"Il y a un temps où ce n'est plus le jour, et ce n'est pas encore la nuit.
Il y a bien du bleu dans le ciel, mais c'est une couleur pour mémoire, une couleur pour mourir.
On voit ce qui reste de bleu, et on n'y croit pas.
La dernière lumière s'en va.
Elle a fini son travail qui était d'éclairer les yeux et d'orienter les pensées, et maintenant elle s'en va.
Elle glisse du ciel sur les arbres, puis des arbres sur la terre.
Quand elle touche le sol, elle est toute noire et froide.
On regarde.
Ce n'est qu'à cette heure-là que l'on peut commencer à regarder les choses, ou sa vie !
c'est qu'il nous faut un peu d'obscur pour bien voir, étant nous-mêmes composés de clair et de sombre.
Dehors, il y a les étoiles.
Elles sont comme des clous enfoncés dans le ciel, de l'autre côté, du côté où l'on ne sait pas.
Elles brillent, dépassant légèrement par leur pointe.
Un vent noir passe sur les chemins, dessous les pierres entre les haies.
Il traverse toutes choses comme une parole d'eau pure.
Il fait comme un murmure disant que tout va bien, que l'on peut sans regret baisser les paupières, et entrer lentement dans l'ondée d'un sommeil.
Dedans, il y a le silence de la maison.
Le livre des heures ouvert à la page du repas.
On coupe le pain blanc.
On verse une poignée de couleurs dans une eau frémissante.
Avec le soir, descendent les grands sentiments.
Il entrent dans l'âme comme les loups dans les villes.
C'est la faim que l'on a, qui vous tient tout le long du jour et qui vous serre un peu plus dans ces heures-là - la faim de beauté, de calme et de joie.
Ce sont les anges qui nous gardent, qui sont des gens comme nous, sauf que rien ne les trouble : si purs que personne ne les voit.
C'est un mélange de choses qu'on ne sait pas bien dire, peut-être parce que personne ne sait bien les entendre".
Christian Bobin
Souveraineté du vide
Lettres d'or
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Ooooh Den ! Ton billet me parle doublement. Pour Bobin, bien sûr, que j'adore. Et que j'ai reconnu à la quatrième ligne.
RépondreSupprimerMais aussi pour les étoiles, qui sont mon ciel, ma consolation et mon espoir.
Le texte est d'une beauté et d'une force merveilleuses.
La phrase : c'est qu'il nous faut un peu d'obscur pour bien voir, étant nous-mêmes composés de clair et de sombre. entre fortement en résonance avec mon billet du jour.
Merci beaucoup Den.
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L'ombre ne se connaît pas, elle est le nié....elle est l'obscur,le nôtre, notre insondable... elle aère le coeur, le regard, pour soi, pour les autres.... elle permet de voir le bleu qui subsiste, aussi minime soit-il, et inonde néanmoins notre ciel..... et regarder sa vie.....
Supprimernos deux billets de mercredi se sont ouverts ensemble sur l'ombre qui découvre la lumière,soi, notre lumière intérieure "notre part de sagesse enfouie"...ils ont résonné d'un même ton, d'un même sens...
Bonne journée ma chère Célestine...
Den
Quel beau billet! Bise et que ta journée soit remplie de petits bonheurs!
RépondreSupprimerMerci ma chère Maria-Lina d'entrer en résonance avec nous... je te souhaite la journée la plus douce possible.. entre chien et loup, entre ombre et lumière..
SupprimerBisou.
Den
Bonjour ma chère Den, c'est un merveilleux billet avec les mots de Christian Bobin que j'apprécie beaucoup. Et ton titre est bien illustré par ta magnifique photo. Un grand merci de ce doux moment.
RépondreSupprimerQue ta soirée soit belle ma chère amie.
Je t'embrasse ♥
.. de l'embroussaillé, du confus, de l'inexploré, de l'insondable... se révèlent in fine lumière, conscience.... qui ne peut ETRE sans une part d'ombre... et qui est très souvent ignorée, qui se vit dans tous les cas telle que !!
SupprimerL'ombre EST A L'ECOUTE ; ELLE VEUT ; la lumière SAIT ET CONSTRUIT SON AVENIR.
Douce journée Denise.
Den
"Entre chien et loup..." c'est probablement toujours là que nous nous tenons, au coeur de cette frontière qu'il faudrait pouvoir gommer un jour, en acceptant nos ombres qui ne sont que verso de nos lumières...
RépondreSupprimerMerci pour le texte de Bobin, si joliment illustré !
Bonne fin de semaine, Den !
L'ombre nous permet de grandir et obtenir notre part de rayonnement intérieur.
RépondreSupprimerMerci Fifi pour tes mots quand l'heure de la lumière décline.. entre chien et loup.... quand le regard s'ouvre et scintille...
bisou.
Un doux week-end.
Den
Par lui, depuis longtemps en beau binée, notre cher poète qui dit si bien toutes nos émotions, nos ressentis, nos sentiments.
RépondreSupprimerCe soir, j'aimerais juste être comme cette ange qui descendrait sur le montant de ta fenêtre jusqu'à ta porte que tu ouvrirais de confiance. Te dire ma présence, même de silence, la foi que je mets en toi.
Une d'âme claire qui serait une espérance si tu l'entendais bien ...
Beaucoup de retard ma chère Veronica.... merci pour ton commentaire...j'apprécie ta présence.. "même de silence"... ton âme pure et claire...
Supprimerje l'entends bien...
Bisou.
Den