Avec lui je m'enfuis de nouveau de la chambre.
Je m'attarde jusqu'à un coin reculé de ma pensée, à travers des entrecroisements, pendant une heure..., jusqu'à 22 heures, fuyant ainsi les humeurs de la maisonnée.
Mon manuscrit est encombré de mots.
Je rature, je gomme, je recommence.
La table est pleine d'objets.
Tes dossiers. Tes classeurs.
Mes papiers. Mes papiers.
J'ouvre la fenêtre.
J'aère et la pièce et les esprits.
La nuit qui recèle d'autres magies, parcourt le ciel, enveloppée d'un voile sombre, sur un char attelé de quatre chevaux noirs.
Douce et lisse la nuit, comme la forêt.
Je retourne à mon cahier, longue et sereine à présent.
Comme après un bon bain volupteux.
Je suis prête.
Les Dieux ne pourraient-ils pas pour une fois prolonger l'obscurité en l'arrêtant ?
Quand n'aurais-je plus jamais peur de brûler mes ailes de carton à la couronne du soleil ?
Là, chez moi, à l'abri des autres, je me protège de toi, Amour, je me protège d'eux.
La lumière bleue, inaccessible, au plafond éclaire la pièce plus qu'il ne faut.
Entre moi et la vitre, dehors la brume se fait fraîche, sans lumière, sans fard, sans paillette, sans faux-semblant.
Les yeux mettent un moment à s'accommoder à la pénombre, au vide dénudé.
Tu chuchotes quelque chose, gêné par mon silence, et nous finissons bien au bout de longues minutes par nous taire entièrement.
L'atmosphère de la pièce devient pesante.
Le seul danger réel pour moi. Il n'y a qu'un seul danger réel.. Tu le sais.
Une clarté diffuse pâlit derrière l'épais rideau annonçant la défaite des esprits livides qui se replient illico au fond de l'horizon.
Je m'amollis davantage.
Je me cloître.
L'avenir se rétrécit chaque instant un peu plus.
Je glisse au risque de me perdre.
Allongé près de moi tu t'étires comme un chaton.
Et si nous déménagions ?
De toutes les façons, j'habite l'infinitude du temps que tu le veuilles ou non.
Je me vautre volontiers dans les ténèbres sans terme. Je m'enroule. Je me déroule comme une longue chose.
Ici ou ailleurs, pour moi... c'est pareil.
La vie persiste, identique et présente dans sa totalité.
***
Nous oublions le temps.
Tes yeux sont beaux comme l'intérieur d'une forêt, Amour !
Tes cils sont deux rangées de cavaliers alignés pacifiquement : les armes de l'amour...
***
Je ne me laisserais plus jamais aller à la désespérance. Je te le promets. Je te le jure.
Dehors, le jour s'est enfui de n'être pas invité.
Je m'enroule sous les draps, et je te convie à faire de même.
Que le monde est beau sous notre couette.
Court.. petit.. instant chaud... merveilleusement retenu..
Tu sens l'odeur du bois, de l'herbe fraîchement coupée.
Limite irréelle des choses.
Petit univers ouaté. Tiède ou chaud comme ton dos.
On s'invente des jeux, on s'invente des mots, on se réjouit de la douceur du moment.
"Thé ou café" ?
ça aide à la détente, aux confidences. Aux secrets gardés.
Deviendrai-je demain, comme Zeus, dégagé de ses angoisses, régnant sans contrainte !
Serai-je délivrée de mes chaînes ?
Trouverai-je le secret des secrets, comme l'alchimiste a l'Art d'inventer la pierre des Sages ?
Den
Août 1998
Août 1998
***
Ce texte est mystérieux, un peu voluptueux mais aussi mélancolique,empli de sortilèges -et je respecte ses secrets;
RépondreSupprimerj'ai lu aussi Hugo qui a remplacé Bobin dans ton haut de blog, et c'est doux...
J'ai de plus en plus envie de reprendre mes textes, mes nouvelles, de les réécrire, je me fixe un délai........
Si nous avions des ailes de carton, nous pourrions au moins tel Prométhée tenter de nous élever!
bon week-end, Den!
..Bonsoir Anne,
RépondreSupprimerCe texte-là forme un tout intitulé "des saisons passées" - Piche ou la vérité déformée
écrit en août 1998...
Si tu veux lire ce qui précède.. allez, je t'aide !! (mais ce ne sont que des extraits, .... !!)
19/6/2013 - Solitaire
20/6/2013 - Vert sapin
22/6/2013 - Rouge sang, rouge feu
23/6/2013 - Ocre jaune safran
24/6/2013 - Je n'exige rien des autres, je n'exige que pour moi
25/6/2013 - Ma vie est ailleurs, imaginée, en attente
28/7/2013 - Une image s'éloigne fugitive
02/8/2013 - Je suis partie comme j'étais venue, les poches vides, le coeur lourd
07/8/2013 - Tu regardes ailleurs et retiens chaque silence
08/8/2013 - L'or céleste orangé
26/8/2013 - J'ai écrit - seulement écrit
14/9/2013 - J'ouvre la fenêtre
Que te souhaiter... que tu reprennes tes textes, tes nouvelles, si tu en as envie.. les réécrire, et tel le "Prévoyant" le Titan Prométhée.. (tu es en dentelle... andant'aile) (!).... de carton pour voler, t'élever.. sûre, certaine... tu as en toi la connaissance de ce qui est beau !!
bon week-end à toi aussi..
Den
Ne jamais aimer, c'est éviter des ennuis et c'est vivre plus longtemps ! Enfin ça paraît plus long, très long...
RépondreSupprimer.. Jeanmi, vous dites : "ne jamais aimer, c'est éviter des ennuis", des embarras,
Supprimerdes langueurs, des lassitudes..., je rajoute, mais alors quel sens donner à sa vie ? .. "vivre plus longtemps" ?.. quel(s) lien(s) tisser avec autrui ? Et le temps paraît comment ?? Den
Je n'ai pas trop compris où était passé mon commentaire. Cela n'est pas grave, tu as su y répondre ailleurs. Cela m'a beaucoup touchée, ma chère Den. J'irai découvrir tes écrits d'un autre temps dès que j'aurai un peu plus de temps. Je t'embrasse fort.
RépondreSupprimer.. Merci Malou pour tes commentaires !... à plus tard sur d'autres écrits, d'autres billets. Bonne fin de soirée.
SupprimerDen
Comme tu vas loin au delà.... ou en dedans de tes émotions !
RépondreSupprimerEntre ce que tes yeux captent et ce que le sentiment soulève,
tu navigues sans boussole, libre sur ton courant.
Tu oses lâcher la rame et laisser ta poésie intime voguer seule.
Tes mots disent combien tu "habites l'infinitude du temps"
et de ce vaste continent... océan qu'est le "soi".
J'aime quand tes mots se glissent entre l'âpreté dénudée de l'instant et cette tendresse des choses et de la vie que tu leur apportes.
Je ne sais pas si tu tiens là, entre tes mains, la pierre des sages
mais sûr, l'alchimie est là.
Et c'est plus que le talent de la "formule",
c'est... comme un symbiose du temps, de soi et de ces espaces d'un jour qui n'en finit pas de se composer.
A ces voiles que tu déploies
et à vos élans présents et futurs, les tiens et ceux d'Anne.
Une toute belle et douce journée à toi,
Lydaine.
J'aime cette distance, Lydaine, qu'elle soit vers l'Haut delà ou en inter rieur de soi... entre le regard posé sur l'instant minuscule, grand en émotion ressentie,... en navigation côtière ou hauturière, maîtresse des eaux, j'abandonne l'ave rond et laisse libre cours au lai en mouvance du temps infini des mots... me faufile sans déployer l'aile, reviens de l'autre fois, c'était hier, petit instant tendrement envolé, toujours en quête d'absolu, de sagesse... "la conscience dort dans la pierre, rêve dans la plante, s'éveille dans l'animal, prend conscience d'elle-même chez l'homme" (Pythagore).. étroitement liée au vide séparant deux mots, espace unique, intime, s'ouvre sur l'infini d'éternité..
SupprimerA ces voiles en toile de lin de l'autre.. loin... dépliées en élans fougueux, ...je te souhaite, chère Lydaine, une douce soirée sereine, comme tu aimes..
Je t'en brasse des toiles illuminées.
Den
Quel bonheur de te lire, je connais ta langue maintenant, tes développements bien à toi, tes retraites et déroulements de vie et d'amour, tes sauvageries douces, tes élans retenus et tes cheminements aux cahiers précieux ...Tu le regardes, cet étang d'amour que tu déploies, ce chat ronronnant, capricieux, mâle et femme de sens qui love à ses côtés...
RépondreSupprimerIl y a toujours la vitre pour se retirer ...et la fenêtre de tes mots.
Merci pour tout.
Comme toi, je fais attention à la vie nocturne, à ses écrits sur la main.
Je t'embrasse d'or.
... Tu reconnais ta langue chère soeur d'Âme Servanne ... suis toujours ton élève en écho-lierre.. et si je prends mes aises, c'est pour mieux me cacher mon enfant.. en déroulant ces instants de vie, ces silences, cette histoire de mémoire familiale en carnets intimes, c'est pour mieux vous plaire mes ami(e)s.. et je me mire dans le temps d'amour étiré ici, accompagnée par Caramel en rond ronnant, fidèle ami lové en coeur .. et quand la page devient trop personnelle, quand les mots disent plus qu'il ne le faut, la vitre entre ouverte permet au trot de s'éloigner, d'évacuer l'excès, et la fenêtre des maux se referme sous la lumière éclairée de la lune pleine et l'aronde le dit.. toute en d'or mi encensoir
SupprimerDen
Je vais revenir plus tard, Den pour pouvoir te lire tranquillement :-)
RépondreSupprimer.. je t'attends chère Fifi. Quand tu veux.
SupprimerBisous tardifs.
Den
Je me glisse dans le commentaire de Véronica, c'est si joliment et justement exprimé quant à tes écrits !
RépondreSupprimerBisous de bonne nuit, Den !
.. Tu y es Fifi.. entre les mots de Veronica...
SupprimerMerci pour toi aussi.
Bisous de bonne nuit, très, très tardive, tu vois !!
suis en retard dans mes commentaires..
Den