vendredi 2 août 2013

*Je suis partie comme j'étais venue, les poches vides, le coeur lourd.....




Je me suis enfermée pour mieux te retrouver.. mais je me suis meurtrie aussi.
J'ai eu mal. Très mal.

Les murs fauves de la ville continuent inlassablement à se ressembler, mais je ne les vois plus.



Le ciel est sans merci. 
Des ombres gigantesques s'allongent derrière moi.

Je sais que même les odeurs de la pêche, de l'abricot, de la menthe et du thym ne parviendront
plus à chasser de ma tête ces jours arides entre nous.
Et bien, même s'il fallait recommencer... je...

Je ne vois rien dans la forêt initiatique.
Je m'enfonce, je m'enfonce, je nous enferme...



J'ai ouvert  de nouveau en moi une des portes de ma personnalité qui était fermée.
Je l'ai poussée vers l'au-delà, vers le rythme de l'univers, le cosmos ébranlé.

Je suis venue ; j'ai fait cela pour toi, pour toujours, à jamais, et je me suis laissée glisser le long de cette écluse, et je suis devenue son flot translucide, et son eau m'a emportée, ailleurs..
aux limites du monde, loin, loin, mais avec toi, parmi les torrents de mon imagination.


... je monologue, tu monologues ; la vie est ainsi faite ; la vie se passe ainsi.
Si je touche ma peau, c'est ta peau que je sens ; 
si je serre mes mains, ce sont tes mains que je sens.
Où es-tu mon Amour ? entre les lignes, entre les pages, ailleurs ?
Toi, tu es là-bas, et tu trouves ça évident de respirer sans moi, de vivre sans moi, et je t'en veux.
Tu respires, tu manges, tu vis quoi !
Ta pensée est sur moi, avec moi, ma pensée et ma solitude, ancrées en moi.
Je suis lasse de te vouloir, je t'en veux de te tenir partout où je vis, partout où je respire, dans tant de beautés.. sans moi.. je te désire entièrement ; pas un centimètre de moi où je ne te veuille pas.
Mais toi, vis-tu pour moi ?


Je suis partie comme j'étais venue, les poches vides, le coeur lourd luttant contre mon rêve.

***

Un faisceau lumineux est dans le ciel rayé.


La statue moussue au fond du jardin-refuge se tient bien en place, pour ne point changer, pour parfaire les choses.
C'est comme si.
Comme si....


Les massifs fleuris, le bassin miroir et ses fleurs de lotus aux pétales clairs évoquent la roue solaire,
et leur enracinement dans les eaux sont la naissance du monde. Symbole de fécondité en renouveau.










La fontaine aromatisée de camphre ou de gingembre, les ombrages verts, les fruits gorgés, savoureux,
c'est comme le jardin d'Eden.


Patience, il reviendra le jour des équilibristes sur un fil..

.. Pour l'instant, je ne pense qu'à une seule chose : aux mots que je griffonne.. que j'écris, et qui bouillonnent intérieurement.
Je me sens nerveuse.
Nerveuse et irritée de n'être pas suffisamment disponible à cela, scandée au rythme de la vie.

Me rendrai-je féconde en écrivant ?
Je ne pense qu'à ça.
La cicatrice tire en avant.
J'ai du mal à la refermer.
Toi aussi.

***

Une ombre passe devant mes yeux..

***

De la fumée..
Elle élève la prière, et l'hommage en purifiant rituellement ; c'est rien !
L'obscurité m'inonde de pénombre.
L'encens, le cèdre, les résines, participent à la fête.


Den
Août 1998

***



***

4 commentaires:

  1. Chère Den je pense que tu es revenue les poches pleines de talent dont tu nous fais profiter de jour en jour...Les photos qui illustrent ton texte sont belles ...celles que je préfère sont : celle du chemin dans la forêt et celle de Marie apprenant à lire...ce sont bien là les chemins de la vie...
    De tout coeur je t' embrasse

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  2. ..merci Mathilde... si mes mots rugueux parviennent jusqu'à ton coeur.. mes photos du chemin de vie et de Marie en lecture, jusqu'à ton regard... mes mots-maux-signes, parsemés d'étoiles... barbouillés aussi, cachés en ciboire, embroussaillés parfois, obscurs en lecture, compliqués, fleuris j'essaie, passionnés,... expriment en partage..., cherchent encore à dire, à décrypter l'illisible, comprendre l'incompréhensible au jour d'hui...
    Je te souhaite un beau week-end, comme tu aimes.
    Je t'embrasse sous un ciel bas, tant il a fait chaud...
    Den

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  3. L'écriture permet de se trouver à condition de ne pas vouloir "écrire", de dire ce qui vient le plus justement possible. Comme une ascèse, comme les mots que l'on dit à l'autre sans chercher une esthétique quelconque. A se relire, on ressent la justesse d'un mot, d'une phrase, sa vérité pour nous. Comme un enfantement ! Accompagné dans ce travail comme l'Enfant Dieu par sa mère.
    Belle écriture, Den !

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    Réponses
    1. "Ecrire pour Agir" a dit Voltaire.. expression reprise par Jean-Paul Sartre, pour intervenir sur les événements de son Temps, avec l'Art qu'on lui connait..
      Plus tard, Ronsard vieillissant s'adresse à sa Belle, et l'invite "dès aujourd'hui" à.. "cueillir"... "les roses de la vie"... -carpe diem-
      Enfin Victor Hugo au XIXème siècle, et ce ne sont que quelques exemples, et non des moindres, après la mort de sa fille Léopoldine s'épanche sur son besoin de purger son coeur en soignant sa blessure...
      .. dire, écrire, écrire, dire,.. des manières différentes .. c'est aussi, pour parler de soi, sans le vouloir, sans le dire, évoquer des morceaux de soi, de l'intime, de son ressenti, exprimer sa souffrance, son vécu, en partage, une nécessité,... une discipline tu dis Fifi, oui, comme une délivrance, une naissance, "comme l'Enfant Dieu par sa mère", une renaissance, un retour vers l'en dedans.. la vie intérieure, en confidence, en secret, sur la pointe des mots.. les dire ces choses "tout en justesse", les évoquer en filigrane, en transparence, se confier, pour être comprise, pour être aimée, je crois bien...
      la page, la toile deviennent alors un espace à soi, pour soi, dans le rapport à soi...
      merci Fifi d'avoir déclenché cette discussion en ouverture du matin, réveillée entre café fort et tartines beurrées-confiture... ça fait du bien !
      Je t'embrasse en te souhaitant une belle journée.
      Den
      PS : ... encore faut-il suivre le précepte de Boileau.. "avant d'écrire, apprenez à penser"...

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Par Den :
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