"Tu n'as pas de visage
et sans doute est-ce pourquoi mes mots s'en vont vers toi
cherchant à cerner l'ombre que tu es,
un chien aboie, des voix parlent,
le silence est toujours si fragile,
cette solitude où pour la première fois tu viens au monde,
où peut-être tu pourras aussi,
je ne te connais pas, tu n'es rien que l'obscur de ma phrase,
cet appel soudain, au volant, conduisant sur une route en pente,
le soleil à gauche éclairait les collines
et j'ai su que de quelque façon tu devais exister,
ombres, visage négatif, tu étais là sans corps, sans nom
en moi ce présent (...)
... mais c'est toi qui parles maintenant,
le sang, la bouche d'ombre intermittent
tu clignotes entre les mots (...)
Je t'appelle dans l'obscure marée de la phrase
comment continuer avec ce poids mort des heures
qui te recouvrent et qu'il est dur de les repousser,
tenter d'être ton rythme d'eau (...)
combien de minutes pourrai-je encore tenir le fil,
remonter peu à peu vers toi
(...) Je tends la main comme pour toucher la tienne,
mais seuls mes mots peuvent encore t'approcher,
un à un ils s'en vont vers toi,
te halant imperceptiblement, je t'imagine un jour,
ruisselant, sanglant,
je te regarde invisible à travers des couches de temps"..
Jacques Ancet
La tendresse
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