de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *Du sera, de l'est, et du fut...........

samedi 30 mai 2015

*Du sera, de l'est, et du fut...........

"Quelle est donc cette trame

Du sera, de l'est, et du fut ?

Quel est ce fleuve

Le long duquel coule le Gange ?

Quel est ce fleuve dont la source est inconcevable ?

Quel est ce fleuve

Qui emporte épées et mythologies ?

(...)

Il coule dans le sommeil, le désert, dans une cave.

Le fleuve m'emporte et je suis ce fleuve.

Je suis fait d'une matière périssable, de temps mystérieux.

Peut-être la source se trouve-t-elle en moi.

Peut-être de mon ombre

Sourdent, fatals, illusoires, les jours".

Jorge Luis Borges

La proximité de la mer.

Une anthologie de 99 poèmes

*****

"La quête de la vie-sans-fin (3)

(Réf : Sur les épaules de Darwin - France Inter)

émission de Jean-Claude Ameisen

du 23 mai 2015

*****

6 commentaires:

Maria-Lina30 mai 2015 à 12:55
C'est tout beau! Bise et bon samedi tout en douceur!
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Den30 mai 2015 à 13:10
Merci Maria-Lina... Bisou en retour... et bonne fête demain, à toutes les mamans, à celles qui sont, qui seront, ou à celles qui n'ont pas eu la chance de l'être.. je ne les oublie pas..
Den
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ANNE30 mai 2015 à 13:35
Bonjour Den, il faudrait que je raconte un très vieux souvenir de Borgès, mais c'est trop long.
de tout ♥, je te souhaite une très douce et tendre fête des mamans et grands-mamans!!! Bisous!
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Denise30 mai 2015 à 17:23
Bonjour chère Den, c'est un texte magnifique, je te remercie de ce très beau partage tout comme ta jolie photo de fleurs des prés.
Que ta journée de la fête des mères demain soit belle et douce. Bien en pensées avec toi.
Bisous ♥
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Par Den :
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard