secrète, le démarrage d'un escalier, les ténèbres d'un espace inconnu. Il suffit peut-être de surveiller la surface de son quotidien, d'avoir suffisamment de sensibilité pour détecter l'existence d'un passage, pour identifier la nécessité de s'y faire disparaître ? (Plutôt que de se dire à quoi bon, plutôt que de se dire pour quoi faire, plutôt que de se dire une autre fois, il ne faut pas, ce n'est pas bien, c'est trop risqué, qu'en penseraient les enfants ? qu'en diraient mes collègues, mes amis, les membres de ma famille, s'ils venaient à l'apprendre ?) C'est environné du réel le plus aride que se déploie le merveilleux, voilà ce que murmurent  votre roman sur six cents pages"............ (...)

Eric Reinhardt
L'Amour et les Forêts


jeudi 1 janvier 2015

*Bonne et Heureuse année 2015




"Sur la pointe d'aiguille du temps, un minuscule événement  survient le Nouvel An. Il sera minuit dans quelques heures, dans quelques minutes, déjà il est minuit, minuit une - le futur a basculé dans le passé. Je ferme les yeux. Le temps est une énigme dans laquelle nous baignons comme s'il était une chose évidente, presque  banale. Et pourtant. Les yeux ainsi fermés, je vois toute une année tenir sur cette pointe d'aiguille. Quelques centaines de jours ont recueilli d'innombrables petites histoires qui ont changé la Grande. Des milliers de vies la traversent, chaque jour l'aube, chaque jour le crépuscule. Le voyage s'achève, un autre, aussitôt, recommence. Et ainsi de suite. C'est le miracle renouvelé de la présence, de notre présence.


Franchir le seuil d'une nouvelle année invite d'abord à s'arrêter. A entrer dans ce qui nous définit, le passage. A aller nous-mêmes sur la pointe d'aiguille du temps et, de là, regarder le portail qui s'ouvre, les chemins qui apparaissent, et ressentir profondément le vertige d'être vivant. Le temps bascule, et célébrer le recommencement, c'est d'abord réinvestir le passage,  ainsi que les rites qui en marquent l'accomplissement. S'ils existent pour souligner la transition, les rites de passage cherchent implicitement à conjurer ce qui pourrait empêcher la transformation. Selon les sociétés, pratiqué de façon individuelle ou collective, le rite pourrait tout aussi bien n'être qu'un appel au recommencement.
Mais de la pointe d'aiguille où nous nous tenons, quel recommencement est encore possible ?"

Hélène Dorion

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