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J’habite une blessure sacrée
j’habite des ancêtres imaginaires
j’habite un vouloir obscur
j’habite un long silence
j’habite une soif irrémédiable
j’habite un voyage de mille ans
j’habite une guerre de trois cent ans
j’habite un culte désaffecté
entre bulbe et caïeu j’habite l’espace inexploité
j’habite du basalte non une coulée
mais de la lave le mascaret
qui remonte la calleuse à toute allure
et brûle toutes les mosquées
je m’accomode de mon mieux de cet avatar
d’une version du paradis absurdement ratée
-c’est bien pire qu’un enfer-
j’habite de temps en temps une de mes plaies
chaque minute je change d’appartement
et toute paix m’effraie
tourbillon de feu
ascidie comme nulle autre pour poussières
de mondes égarés
ayant craché volcan mes entrailles d’eau vive
je reste avec mes pains de mots et mes minerais secrets
j’habite donc une vaste pensée
mais le plus souvent je préfère me confiner
dans la plus petite de mes idées
ou bien j’habite une formule magique
les seuls premiers mots
tout le reste étant oublié
j’habite l’embâcle
j’habite la débâcle
j’habite le pan d’un grand désastre
j’habite souvent le pis le plus sec
du piton le plus efflanqué-la louve de ces nuages-
j’habite l’auréole des cétacés
j’habite un troupeau de chèvres tirant sur la tétine
de l’arganier le plus désolé
à vrai dire je ne sais plus mon adresse exacte
bathyale ou abyssale
j’habite le trou des poulpes
je me bats avec un poulpe pour un trou de poulpe
frères n’insistez pas
vrac de varech
m’accrochant en cuscute
ou me déployant en porona
c’est tout un
et que le flot roule
et que ventouse le soleil
et que flagelle le vent
ronde bosse de mon néant
la pression atmosphérique ou plutôt l’historique
agrandit démesurément mes maux
même si elle rend somptueux certains de mes mots
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Calendrier lagunaire
recueil : Moi, laminaire – Aimé Césaire (1982)
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Un poème saisissant!
RépondreSupprimerJ'habite...chacun habite son passé, ses blessures et ses rêves...ses désillusions et ses chemins perdus!
ce sont des mots profonds et si vrais
Heureux ou malheureux notre passé se souvient, en se rappelant à nous... IL nous réconforte ou nous enferme... nid ou prison... Il est une trace indélébile, un champ de contraintes dont on ne peut ignorer l'étendue...
SupprimerEt si Nietzsche, déjà, nous disait « Souviens-toi d’oublier », c’est parce qu’il savait combien le passé pouvait être « un fossoyeur du présent ». Collé au passé, il devient impossible de goûter ce qui se donne à vivre. Et la douce nostalgie de virer à la mélancolie, voire à la dépression.
Comment faire pour trouver la juste mesure de son équilibre. Se souvenir en s'apaisant !
merci Marie pour tes mots ...
bonne soirée à toi.
Den
C'st beau c'est fort, merci Den, c'est magique aussi..
RépondreSupprimerLe présent n'est pas meilleur que le passé...
Je t'embrasse
Beau, fort et profond !
RépondreSupprimermerci Marine pour tes mots.
Je t'embrasse aussi.
C'est un très beau texte, qui parle aux cerveaux foisonnants, ceux qui par la pensée habitent dix lieux en même temps, et cent moments, et mille émotions...
RépondreSupprimerDevait être un peu sur-efficient sur les bords et au milieu, Aimé... ;-)
¸¸.•*¨*• ☆
Un cerveau qui pense vite, haut, loin et longtemps, qui s'enfume presque, mais ne met pas le feu ! merci à toi Céleste.
SupprimerJe t'embrasse jusqu'à tes collines azurées.
Merci pour ce partage chère Den, superbe ce texte ainsi que la vidéo! Bise, bon jeudi tout doux!
RépondreSupprimer...billet que j'ai voulu partager avec vous, toi.
SupprimerBisou amical Maria-Lina.
merci.