de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: ...""Le Promontoire du Songe"..... (Victor Hugo)

dimanche 7 juillet 2013

...""Le Promontoire du Songe"..... (Victor Hugo)

"..... (...) comme dans cette lune où notre regard abordait tout à l'heure, il y a la cime du rêve.

A cette cime du rêve est appuyée l'échelle de Jacob. Jacob couché au pied de l'échelle, c'est le poète, ce dormeur qui a les yeux de l'âme ouverts.

Cette cime du Rêve est un des sommets qui dominent l'horizon de l'Art.

Tout songeur a en lui ce monde imaginaire. Cette cime du rêve est sous le crâne de tout poète, comme la montagne sous le ciel.

Donc, songez, poètes ; songez, artistes ; songez philosophes, ; penseurs, soyez rêveurs.

L'Homme a besoin du rêve.

Platon rêve l'Atlantide, Dante rêve le Paradis, Milton rêve l'Eden, Thomas Morus, la cité 'Utopia,

Campanella, la Cité du Soleil, Hall la Mundus Alter, Cervantes Barataria, Fénelon Salente.

Seulement, n'oubliez pas ceci : il faut que le songeur soit plus fort que le rêve".(...)

Victor Hugo

Le Promontoire du Songe.

(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)

émission du 6 juillet 2013

"Cette étoffe sur laquelle naissent les rêves (2)

***

4 commentaires:

Fifi10 juillet 2013 à 14:12
Je suis en train de réécouter l'émission que tu mentionnes. Nous avons tous des émissions fétiches et si n'arrivons à les entendre en temps voulu c'est chouette de pouvoir les réécouter.
Jolie mise en images de ce que tu as entendu et lu !
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Mathilde12 juillet 2013 à 15:31
Comme j' aime ce texte du grand Victor...être un songeur capable de broder sa vie sur l' étoffe des songes..;-))
C 'est un vrai cadeau que ces quelques lignes qui nous font un joli programme pour chacun de nos jour à la fois semblable mais toujours différent...:-))
Hier je suis tombée par hasard sur un vieux n° de " L' illustration " et j' ai découvert des pensées et des poèmes inédits de V.Hugo..
Un joli moment après une journée soleil ponctuée de petits moments tellement différents les uns des autres...
Plein de bisous Den..
Depuis que Mr Reader nous a laissé tomber je suis un peu en retard pour les visites..!!
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Par Den :
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard