dimanche 29 mai 2016
mercredi 25 mai 2016
*Elle a été ici......

"Elle a été ici . Sur la Terre et dans sa maison.
Dans sa maison on peut visiter trois pièces. Leur accès est limité par des rubans de velours rouge. Sur un chevalet, une reproduction de son dernier tableau, un bouquet de tournesols et de roses trémières.
Elle ne peignait pas que des fleurs.
Une porte peinte en gris, fermée à clef, menait à un étage, où j'imaginais des fantômes. Et quand on sortait de la maison, on les voyait, Paula et Otto, les Modersohn-Becker. Pas des fantômes mais des monstres en habits d'époque, très kitsch à la fenêtre de leur maison de morts, par-dessus la rue, par-dessus nos têtes de vivants. Un couple de mannequins de cire, d'une laideur bicéphale à la fenêtre de cette jolie maison de bois jaune.
*
L'horreur est là avec la splendeur, n'éludons pas, l'horreur de cette histoire, si la vie est une histoire : mourir à trente et un ans avec une oeuvre devant soi et un bébé de dix-huit jours.
Et sa tombe : elle est horrible. A Worpswede, village confit dans le tourisme. Le Barbizon de l'Allemagne du Nord. L'ami sculpteur Bernhard Hoetger, qui y va de son monument. Une grande stèle de granit et de briques : une femme à demi nue, allongée plus grande que nature, un bébé nu assis sur son ventre. Comme si le bébé était mort aussi, mais il n'est pas mort. Mathilde Modersohn a vécu quatre-vingt-onze ans.
Le monument est désormais abîmé par le temps, par le vent et la neige de Worpswede.
Paula Modersohn-Becker écrivait dans son journal, le 24 février 1902, cinq ans avant sa mort : "j'ai souvent pensé à ma tombe... elle ne doit pas avoir de tertre. Il faut juste un rectangle avec des oeillets blancs autour.
Et autour encore, un modeste sentier de graviers, lui aussi bordé d'oeillets, et un treillis de bois, tout simple, pour porter l'abondance des roses. Et il y aurait un petit portail pour que les gens me rendent visite, et au fond un tranquille petit banc pour que les gens s'assoient. Ce serait dans le cimetière de notre église de Worpswede, le long de la haie qui donne sur les champs, dans la partie ancienne, pas à l'autre bout. Peut-être aussi, à la tête de ma tombe, deux petits genévriers, et entre les deux, un tableau de bois noir avec juste mon nom, pas de date, pas d'autres mots. C'est comme ça qu'il faudrait que ce soit.... et je voudrais peut-être aussi qu'il y ait un bol où les gens déposeraient des fleurs fraîches".
Les gens qui vont la voir déposent les fleurs entre les genoux du bébé. Il y a des rosiers, oui, et des arbustes. Au centre de l'épitaphe sculptée dans le granit, le mot GOTT se détache en lettres majuscules. Un ami germanophe reconnaît un verset biblique, le 8:28 des Romains : "Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment DIEU". Pour elle qui ne cite jamais le nom de Dieu, sauf quand elle lit Nietzsche.
Cette anticipation de la tombe : est-ce si bizarre à vingt-six ans ? Otto a perdu sa première et jeune épouse : est-ce que la deuxième et jeune épouse n'a pas un pincement au coeur, en convolant avec ce veuf ?
"J'ai porté de la bruyère sur la tombe de la femme qu'il appela un jour son amour".
Etre ici est une splendeur
Vie de Paula M Becker
Marie Darrieussecq
*****
Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris présente du 8 avril au 21 août 2016 la première monographie de Paula M. Becker, artiste peintre allemande née le 8 février 1876 à Dresde, décédée le 21 novembre 1907 à Worpswede, à l'âge de 31 ans, des suites de ses couches.
... Un parcours unique et sensible...
pour celle que l'on a nommée la Camille Claudel d'Outre-Rhin,.
....toutes deux, femmes comparées par leurs forces créatrices, ... leurs destins tragiques !
Méconnue du public français, pourtant figure majeure de l'Art Moderne, avant-gardiste, très en avance sur son temps.... Paula M Becker produit abondamment :
750 toiles, 13 estampes, pas moins d'1 millier de dessins....
Un art pourtant exercé pendant une période courte de quatorze années,
" A l'intensité d'un regard"...
Une découverte rare.
Un choc.
Une femme libre et artiste, qui peint si bien les femmes, l'intériorité, ...et autrement que des odalisques, hors d'un érotisme masculin...
Un contre-jour, une aura, un regard qui rend tellement bien l'obscurité de ses pensées.
Une peinture simple, directe, brute, âpre, singulière, sans fioriture aucune, personnelle, audacieuse, sublime car faussement naïve, ... un regard particulier de l'artiste qui s'affirme en tant que femme, dans de nombreux auto-portraits, en se peignant dans l'intimité, naturellement, sans complaisance, plus à la recherche de son for intérieur.

(sur web)
peinture
1000 x 1522
Paula M Becker
auto portrait vu depuis la fenêtre sur Paris 1900
Paris, lieu de sa liberté, de son indépendance où elle part travailler le nu, à la veille de l'an 1900, tout un symbole.... elle a 24 ans. A Paris elle découvre des influences, des aspects mêlant l'impressionnisme (de Paul Cézanne, Van Gogh, Gauguin), le cubisme (de Picasso), le fauvisme...
dans tous les cas sa peinture résume à elle seule l'Art du début du XXème siècle.

(sur web)
Les Inrocks "être ici est une splendeur" de Marie Darrieussecq : "les ailes brisées d'une peintre avant-gardiste"
taille réelle 1600 x 1067 (2x plus grand)
Marie Darrieussecq porte une attention littéraire sur le travail de l'artiste en collaborant à l'exposition elle-même et au catalogue....
Avec cette biographie-hommage.... en écrivant la peinture, Marie Darrieussecq écoute le passé de Paula M Becker laquelle a entretenu tout au long de sa courte existence une forte amitié avec le poète Rainer Maria Rilke..
Par ce livre Marie Darrieussecq nous permet aussi de découvrir cette artiste magnifique qui est trop longtemps restée dans l'ombre, trop longtemps ignorée au-delà des frontières...
*****
Extrait de Requiem pour une amie
(1908)
Après la disparition de son amie Paula M Becker, très affecté, Rainer Maria Rilke écrit :
"Dis, dois-je voyager ? As-tu quelque part
laissé une chose qui se désole
et aspire à te suivre ? Dois-je aller visiter un pays
que tu ne vis jamais, quoiqu'il te fût apparenté
comme l'autre moitié de tes sens ?
je m'en irai naviguer sur ses fleuves, aux étapes
je m'enquerrai de coutumes anciennes,
je parlerai avec les femmes dans l'embrasure des portes,
je serai attentif quand elles appelleront leurs enfants.
(...)
Et des fruits, j'achèterai des fruits, où l'on
retrouve la campagne jusqu'au ciel.
Car à ceci tu t'entendais : les fruits dans leur plénitude.
Tu les posais sur des coupes devant toi,
tu en évaluais le poids par les couleurs.
Et comme des fruits aussi tu voyais les femmes,
tu voyais les enfants, modelés de l'intérieur
dans les formes de l'existence".
Rainer Maria Rilke
*****
Le monument est désormais abîmé par le temps, par le vent et la neige de Worpswede.
Paula Modersohn-Becker écrivait dans son journal, le 24 février 1902, cinq ans avant sa mort : "j'ai souvent pensé à ma tombe... elle ne doit pas avoir de tertre. Il faut juste un rectangle avec des oeillets blancs autour.
Et autour encore, un modeste sentier de graviers, lui aussi bordé d'oeillets, et un treillis de bois, tout simple, pour porter l'abondance des roses. Et il y aurait un petit portail pour que les gens me rendent visite, et au fond un tranquille petit banc pour que les gens s'assoient. Ce serait dans le cimetière de notre église de Worpswede, le long de la haie qui donne sur les champs, dans la partie ancienne, pas à l'autre bout. Peut-être aussi, à la tête de ma tombe, deux petits genévriers, et entre les deux, un tableau de bois noir avec juste mon nom, pas de date, pas d'autres mots. C'est comme ça qu'il faudrait que ce soit.... et je voudrais peut-être aussi qu'il y ait un bol où les gens déposeraient des fleurs fraîches".
Les gens qui vont la voir déposent les fleurs entre les genoux du bébé. Il y a des rosiers, oui, et des arbustes. Au centre de l'épitaphe sculptée dans le granit, le mot GOTT se détache en lettres majuscules. Un ami germanophe reconnaît un verset biblique, le 8:28 des Romains : "Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment DIEU". Pour elle qui ne cite jamais le nom de Dieu, sauf quand elle lit Nietzsche.
Cette anticipation de la tombe : est-ce si bizarre à vingt-six ans ? Otto a perdu sa première et jeune épouse : est-ce que la deuxième et jeune épouse n'a pas un pincement au coeur, en convolant avec ce veuf ?
"J'ai porté de la bruyère sur la tombe de la femme qu'il appela un jour son amour".
Etre ici est une splendeur
Vie de Paula M Becker
Marie Darrieussecq
*****
Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris présente du 8 avril au 21 août 2016 la première monographie de Paula M. Becker, artiste peintre allemande née le 8 février 1876 à Dresde, décédée le 21 novembre 1907 à Worpswede, à l'âge de 31 ans, des suites de ses couches.
... Un parcours unique et sensible...
pour celle que l'on a nommée la Camille Claudel d'Outre-Rhin,.
....toutes deux, femmes comparées par leurs forces créatrices, ... leurs destins tragiques !
Méconnue du public français, pourtant figure majeure de l'Art Moderne, avant-gardiste, très en avance sur son temps.... Paula M Becker produit abondamment :
750 toiles, 13 estampes, pas moins d'1 millier de dessins....
Un art pourtant exercé pendant une période courte de quatorze années,
" A l'intensité d'un regard"...
Une découverte rare.
Un choc.
Une femme libre et artiste, qui peint si bien les femmes, l'intériorité, ...et autrement que des odalisques, hors d'un érotisme masculin...
Un contre-jour, une aura, un regard qui rend tellement bien l'obscurité de ses pensées.
Une peinture simple, directe, brute, âpre, singulière, sans fioriture aucune, personnelle, audacieuse, sublime car faussement naïve, ... un regard particulier de l'artiste qui s'affirme en tant que femme, dans de nombreux auto-portraits, en se peignant dans l'intimité, naturellement, sans complaisance, plus à la recherche de son for intérieur.
(sur web)
peinture
1000 x 1522
Paula M Becker
auto portrait vu depuis la fenêtre sur Paris 1900
Paris, lieu de sa liberté, de son indépendance où elle part travailler le nu, à la veille de l'an 1900, tout un symbole.... elle a 24 ans. A Paris elle découvre des influences, des aspects mêlant l'impressionnisme (de Paul Cézanne, Van Gogh, Gauguin), le cubisme (de Picasso), le fauvisme...
dans tous les cas sa peinture résume à elle seule l'Art du début du XXème siècle.
(sur web)
Les Inrocks "être ici est une splendeur" de Marie Darrieussecq : "les ailes brisées d'une peintre avant-gardiste"
taille réelle 1600 x 1067 (2x plus grand)
Marie Darrieussecq porte une attention littéraire sur le travail de l'artiste en collaborant à l'exposition elle-même et au catalogue....
Avec cette biographie-hommage.... en écrivant la peinture, Marie Darrieussecq écoute le passé de Paula M Becker laquelle a entretenu tout au long de sa courte existence une forte amitié avec le poète Rainer Maria Rilke..
Par ce livre Marie Darrieussecq nous permet aussi de découvrir cette artiste magnifique qui est trop longtemps restée dans l'ombre, trop longtemps ignorée au-delà des frontières...
*****
Extrait de Requiem pour une amie
(1908)
Après la disparition de son amie Paula M Becker, très affecté, Rainer Maria Rilke écrit :
"Dis, dois-je voyager ? As-tu quelque part
laissé une chose qui se désole
et aspire à te suivre ? Dois-je aller visiter un pays
que tu ne vis jamais, quoiqu'il te fût apparenté
comme l'autre moitié de tes sens ?
je m'en irai naviguer sur ses fleuves, aux étapes
je m'enquerrai de coutumes anciennes,
je parlerai avec les femmes dans l'embrasure des portes,
je serai attentif quand elles appelleront leurs enfants.
(...)
Et des fruits, j'achèterai des fruits, où l'on
retrouve la campagne jusqu'au ciel.
Car à ceci tu t'entendais : les fruits dans leur plénitude.
Tu les posais sur des coupes devant toi,
tu en évaluais le poids par les couleurs.
Et comme des fruits aussi tu voyais les femmes,
tu voyais les enfants, modelés de l'intérieur
dans les formes de l'existence".
Rainer Maria Rilke
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lundi 23 mai 2016
*L'air est calme. Pas un souffle de vent.....................

L'air est calme. Pas un souffle de vent, si bien que les grands arbres qui se reflètent dans l'eau du lac ont des contours plus définis à la surface de l'eau que dans l'air. René rame vigoureusement. Il espère impressionner Kristina par la souplesse de ses articulations, la force de ses bras, la longueur de son souffle. S'il le faut, il mènera cette barque jusqu'à la rive opposée sans marquer de pause, sans reprendre haleine.
Ce qu'il respire, n'est pas de l'oxygène, c'est de la beauté. La beauté du lac, de la forêt autour, de l'or menu des feuilles se détachant sur le plomb des nuages ourlés d'argent.


La beauté de Kristina dans le combat que la jeune femme livre au panorama et que, levant de quelques centimètres le menton pour étirer son cou, elle remporte soudain, dans la même surprise cocasse que dans le knock-out infligé par un boxeur. René perd le rythme, engourdi, terrassé par le pouvoir de Kristina, qui penche encore un peu la tête vers l'arrière. Les poignets de René tremblent, le bois des rames dans ses mains devient liquide. Il imagine les seins de Kristina, entraînés par l'étirement, glisser hors du corset sous la combinaison, puis sous le taffetas, de son corsage pour atteindre les clavicules, le téton se durcissant au contact de l'étoffe de soie serrée et crissante. Sans le vouloir, il avance vers elle qui se penche encore, comme si elle tombait très lentement vers un sommeil heureux, car ses lèvres s'entrouvrent sur un sourire qui découvre ses ravissantes dents nacrées presque transparentes, semblables à celles d'un bébé. Les épaules de Kristina viennent toucher le bord de l'embarcation. D'un geste somnambulique, elle tire l'épingle en corne qui nouait son chignon.

Sa chevelure, libérée, se déploie, hirsute, volcanique, et un instant, elle a l'air idiot d'un diablotin. Sous les boucles auburn, la crinière ploie et plonge enfin dans l'eau. René observe, il réfléchit. Le lac gèlera bientôt. La surface se crispera dès le crépuscule, une soie qui se gaufre. Les cheveux de sa bien-aimée resteront prisonniers de la glace. "C'est le dernier beau jour avant l'hiver" lui a confié le gardien du domaine qui, par chance est anglais, comme tout le personnel de la maison Matthisen. En prononçant le mot "winter", cet homme à la mine pourtant hardie, aux longues, longues jambes faites pour engloutir les kilomètres, au torse court et large, à la grosse tête rouge ornée de sourcils libres et fournis comme des algues, a froncé le nez en une grimace douloureuse. "L'hiver ici est sombre, a-t-il ajouté, comme en Ecosse. Moi, je suis originaire de Bournemouth. On a le soleil toute l'année". René n'a pas été convaincu par les talents météorologiques du gardien. "J'arrive d'Afrique", lui a-t-il répondu. "Mouais, a fait l'autre. C'est sec par là-bas".
Ce qu'il respire, n'est pas de l'oxygène, c'est de la beauté. La beauté du lac, de la forêt autour, de l'or menu des feuilles se détachant sur le plomb des nuages ourlés d'argent.


La beauté de Kristina dans le combat que la jeune femme livre au panorama et que, levant de quelques centimètres le menton pour étirer son cou, elle remporte soudain, dans la même surprise cocasse que dans le knock-out infligé par un boxeur. René perd le rythme, engourdi, terrassé par le pouvoir de Kristina, qui penche encore un peu la tête vers l'arrière. Les poignets de René tremblent, le bois des rames dans ses mains devient liquide. Il imagine les seins de Kristina, entraînés par l'étirement, glisser hors du corset sous la combinaison, puis sous le taffetas, de son corsage pour atteindre les clavicules, le téton se durcissant au contact de l'étoffe de soie serrée et crissante. Sans le vouloir, il avance vers elle qui se penche encore, comme si elle tombait très lentement vers un sommeil heureux, car ses lèvres s'entrouvrent sur un sourire qui découvre ses ravissantes dents nacrées presque transparentes, semblables à celles d'un bébé. Les épaules de Kristina viennent toucher le bord de l'embarcation. D'un geste somnambulique, elle tire l'épingle en corne qui nouait son chignon.

Sa chevelure, libérée, se déploie, hirsute, volcanique, et un instant, elle a l'air idiot d'un diablotin. Sous les boucles auburn, la crinière ploie et plonge enfin dans l'eau. René observe, il réfléchit. Le lac gèlera bientôt. La surface se crispera dès le crépuscule, une soie qui se gaufre. Les cheveux de sa bien-aimée resteront prisonniers de la glace. "C'est le dernier beau jour avant l'hiver" lui a confié le gardien du domaine qui, par chance est anglais, comme tout le personnel de la maison Matthisen. En prononçant le mot "winter", cet homme à la mine pourtant hardie, aux longues, longues jambes faites pour engloutir les kilomètres, au torse court et large, à la grosse tête rouge ornée de sourcils libres et fournis comme des algues, a froncé le nez en une grimace douloureuse. "L'hiver ici est sombre, a-t-il ajouté, comme en Ecosse. Moi, je suis originaire de Bournemouth. On a le soleil toute l'année". René n'a pas été convaincu par les talents météorologiques du gardien. "J'arrive d'Afrique", lui a-t-il répondu. "Mouais, a fait l'autre. C'est sec par là-bas".
René lève les yeux vers le ciel pour espionner la course du soleil entre deux nuages. Le zénith est à peine passé. Il n'y a pas lieu de s'affoler. Le jeune homme tient à sa contenance, il veut faire preuve de sang-froid. Militaire de père en fils. Et son propre fils après lui. ... Ah le fils que lui donnera Kristina, comme il sera grand, comme il sera beau. Il aura le cuivre foncé de ses cheveux à elle, et ce teint étonnant, presque méditerranéen, un teint de poterie ancienne, il aura aussi ses mains élégantes et déliées, aux jolis ongles bombés. Il ressemblera à sa mère, bien sûr. Pas le museau de son père, ni ses courts battoirs aux doigts raides,. Mais pour cela, il faudra qu'elle l'aime. M'aimera-t-elle ? se demande René redoublant son effort....
Agnès Desarthe
Ce coeur changeant
dimanche 22 mai 2016
*Nous sommes les roses.....
"Nous sommes les roses, dirent les roses.
Ah ! fit le petit prince (...)
Et il se sentit très malheureux. Sa fleur lui avait raconté qu'elle était la seule de son espèce dans l'univers.
Et voici qu'il en était cinq mille, toutes semblables, dans un seul jardin".
Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944)
Ecrivain et aviateur français
*****
A toutes et tous
Je vous souhaite un heureux dimanche
Tout ensOleillé
Tout enrOsé.
Je vous embrasse.
Den
****
Je vous souhaite un heureux dimanche
Tout ensOleillé
Tout enrOsé.
Je vous embrasse.
Den
****
vendredi 20 mai 2016
*Comme deux soleils.....

L'immensité et la plénitude sont comme deux soleils
A l'horloge du temps
A l'horloge du temps
Leur corps ne fait point d'ombre-âge
Leur voix n'a pas d'écho
Leur voix n'a pas d'écho
A midi
Le soleil.....
Lorsqu'il atteint le coeur du jour décline
La lune deviendra alors pleine et sera dévorée....
A mi-nuit
Midi c'est l'heure de la lune-hier dans sa pleine-étude...
L'instant sacré
Une halte marquée dans son balance-aimant itératif
Avant que ne se rompe la fragile harmonie
Et que l'allume-hier bascule vers son crépuscule.
Il inspire son repos dans sa course
Le seul instant sans efface-aimant
Dans une image d'éternité
Haut au loin
Haut et lent
Haut au loin
Haut et lent
Den
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"Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même".
Paul Valéry (Le cimetière marin)
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mercredi 18 mai 2016
mardi 17 mai 2016
*Chaque année en Septembre....
Chaque année en Septembre j'ai peur de mourir, alors j'achète un cahier. J'ai peur de mourir depuis l'âge de cinq ans, tous les jours, à chaque heure du jour et encore plus au milieu de la nuit, quand je vais aux toilettes sans allumer. Si j'allumais j'aurais encore plus peur. En Septembre c'est beaucoup plus cruel . C'est si beau Septembre, si limpide si bleu. Chez nous, ici, c'est le plus beau mois de l'année. Ce n'est pas un mois, c'est un fruit.
L'après-midi je vais au bord des rivières, cueillir des mûres sauvages.
A travers les infranchissables ronciers j'entends les derniers cris d'enfants qui glissent dans le courant sur de noires chambres à air de tracteur. Ils sont libres comme l'eau verte qui file entre les roseaux, aussi sombres que le caoutchouc où ils s'agrippent de tous leurs ongles, encore immortels.

Les ronces déchirent mes bras, mes mains.

Je suis vivant. Je suis vivant parce qu'un cahier m'attend, vierge, encore blanc.
Il est posé sur la table de ma cuisine et il m'oblige à être vivant. Il m'attend comme un enfant. Je ne lui apporte que les mots d'une mère à son enfant. Il a besoin de moi pour se mettre à vivre.
Un jour je ne serai plus là pour sentir sur ma peau toute la beauté de septembre, son immense douceur, tous les mots que je trouve en marchant sur les galets brûlants des rivières ou dans la poussière des champs.
Après le 15 août, les amandes s'ouvrent et tombent au bord des chemins. Deux ou trois frelons tournent autour des plus hauts rameaux puis se glissent dans le tronc creux de ces arbres que personne n'a plantés et qui se demandent depuis cent ans comment ils sont arrivés là.
Septembre est le mois des amandes, des noisettes, des noix.

On n'a qu'à s'asseoir sur les talus et les casser entre deux pierres, ou remplir ses poches, et les ramener chez soi, comme un écureuil. Le figuier est moins intrigant, il se choisit une ruine et s'installe dedans.

Je connais toutes les ruines des collines, les bergeries abandonnées, le tas de pierres d'un ancien pigeonnier,

chacune a son figuier. Je suis le voyageur de septembre, je saute d'une ruine à l'autre, et dans la chaleur de ces longs après-midi de fin d'été, j'ouvre avec mes deux pouces ces fruits bouillants, mille graines d'or scintillent dans un sucre pourpre.
C'est comme ça que j'écris maintenant. Maintenant que je vis seul, maintenant que je vieillis. J'écris dans des ruines, à trois heures de l'après-midi, dans l'immense silence bleu des collines.
René Frégni
Je me souviens de tous vos rêves
*****



Les ronces déchirent mes bras, mes mains.

Il est posé sur la table de ma cuisine et il m'oblige à être vivant. Il m'attend comme un enfant. Je ne lui apporte que les mots d'une mère à son enfant. Il a besoin de moi pour se mettre à vivre.
Un jour je ne serai plus là pour sentir sur ma peau toute la beauté de septembre, son immense douceur, tous les mots que je trouve en marchant sur les galets brûlants des rivières ou dans la poussière des champs.
Après le 15 août, les amandes s'ouvrent et tombent au bord des chemins. Deux ou trois frelons tournent autour des plus hauts rameaux puis se glissent dans le tronc creux de ces arbres que personne n'a plantés et qui se demandent depuis cent ans comment ils sont arrivés là.
Septembre est le mois des amandes, des noisettes, des noix.

On n'a qu'à s'asseoir sur les talus et les casser entre deux pierres, ou remplir ses poches, et les ramener chez soi, comme un écureuil. Le figuier est moins intrigant, il se choisit une ruine et s'installe dedans.

Je connais toutes les ruines des collines, les bergeries abandonnées, le tas de pierres d'un ancien pigeonnier,
chacune a son figuier. Je suis le voyageur de septembre, je saute d'une ruine à l'autre, et dans la chaleur de ces longs après-midi de fin d'été, j'ouvre avec mes deux pouces ces fruits bouillants, mille graines d'or scintillent dans un sucre pourpre.
C'est comme ça que j'écris maintenant. Maintenant que je vis seul, maintenant que je vieillis. J'écris dans des ruines, à trois heures de l'après-midi, dans l'immense silence bleu des collines.
René Frégni
Je me souviens de tous vos rêves
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lundi 16 mai 2016
dimanche 15 mai 2016
*Trois lettres.....

Trois lettres
Trois caractères
Qui révèlent
Peut-être
Une image pour une fête,
Et vraisemblablement,
De façon colorée
Dionysos, le Dieu de la vigne
Dans la mythologie grecque,
...du ravissement
De la joie de l'admiration extrême.
Prénom simple et doux,
Il est porté par des personnes sensibles, généreuses
En ce 15 mai
Il honore une jeune vierge de 16 ans martyrisée en Asie Mineure,
En l'an 251
Alors bonne fête à toutes les
Danisa, Denezza, Denissia, Denyse, Dionisa,
Denise.
Belle journée à toutes et tous.
Den
*****
vendredi 13 mai 2016
jeudi 12 mai 2016
*Maman, dessine moi un robot !.........
Et bien pour mon 1er Carnaval à la Maternelle,
Maman Faby a confectionné pour moi,
Ce magnifique Robot....
Avec du carton peint couleur argent, jaune vif
Des écrous de différentes tailles,
Des tuyaux flexibles...
J'étais très fier de mon déguisement...
Mes copains et copines auraient bien voulu avoir le même...
Ils m'enviaient....
Elle est super ma Maman, non ?
Gabriel
*****
dimanche 8 mai 2016
*Chaque jour je prends la route...............

Je pars souvent de bonne heure, sur une petite route qui s'enfonce dans une vallée. Je marche sous des peupliers d'or au bord d'une rivière.

Puis la route s'élève à flanc de coteau. Certains vergers rougissent déjà,

il y a dans l'air une odeur de coings, de bois mouillés, la cloche d'un troupeau.

Puis la route s'élève à flanc de coteau. Certains vergers rougissent déjà,

il y a dans l'air une odeur de coings, de bois mouillés, la cloche d'un troupeau.
Je traverse deux ou trois villages accrochés à la pente, avec leur fontaine, leurs roses trémières qui regardent par-dessus les murs, le petit cimetière un peu plus haut sous la rouille des hêtres.


J'entends une hache, un chien, un fusil qui claque, le cri rauque des corbeaux. Très loin dans la plaine toutes les villes changent, se couvrent de poussière, disparaissent sous des brumes ocre et chimiques qui piquent les yeux. J'aime retrouver mon enfance dans ces petites vallées aussi fraîches que des fontaines.
Vers midi j'entre dans une auberge ou le bistrot de la route : le Relais des Gorges, le Bar des Boulomanes ou tout simplement chez Ginette.
Une femme sort de la cuisine, et s'avance vers moi. Toutes les femmes qui sont venues vers moi s'essuyaient les mains avec un torchon.
Les touristes sont partis, on peut se servir d'un torchon. Elles sont très brunes ou rousses, et en cette saison on aperçoit, à travers leur chemise légère, la fleur obscure de leurs seins. Elles glissent derrière le comptoir et lorsqu'elles lèvent leurs bras pour arranger leurs cheveux, je vois leurs belles aisselles pâles que l'été n'a pas touchées. Elles suivent mon regard avec gourmandise.
On fait un brin de causette. Elles peuvent être très fortes sur de fines chevilles ou belles comme des fruits. La malice et l'ennui dessinent leur bouche. Une odeur de daube ou de soupe au pistou arrive de la cuisine.


Vers le milieu de l'après-midi, après le plat du jour et un ou deux cafés,

je reprends la route vers d'autres vallées, d'autres d'autres villages, d'autres clochers. Je ne rentre qu'à la nuit avec les premiers gémissements de la forêt, en pensant à toutes ces belles poitrines qui m'attendent dans des hameaux où personne ne va, dès qu'on entre dans l'arrière-saison. Manger en les regardant se balancer souplement me suffit.

je reprends la route vers d'autres vallées, d'autres d'autres villages, d'autres clochers. Je ne rentre qu'à la nuit avec les premiers gémissements de la forêt, en pensant à toutes ces belles poitrines qui m'attendent dans des hameaux où personne ne va, dès qu'on entre dans l'arrière-saison. Manger en les regardant se balancer souplement me suffit.
René Frégni
Je me souviens de tous vos rêves
*****
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jeudi 5 mai 2016
*L'ascension...............

Je vous souhaite en ce jeudi de l'Ascension
A toutes et tous
une très belle journée.
Je vous embrasse.
Den
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