de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *La guerre...

samedi 22 mai 2021

*La guerre...

Le Président Poincaré abrège son voyage à l'étranger.

On est en juillet 1914. La situation est grave.

La mobilisation est fixée au dimanche 2 août.

Le lendemain, 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France.

Justin n'a pas trois mois, et pourtant cet été là demeure un été inoubliable bien que catastrophique, parce que luxuriant, estival, un air de je ne sais quoi se balance dans le ciel d'un bleu soyeux, poudré, les journées sont douces, parfumées, radieuses, juste avant la déclaration de la guerre.

Les jeunes en âge de partir, les réquisitionnés, ne souhaitent pas rater cette expérience aussi étonnante qu'excitante. Ils se pressent autour des drapeaux, désireux sans limite de sauver leur pays, entassés dans des trains qui les mènent souvent à la mort. Ils découvrent pourtant là une guerre bien différente de ce qu'ils croient.

Den

-=-==-

***

6 commentaires:

Marie22 mai 2021 à 18:12
Oui, il ne savait pas...
Que de vies brisées
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ANNE G23 mai 2021 à 08:53
Ce sont des leçons d'histoire. Tout cela est précieux! Feuillets arrachés au temps....
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marine D23 mai 2021 à 08:53
Ils partaient conquérants, le fleur au fusil...
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Par Den :
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard