Aix-en-Provence
A l'aube de ses vingt-et-un ans, en septembre 1942, à la rentrée, maman
rencontre pour la première fois mon père. Il a sept ans de plus qu'elle.
Elle le revoit encore, heureuse de retrouver son image dans
un coin de sa mémoire, dans son petit pardessus bleu marine, chacun de
son côté regardant le manège tournant à fière allure, en bas du Cours
Mirabeau.
Maman n'avait jamais rien vu de pareil. Les chevaux de bois, qui montent
et qui descendent, les enfants qui tentent d'attraper la queue de
Mickey pour gagner un tour supplémentaire, les autos-tamponneuses, la
roue là-haut dans le ciel, les couleurs bariolées, les rires des
enfants, les cris des adultes, les barbes à papa, les pommes d'amour,
les confettis lancés par un inconnu qui vous trouve jolie, le vent dans
les cheveux, et puis, et puis... Tout cela grise Camille, et elle a la
tête qui tourne, par tout ce monde, ce bruit... elle n'a pas l'habitude.
De plus, ce jeune homme sympathique semble à son goût, et lui apparaît très gentil... très attentionné.
"voulez-vous faire un tour de manège ?"
"non, pas sur celui-là, il monte trop haut".
"Je m'appelle Justin. Et vous ?"
... "Camille" elle répond..
Gentil papa opte pour le plus petit des manèges, celui des enfants, entraînant sa belle dans un rire communicatif.
Belle, elle l'était Camille dans sa robe de fin d'été, pas encore
automnale, il fait chaud en septembre en Provence, et Juju n'avait
d'yeux que pour elle. Belle, elle l'est restée pendant plus de cinquante
ans avec lui.
C'est dire que ce fut une belle et longue histoire d'amour.
Je les ai connus, jeunes, beaux, amoureux, moins jeunes, vieillissants, mais l'amour que l'on porte à ses parents est sans âge.
Il demeure éternel.
Papa a rejoint les étoiles à la fin de l'année 2002, le 18 décembre à l'âge de presque 89 ans.
Sa présence est constante en nous. En bon papa, il continue de nous protéger.
Nous ne l'oublions pas.
Il ne parlait pas énormément Justin, mais chacun savait ce que l'autre pensait. Pour ça, nous nous entendions bien.
Les temps changent. Les époques aussi.
Un père reste un père.
Il nous montre le chemin, et même si nos voies parfois s'éloignent, pas
longtemps, un peu, sans que l'on sache parfois pourquoi, les enfants
doivent vivre leur vie... il demeure en nous une infinie parcelle
d'amour.
Indestructible.
Une belle histoire entre Juju et Camille partie pour les étoiles elle aussi, en mars 2017 à l'âge de 95 ans..... , mais on n'est qu'au début de leur histoire.
Den
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On dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire je suis certain qu’ils ont fait mentir cet adage
RépondreSupprimerTu as raison Robert ! en effet. Quel bonheur de vivre avec eux, être de leur famille !
Supprimerc'étaient mes parents, et je leur dois beaucoup !
merci à toi.
Tu refais un tour dans l'histoire des parents et grands, et dans la grande Histoire. Je retrouve souvent dans ma tête la voix de ma mère qui racontait tout cela, la guerre, l'exode en Charentes...Je suis reconnaissante à ma mère d'avoir évoqué tout cela, d'avoir évoqué son enfance, sa jeunesse. La transmission se faisait souvent par les femmes, les hommes étaient plus taiseux.
RépondreSupprimerBonne soirée, Den. Bises !
La voix est importante quand on veut se souvenir, les mots aussi ! les documents également les photos... pour ne pas oublier. Les femmes plus que les hommes en effet. C'est une constatation... ils sont plus taiseux, mais n'empêche qu'ils peuvent nous surprendre quand ils racontent, quand ils déposent leurs ressentis dans leur passé ou celui de leurs aïeux !
RépondreSupprimerMerci Fifi pour tes mots qui rajoutent du sens au sens.
Merci.
Bonne fin d'après-midi.
Bises aussi et douce semaine à toi...