"Les blessures de l'existence, les manques et les pertes nous mettent en demeure de créer d'autres mondes plus habitables où nos âmes assombries seront ensoleillées par nos oeuvres.
Quand la créativité est fille de la souffrance, l'écriture rassemble en une seule activité les principaux mécanismes de défense : l'intellectualisation, la rêverie, la rationalisation et la sublimation.
Crier son désespoir n'est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi.
Il faut mettre en scène l'expression de son malheur pour en remanier la représentation. Lorsque le spectateur applaudit ou quand le lecteur comprend, il confirme que le malheur a été métamorphosé en oeuvre d'art. Le blessé ne réintègre l'univers des gens heureux qu'en créant chez eux un moment commun d'émotion, de joie ou d'intérêt.
Ecrire dans la solitude, pour ne plus se sentir seul, est un travail imaginaire qui trahit le réel puisqu'il le rend partageable, mais apaise l'auteur en tissant un lien de familiarité avec celui (celle) qui le lira.
Pourtant l'écriture n'est pas une thérapeutique.
L'auteur a souffert de son malheur, il ne redeviendra jamais sain, comme avant. Le travail de l'écriture l'aide plutôt à métamorphoser sa souffrance. Avant, j'étais dans la brume comme une âme errante, là ou ailleurs, sans savoir où aller, sans comprendre. Depuis que j'ai écrit, je me suis mis au clair, je ne suis plus seul, j'ai repris une direction, mais je ne suis pas guéri, je ne redeviendrai jamais comme avant puisque la blessure est dans mon corps, dans mon âme et dans mon histoire.
Mon malheur charpente ma personnalité. Tout ce que je perçois, les objets, les lieux, les maisons et les raisons, sont référés au malheur passé, mais je n'en souffre plus. Puisque j'ai trouvé un sens, mon monde intime a pris une autre direction. Depuis que j'ai écrit mon malheur, je le vois autrement : "aux effets de symbolisation et de trace qui sont plus forts dans l'acte d'écrire que dans celui de parler, il faut ajouter les bénéfices secondaires de prise de recul, d'apaisement et de reconnaissance".
Quand le malheur entre par effraction dans le psychisme, il n'en sort plus. Mais le travail de l'écriture métamorphose la blessure grâce à l'artisanat des mots, des règles de grammaire et de l'intention de faire une phrase à partager. L'objet écrit est observable, extérieur à soi-même, plus facile à comprendre. On maîtrise l'émotion quand elle ne s'empare plus de la conscience. En étant soumis au regard des autres, l'objet écrit prend l'effet d'un médiateur.
Je ne suis plus seul au monde, les autres savent, je leur ai fait savoir. En écrivant j'ai raccommodé mon moi déchiré ; dans la nuit, j'ai écrit des soleils".
Boris Cyrulnik
La nuit, j'écrirai des soleils.
****
Quand la créativité est fille de la souffrance, l'écriture rassemble en une seule activité les principaux mécanismes de défense : l'intellectualisation, la rêverie, la rationalisation et la sublimation.
Crier son désespoir n'est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi.
Il faut mettre en scène l'expression de son malheur pour en remanier la représentation. Lorsque le spectateur applaudit ou quand le lecteur comprend, il confirme que le malheur a été métamorphosé en oeuvre d'art. Le blessé ne réintègre l'univers des gens heureux qu'en créant chez eux un moment commun d'émotion, de joie ou d'intérêt.
Ecrire dans la solitude, pour ne plus se sentir seul, est un travail imaginaire qui trahit le réel puisqu'il le rend partageable, mais apaise l'auteur en tissant un lien de familiarité avec celui (celle) qui le lira.
Pourtant l'écriture n'est pas une thérapeutique.
L'auteur a souffert de son malheur, il ne redeviendra jamais sain, comme avant. Le travail de l'écriture l'aide plutôt à métamorphoser sa souffrance. Avant, j'étais dans la brume comme une âme errante, là ou ailleurs, sans savoir où aller, sans comprendre. Depuis que j'ai écrit, je me suis mis au clair, je ne suis plus seul, j'ai repris une direction, mais je ne suis pas guéri, je ne redeviendrai jamais comme avant puisque la blessure est dans mon corps, dans mon âme et dans mon histoire.
Mon malheur charpente ma personnalité. Tout ce que je perçois, les objets, les lieux, les maisons et les raisons, sont référés au malheur passé, mais je n'en souffre plus. Puisque j'ai trouvé un sens, mon monde intime a pris une autre direction. Depuis que j'ai écrit mon malheur, je le vois autrement : "aux effets de symbolisation et de trace qui sont plus forts dans l'acte d'écrire que dans celui de parler, il faut ajouter les bénéfices secondaires de prise de recul, d'apaisement et de reconnaissance".
Quand le malheur entre par effraction dans le psychisme, il n'en sort plus. Mais le travail de l'écriture métamorphose la blessure grâce à l'artisanat des mots, des règles de grammaire et de l'intention de faire une phrase à partager. L'objet écrit est observable, extérieur à soi-même, plus facile à comprendre. On maîtrise l'émotion quand elle ne s'empare plus de la conscience. En étant soumis au regard des autres, l'objet écrit prend l'effet d'un médiateur.
Je ne suis plus seul au monde, les autres savent, je leur ai fait savoir. En écrivant j'ai raccommodé mon moi déchiré ; dans la nuit, j'ai écrit des soleils".
Boris Cyrulnik
La nuit, j'écrirai des soleils.
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J'aime cet auteur, mais il n'a pas toujours raison. Pour moi, si, écrire , dire, exprimer son ressenti permet de s'en soulager . Et j'en profite pour t'embrasser, te souhaiter un bon dimanche.
RépondreSupprimerMille pensées amicales!
https://youtu.be/RAKtRGIcZ7s
Supprimeramitiés Anne
L'écriture est thérapeutique, c'est vrai car certains chagrins sont si lourds à supporter...
RépondreSupprimerJolie musique Den la musique aussi m'aide à survivre... Merci et bisous
Mes amitiés Marine.
SupprimerJe t'embrasse très fort et pense à toi souvent.
Den
Dans nos nuits écrivons des soleils!
RépondreSupprimeroui, merci Marie.
SupprimerBonne soirée.
Bien des états d'âmes et d'esprit existent, on peut voir les choses ainsi, être rationnel ou alors transcender la souffrance, de temps en temps, l'humain n'est pas un bloc, il oscille et tente de se redresser dans les tempêtes comme le roseau... Pour moi l'écriture peut être un cri, un murmure, un apaisement, juste un souvenir que l'on veut garder comme un trésor, une manière d'exprimer comme une musique intérieure...
RépondreSupprimerChacun réagit à sa manière, selon les moments en tout cas...
Comment vas-tu Den
Je t'embrasse?
Les mots crient parfois sur le papier, ils murmurent aussi et apaisent. C'est selon, tu as raison.
RépondreSupprimerça va, mais vu le contexte actuel, c'est pas évident à vivre à moins d'être inconscient !
et toi comment vas-tu ?
On s'appelle un de ces jours ?
Je t'embrasse également.