(...)
Quelques extraits de "les ruines du ciel"
de Christian Bobin
que j'aime...
et vous ?
que j'aime...
et vous ?
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"Enfant je ne sortais pas dans les rues du Creusot.
Elles étaient des rivières qui menaient à l'usine-océan.
Je restais dans ma chambre, à lire.
Je vivais dans un monastère dont aucun roi n'aurait pu abattre les murs de papier.
Nous prenons nos métiers, nos visages et nos puissances dans l'enfance.
Nous n'en changeons plus ensuite.
Le soleil se couchait au-dessus de la montagne des boulets.
Son globe orangé a disparu en une seconde.
Lire et écrire sont deux points de résistance à l'absolutisme du monde.
On peut en trouver d'autres, comme cette gratitude qui accompagne la vue d'un soleil couchant,
la joie éternelle de se sentir mortel".
"Je ne suis pas fait pour ce monde.
J'espère que je serai fait pour l'autre"
(...)
*****.
"L'odeur de la jacinthe - si forte qu'elle m'arrache au sortilège de ma lecture pour me faire admirer la grâce de son agonie".
"Les parfums des fleurs sont les paroles d'un autre monde".
"La mort a pris mon père mais elle a oublié son sourire comme un cambrioleur surpris s'enfuit en abandonnant une partie de son butin".
"Dieu accessible au coeur et non à la raison est la plus belle rose sauvage du rosier de Pont Royal."
(...)
"Les fleurs des champs sont des saintes qui s'arrachent au néant et s'élancent vers le ciel de toute la force de leurs tiges".
(...)
"Les livres sont la résidence secondaire de l'âme.
Quand elle pousse les volets de papier contre le mur, une lumière entre partout dans la pièce".
(...)
"Les livres sont des cloîtres de papier.
On peut s'y promener jour et nuit
Les jardins au centre des cloîtres symbolisent le paradis.
Avec le temps je suis devenu jardinier au paradis, passant chaque matin un râteau d'encre sur une étroite terre de papier blanc.
Il importe que tout soit harmonieux : le paradis n'est pas fait pour qu'on y vive mais pour qu'on le contemple
et que, d'un seul coup d'oeil sur lui, l'âme soit réconfortée".
(...)
Ah du Bobin, j'adore!!! Merci, bise et bon mardi tout doux!
RépondreSupprimerLe style de Bobin coule fluide et souriant...comme l'écrit Marcel Proust : "le style n'est jamais un enjolivement, comme croient certaines personnes, ce n'est même pas une question de technique, c'est comme la couleur chez les peintres - une qualité de la vision, la révélation de l'univers particulier que chacun de nous voit et que ne voient pas les autres. Le plaisir que nous donne un artiste, c'est de nous faire connaître un univers de plus". ("du côté de chez Swann")
SupprimerMerci Maria-Lina pour le plaisir de te lire, à chaque fois.
Bonne après-midi.
Bisou amical.
Den
Bonjour chère Den, merci de ton merveilleux billet avec les mots de Bobin... j'ai le même livre, il est là, à côté de mon ordinateur. Tes photos sont ravissantes qui accompagnent de très jolis mots.
RépondreSupprimerBel après-midi avec toute mon amitié.
Bisous chère Den ♥
Des mots qu'il est bon de savourer doucement, lentement.... lire et relire, découvrir encore et toujours...
SupprimerMerci Denise pour ton commentaire.
Bisou rendu.
Den
Le plus beau compliment que l'on m'ait fait, un jour, fut de me dire que j'écrivais un peu comme lui...
RépondreSupprimerJ'aime tellement son style et ses mots. je l'ai découvert il y a peu de temps, et je ne peux plus oublier certaines de ses phrases.
"La confiance est là matière première de celui qui regarde : c'est en elle que grandit la lumière. La confiance est là capacité enfantine d'aller vers ce que l'on ne connaît pas comme si on le connaissait.
La confiance est cette racine minuscule par laquelle le vivant entre en résonance avec toute la vie -avec les autres hommes, les autres femmes, comme l'air qui baigne la terre ou le silence qui creuse un ciel. Sans confiance, plus de lien et plus de jour. Sans elle, rien."
Merci Den pour ce billet.
¸¸.•*¨*• ☆
..."donne-moi quelque chose qui ne meure pas"..... tous ces mots magnifiques de Christian Bobin, si profonds, à déguster avec délectation tant ils sont parlants... quand il parle de confiance, "c'est en elle que grandit la lumière".... "la capacité enfantine d'aller vers ce que l'on ne connaît pas, comme si on le connaissait"...
RépondreSupprimerBobin bâtit ses phrases comme des sources claires au-dessus desquelles le lecteur pourrait se pencher et y découvrir le monde apaisé et serein ... une écriture si juste, si légère... une chanson joyeuse.....
Merci Célestine pour tes mots tardifs, que je découvre ce "mât-thym"..
douce journée à toi.
bisou amical.
Den
J'ai beaucoup aimé Christian Bobin, j'ai tout lu de lui (y compris les ruines du ciel), je l'ai beaucoup cité sur mon blog; maintenant, si je peux me permettre: je trouve qu'il tourne un peu en rond, se répète, un peu monomaniaque...Mais il écrit si bien, manie si bien la métaphore filée, sait si bien parler de ce qui est si évident que parfois, on ne le voit plus. C'est le poète de la vie quotidienne.
RépondreSupprimer..."il tourne en rond"... ça peut apparaître, parfois.... mais je ne le pense pas... son écriture est tellement fluide qu'elle peut sembler comme simplifiée... mais c'est tout.... tellement profonde... "ma vie, écrit-il dans Louise Amour, s'était passée dans les livres, loin du monde, et j'avais sans le savoir, fait avec mes lectures ce que les oiseaux par instinct font avec les branches nues des arbres : ils les entaillent et les triturent jusqu'à en détacher une brindille bientôt nouée à d'autres pour composer leur nid".
SupprimerUn auteur "amoureux du silence et des roses".
Bisou Anne.
J'espère que tu vas bien.
Bon week-end à venir.
Den