Prologue
Il était une fois un petit garçon dont le père était ouvrier agricole dans une ferme de Normandie.
Le petit garçon parlait beaucoup ; son père se taisait beaucoup.
Quand il était jeune, son père travaillait avec les chevaux. Il marchait des heures et des heures derrière un gros cheval bien lourd.
Quand il fallait labourer, il leur donnait des ordres pour avancer, reculer, s'arrêter, tourner au bout du champ.
Le père du petit garçon connaissait bien la nature, le soleil et la lune, les saisons qui se suivent et se ressemblent, le blé qu'on sème et celui qu'on moissonne, l'odeur de l'herbe et celle des foins, le printemps des fleurs et les neiges de l'hiver.
Il connaissait bien aussi la nuit et tout ce qu'elle racontait à qui savait la regarder, l'écouter et l'entendre. La lune montante et la lune descendante, la lune croissante et la lune décroissante, le halo blanc autour d'elle, les nuits couvertes et les étoiles scintillantes.
*
Un soir, il conduisit son fils sur le pas de la porte pour lui montrer les étoiles. Il lui raconta tout ce qu'on trouve dans le ciel quand on prend le temps de le regarder : la Grande et la Petite Ourse, le Petit et le Grand Chariot, la constellation de la Baleine, celle des autres animaux : le Sagittaire et les Poissons, le Lièvre et le Loup, le Taureau et le Bélier, le Dragon et le Centaure, la tête de Cheval et l'oeil de Chat, les dentelles du Cygne et le Poisson volant, l'Oiseau de paradis et la Mouche du sud et tant d'autres dessins faits avec les lumières dans la Voie lactée.
Il lui montra aussi l'étoile polaire : première levée, dernière couchée. Elle est la première qui s'allume la nuit tombée, la dernière qui s'éteint au lever du matin. Toujours au même endroit, elle indique le nord.
Quand on sait où elle est, on sait toujours où l'on est. On ne peut donc plus jamais se perdre. Le père dit à son fils qu'il faut être comme une étoile polaire : premier levé, dernier couché, toujours ponctuel, brillant avec le même feu.
Il lui dit également que les belles lumières qui scintillaient dans le ciel venaient de très très loin.
De tellement loin qu'il leur avait fallu un très très long temps pour que leur lumière vienne jusqu'à nous. Un tellement long temps que leur lumière était partie il y a des millions d'années, qu'elle arrivait seulement maintenant, mais qu'il y avait des millions d'années qu'elles étaient mortes. Ainsi, mortes là-bas, elles étaient encore vivantes ici.
Le fils demanda à son père si nous aussi, quand nous serions morts ici nous pourrions être vivants là-bas.
"Peut-être..." répondit le père. "Peut-être..."
*
Un jour, le père travaillait dans un champ avec son fils. Ils plantaient tous deux des pommes de terre. Le père faisait un trou avec une houe, le fils envoyait une petite pomme de terre dans le trou. Le père refaisait un trou et recouvrait le trou d'avant avec la terre enlevée pour faire le trou d'après. Et les pommes de terre disparaissaient ainsi les unes après les autres sous la terre.
Le petit garçon traînait le lourd panier. Le père avançait et ouvrait la terre, fermait la terre, ouvrait la terre, fermait la terre. Une pomme de terre après l'autre.
*
Un soir, il conduisit son fils sur le pas de la porte pour lui montrer les étoiles. Il lui raconta tout ce qu'on trouve dans le ciel quand on prend le temps de le regarder : la Grande et la Petite Ourse, le Petit et le Grand Chariot, la constellation de la Baleine, celle des autres animaux : le Sagittaire et les Poissons, le Lièvre et le Loup, le Taureau et le Bélier, le Dragon et le Centaure, la tête de Cheval et l'oeil de Chat, les dentelles du Cygne et le Poisson volant, l'Oiseau de paradis et la Mouche du sud et tant d'autres dessins faits avec les lumières dans la Voie lactée.
Il lui montra aussi l'étoile polaire : première levée, dernière couchée. Elle est la première qui s'allume la nuit tombée, la dernière qui s'éteint au lever du matin. Toujours au même endroit, elle indique le nord.
Quand on sait où elle est, on sait toujours où l'on est. On ne peut donc plus jamais se perdre. Le père dit à son fils qu'il faut être comme une étoile polaire : premier levé, dernier couché, toujours ponctuel, brillant avec le même feu.
Il lui dit également que les belles lumières qui scintillaient dans le ciel venaient de très très loin.
De tellement loin qu'il leur avait fallu un très très long temps pour que leur lumière vienne jusqu'à nous. Un tellement long temps que leur lumière était partie il y a des millions d'années, qu'elle arrivait seulement maintenant, mais qu'il y avait des millions d'années qu'elles étaient mortes. Ainsi, mortes là-bas, elles étaient encore vivantes ici.
Le fils demanda à son père si nous aussi, quand nous serions morts ici nous pourrions être vivants là-bas.
"Peut-être..." répondit le père. "Peut-être..."
*
Un jour, le père travaillait dans un champ avec son fils. Ils plantaient tous deux des pommes de terre. Le père faisait un trou avec une houe, le fils envoyait une petite pomme de terre dans le trou. Le père refaisait un trou et recouvrait le trou d'avant avec la terre enlevée pour faire le trou d'après. Et les pommes de terre disparaissaient ainsi les unes après les autres sous la terre.
Le petit garçon traînait le lourd panier. Le père avançait et ouvrait la terre, fermait la terre, ouvrait la terre, fermait la terre. Une pomme de terre après l'autre.
L'Etoile Polaire
Michel Onfray * Mylène Farmer
Grasset
***
4ème de couverture :
On trouvera dans ce conte philosophique de Michel Onfray, illustré par Mylène Farmer, un arbre-monde, une constellation de la Baleine, un snekkar de feu, des hommes à peau rouge, des créatures venues d'ailleurs.... mais surtout une étoile polaire devenue pierre de soleil qui permettra au petit garçon bavard d'un ouvrier agricole taiseux de rester éternellement fidèle à son père, mort debout sous ses yeux comme un chêne foudroyé par une nuit sans lune.
****
"Rien ne paraît plus surprenant que la rencontre entre un philosophe admiré et une chanteuse adulée, entre une artiste qui remplit Bercy ou le Stade de France et le penseur de l’Université Populaire de Caen.
Et pourtant…
Pour ceux qui les connaissent, il y a bien un lexique commun entre Mylène Farmer et Michel Onfray - puisque tous deux entretiennent une relation particulière au sacré, au mystère, au fantastique, à la fidélité spirituelle.
Du coup, s’est produite une étrange histoire: Michel Onfray a écrit un conte qui, par d’étranges cheminements, a été lu par Mylène Farmer.
En quelques échanges, ces deux créateurs qui ne se connaissaient pas sont convenus de travailler ensemble: à l’un les mots, à l’autres les images…
Résultat magnifique.
On ne racontera pas ici l’histoire dudit « conte » : résumer ce nouveau « Petit Prince » serait l’abîmer.
Et pourquoi dénaturer le miracle d’une intrigue toute en nuances, en allusions, en fantasmagories?
Disons seulement qu’on y retrouvera une étoile polaire, une baleine, des aventures, des créatures venues d’ailleurs - quoique…
La mort et la résurrection, le souvenir, sont les vrais acteurs de cette belle histoire.
Il suffit de s’y abandonner"
L'éditeur.
****
Bonne lecture !
Den
Bonjour Den,
RépondreSupprimerJ'aurais bien voulu entre cette musique j'adore Mylène Farmer, un jour peut-être...
Gros bisous, bonne soirée & bel automne !
Merci à toi Floralie.
SupprimerBisous.
Coucou ma belle. En commençant à lire les extraits, j'ai immédiatement pensé au "Petit Prince". Voilà quelque chose qui me parle car la magie transparaît dans chaque mot et chaque illustration. Un très beau duo tout à fait improbable mais qui sait parler à notre coeur d'enfant. Merci pour cette découverte. Je vais filer en librairie! Bises alpines.
RépondreSupprimerD'accord avec toi Dédé, livre commandé sur A....N samedi, déposé dans ma boîte aux lettres aujourd'hui dimanche.... c'est pas beau ça (avec Prime c'est super rapide) .
SupprimerCe livre est splendide.... j'aime la simplicité des mots de l'auteur que j'aime depuis toujours.... et les aquarelles de Mylène Farmer très très belles !Un duo qui aurait pu paraître hasardeux, et qui ne l'est pas car ils possèdent des points communs : un même langage pour le sacré, le mystère, un univers créatif.
Subjuguée par ce conte qui peut être comparé au Petit Prince de St Exupéry, une autre version... Une jolie oeuvre à quatre mains.
Moi j'ai aimé.
Merci Dédé... ton coeur de petite fille l'aimera.
bisous de bonne soirée.
Il a l'air magique ce livre, très envie de me l'offrir...Merci pour ce beau partage!
RépondreSupprimerTrès beau livre, déjà de par sa couverture... belle première page, le dessin qui l'illustre... de par son papier épais aussi .. j'ai aimé tourner ses pages qui nous emmènent ailleurs, comme j'aime, comme tu aimes je crois, Marie ... il y est question de rêve, de voyage, de découverte et de mythologie scandinave. Le tout entrecoupé par des aquarelles de Mylène Farmer pour mettre en images les mots du philosophe.
Supprimerà lire par petites goulées, l'histoire de ce père et ce petit garçon, que l'on sait qu'il s'agit bien de l'auteur, curieux de l'univers, de ce qui l'entoure.... questionnant son papa, bien que taiseux n'en était pas moins intéressé par "la nature, le soleil et la lune, les saisons qui se suivent et se ressemblent, le blé qu'on sème et celui qu'on moissonne"..... mais aussi "la nuit et tout ce qu'elle racontait à qui savait la regarder, l'écouter et l'entendre. La lune montante et la lune descendante, la lune croissante et la lune décroissante, le halo blanc autour d'elle, les nuits couvertes et les étoiles scintillantes"..
A partir de cela l'enfant s'est construit et l'enfant devenu adulte a bâti ce conte fantastique qui mêle réalité et l'imaginaire....
Merci Marie pour tes mots, et bonne lecture de cette pierre de soleil...
Den
Je découvre ce conte et je crois qu'il fera partie de mes cadeaux de noël...
RépondreSupprimerMerci pour cette belle découverte, Den
♥︎
Je l'ai découvert aussi et je suis toute étonnée de n'en avoir jamais entendu parlé.... j'ai lu depuis quelques articles qui ne parlaient pas de réussite, mais je ne suis pas tout à fait d'accord, même si parfois il y a un peu de confusion.... Il est vrai que tout le monde ne peut et ne veut comprendre le mystère, l'imaginaire, le sacré, l'ésotérisme !!
SupprimerUn beau conte philosophe pour moi. Mais évidemment à chacun de voir.
Bonne lecture Céleste, je sais que la rêveuse qui demeure en toi, aimera.
Bisous.
Etonnante rencontre Den, et une histoire qui parle à tout un chacun, un conte philosophique dans la veine du petit Prince, semble-t-il, je ne connais pas ce livre, est-il récent ?
RépondreSupprimerMerci Den
De 2015..où étaient les médias, qui en a parlé ?
RépondreSupprimerUn conte et un arbre-monde, une constellation, des créatures venues d'ailleurs, de quoi laisser vagabonder la rêverie de tout un chacun !
merci à toi, et un bisou Marine.
Un grand merci Den pour ce merveilleux partage. J'ai lu avec bonheur ces magnifiques extraits. Je ne connaissais pas du tout et encore moins les talents de peinture de Mylène Farmer.
RépondreSupprimerBelle journée et mes bisous ♥
j'ai découvert cet ouvrage en même temps que vous, lu pendant ce même temps et apprécié d'une part, car j'aime le personnage qu'est l'auteur, et d'autre part, j'ai remarqué le talent de Mylène Farmer comme aquarelliste.. un duo improbable, mais qui a réussi sa collaboration.
Supprimermerci pour tes mots, Denise.
Un doux samedi.
Mes bisous amicaux.