Erri De Luca est un écrivain italien, vivant à Rome. Sa
voix, portée par une parole politique, humaniste et poétique, est celle
d'un éternel dissident. Dans cette lettre adressée à une activiste,
actuellement incarcérée à Turin, il nous parle d'espoir, d'union et de
lutte.
Rome, le 23 mars 2020
Lettre adressée à Nicoletta Dosio, 74 ans, enseignante de latin et de grec, à la retraite, condamnée à un an de prison pour la lutte contre le tunnel de Val di Susa, et depuis trois mois recluse à Turin.
"Chère Nicoletta,
En ces jours, je relis. J’ai à nouveau sur mes genoux les lettres de Rosa Luxembourg depuis la prison de Berlin. Dans l’une, adressée à Mathilde Jacob le 7 fevrier 1917, Rosa raconte le cri de la mésange, tss-vi, tss-vi. Elle sait l’imiter au point que la mésange s’approche de ses barreaux.
Rosa écrit :
Malgré la neige, le froid et la solitude, nous croyons, moi et la mésange, à l’arrivée du printemps.Et nous voici aux jours qui déclarent l’hiver expiré. Tu es recluse, et par une mystérieuse solidarité, un peuple tout entier s’est enfermé chez lui. Les roues ne roulent pas, le Nord de l’Italie émigre au Sud, les balcons se remplissent de familles. Les économistes ont disparu : tout le pouvoir et toute la parole sont aux médecins.
Je suis dans mon champ, et je regarde la progression des bourgeons sur les arbres. En Italien « bourgeon » et « gemme » sont le même mot : « gemma ». Donc chez nous, les bourgeons sont aussi des pierres précieuses et le Printemps est une joaillerie à ciel ouvert pour toutes celles et ceux qui savent l’admirer.
Ici, les personnes se font la politesse de se tenir à l’écart, de s’éviter
Chez vous, dans les cellules, il n’y a même pas l’espace de se tourner. Aux malades de pneumonie manque l’air, que vous devez respirer à plusieurs. Les prisons surpeuplées sont devenues, par surcharge pénale, des laboratoires de l’étouffement.Mais la vallée pour laquelle tu t’es battue et pour laquelle tu es en prison continue à produire et souffler un oxygène politique, celui qui surgit de l’intérieur d’une communauté, qui resserre ses fibres, et ainsi donne droit de citoyen à qui est traité par le pouvoir comme un sujet feudataire. Votre vallée, traitée comme une province rebelle, continue à faire obstacle au viol de son territoire.
Ton calme inflexible et intransigeant est celui de ta communauté. Il se manifeste quand un peuple se réveille.
Je suis fier de pouvoir m’adresser à toi, chère Nicoletta, avec le pronom « tu », fier d’être un parmi vous.
Je t’attends ici et te promets qu’à ta sortie tu trouveras la même union et le même printemps.
Je t’embrasse fort,"
Erri de Luca
"La mésange et moi, croyons au retour du printemps" un joli message d'espérance de Erri de Luca. Je connais de lui son livre "Trois chevaux", j'avais beaucoup aimé. Merci pour ce billet plein d'espoir, Den. Je te souhaite un bel après-midi, et je t'embrasse.
RépondreSupprimerPS : j'ai un peu de mal à lire tes textes avec cette police de caractères...
Merci Françoise pour ton message.... Erri de Luca est pour moi un humaniste poète.... oui il fait de la politique, comme tout le monde finalement... et c'est pour cela qu'il n'est pas toujours aimé.... moi je l'aime bien de par son originalité... Quant à la police de caractères que j'ai choisie pour mes textes, elle ressemble à une écriture à la main, c'est pour cela qu'elle habille mes écrits... Peut-être faut-il que tu lises plus lentement.... à moins que mes billets arrivent chez toi avec une écriture plus petite, ça arrive quelques fois.Je ne voulais pas d'une écriture trop stricte.... plus lisible évidemment, mais banale !
SupprimerBonne journée à toi.
Bisous (de loin) mais avec le coeur entier.
J'espère que tu vas bien, toi et tes tiens !
Il faut croire malgré tout ce que l'on entend aux belles choses, en l'avenir, bien sûr...
RépondreSupprimerPour toi Den, un petit air de printemps...
IL REVIENT…
Il revient le printemps sur un air de romance
Un air fleurant l’amour parfumé au jasmin
Pour que la vie soit rose et nos cœurs pleins d’entrain
Sur un air de tango ou de valse de Vienne
Il swingera ici, il rapera là-bas…
Jetant des pas de deux à dérouler sans faute
Les bancs publics auront leur plein d’entrelacés
Les bois ont du muguet à trousse chemiser
Le coucou vous épie méfiez vous, il ricane
Les oiseaux font leurs nids, prévoyants et joyeux
Vous regardez passer des passantes divines
Vous musardez rêvant de muses alanguies
Le Printemps est toujours votre excuse coquine
Après tout il est court et scande le poète
Cours y vite, cours-y vite, un clin d’œil, il a filé…
Bisous
Merci à toi ma chère Marine.
SupprimerTes mots sont superbes.
bisous aussi.
Le printemps nous apporte des mots pour demain sachons les déchiffer
RépondreSupprimerJe veux croire en la sagesse du printemps tout neuf qui prolonge mon regard, plus haut et loin, au-delà de ce que l'on pouvait imaginer !
Supprimermerci Marie.