
J'avançais pas à pas.
Au bout du chemin flottait la brume dense, sans limite.
Je ne savais si la route continuait ainsi, bien droite.
Allait-elle me ramener à mon point de départ ou me conduire à l'extrémité de moi-même,
là où je devrais passer par le feu de la métamorphose, tenir entre mes mains le couteau de clarté que nous tend la mort, et avec elle l'amour.
Mais on le sait, tout est voué à la saison suivante :
l'hiver se dédie au printemps, comme le fleuve à la mer, le bourgeon à la feuille.
A un certain moment quelque chose tombe,

et l'on commence alors à percevoir une fin, on touche à l'origine de la chute, à ce point qui permet de sentir la vie se retourner sur elle-même, et parfois, c'est notre existence qui se retourne ainsi et nous jette par-dessus bord, pour que l'on s'abandonne au vent à la montagne, à la mer.

et l'on commence alors à percevoir une fin, on touche à l'origine de la chute, à ce point qui permet de sentir la vie se retourner sur elle-même, et parfois, c'est notre existence qui se retourne ainsi et nous jette par-dessus bord, pour que l'on s'abandonne au vent à la montagne, à la mer.
Si l'on regarde de près on voit le visage du temps qui dévore ce qu'il fait naître.
La mort repousse mon père dans les recoins de sa vie, et à mesure quelque chose souffle sur la mienne,
souffle sur les brumes du temps qui devient de plus en plus neuf.


On entre dans l'histoire de l'amour par la porte du feu, on touche aux racines de ce qui nous a fait naître,
les pieds dans la terre, les mains dans le ciel, on est enfin devant soi.
J'ai besoin de toute cette beauté que nomme le paysage pour aller reconduire mon père vers sa mort.
On avance vers soi à travers une histoire de brouillard et de clarté qui nous apprennent que le voyage comme le temps est toujours neuf.
L'ordre des choses a basculé, pointant soudain vers l'horizon où l'aube et le crépuscule se croisent.




Rien ne se répète, tout a lieu pour la première fois, jusqu'à ce que le bleu ait soufflé,
j'avais traversé le temps du paysage.
j'avais traversé le temps du paysage.
Hélène Dorion
Le temps du paysage
Editions Druide.
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