dimanche 30 septembre 2012

*Avant je ne me suis jamais posée la question..

Avant, je ne me suis jamais posée la question.

"Dis maman, pourquoi as-tu été abandonnée ?"

"Pourquoi existe-t-il des parents capables d'un tel crime ?"

J'aime maman, papa, je me sens protégée par eux, et je ne peux comprendre ni accepter, avec ma sensibilité, un tel acte.

Mes premiers souvenirs ne remontent pas avant mes trois ans et quatre mois, à la naissance de ma soeur  en juin 1949, se rajoutant ainsi au cercle familial, tout simplement, naturellement : puis plus tard, un petit frère, inespéré, naît en septembre 1954.
J'ai huit ans.

Je ne connais qu'une famille. La mienne, et il se superpose celle de papa Juju, dit Justin, Goselin, pour l'Etat civil, de lignée provençale par son père Léon. Juju donc, un homme jovial, tendre et humain, discret, travailleur, honnête, plein d'amour pour les siens, protecteur, une belle personne, et de ses six frères, de sa soeur Emilienne, unique fille, certainement perdue au milieu de cette bande de garçons.

Cette tribu se complète par Léon et Juliette, et non des moindres, Léon on en a rapidement parlé plus haut, on en reparlera plus tard, leurs parents, leurs géniteurs, mes grands-parents paternels.

****


Aussi loin que je me souvienne en remontant dans le temps, du côté de maman, aucun visage à qui me raccrocher, aucune ressemblance physique en héritage à détecter, aucune similitude visuelle criante, extrème, profonde. Aucune image pour le souvenir.

Aucun Papy ni Mamy pour me prendre dans leurs bras, ni me consoler de mes chagrins enfantins.
Par contre, des familles de substitution connues seulement de maman. Il y en a eues. Des noms reviennent en sa mémoire.
Maman se souvient et raconte ce qu'il reste de ce temps.

Pas énormément d'hésitations.

On parle, enjouées. Je note. Des bruits, des  bribes de conversations feutrées, des odeurs, des relents de vie, pas toujours malheureux, pas toujours solitaires.

En  décembre 1921 est née Camille P...
....de mère inconnue.
Il n'est pas fait mention du père géniteur.
Enfant de l'Assistance Publique, on disait. Comme marquée au fer rouge, Camille.

Camille P..., c'est le prénom et le nom qui lui ont été attribués. Sans référence aucune. Sans lignage. Une parenté de forme, d'apparence, sans lien de sang.
Camille, un prénom démodé quand je suis enfant, et dont j'ai un peu honte car inusité.
Je ne sais pas à cette époque que ce prénom deviendra "à la mode" à partir des années 2008, 2099, 2010, par chance.

Camille est énergique. Elle possède l'autorité naturelle et une grande force de persuasion.
Indépendante, elle a besoin de commander.
Elle aime ce qui est beau, racé, et possède un certain trait aristocrate, naturellement.

Maman n'a pas souffert de ne pas connaître les siens, se reconnaître en ses racines.

Ses proches auraient aimé savoir.... ils ont bien essayé... sans résultat probant, aucune trace de cet avant.

Maman s'en est accommodée. Elle a accepté cette béance, ce vide, les oubliant, les gommant de son existence.
Derrière la vitre, elle a occulté son histoire, se construisant seule.

Devenue orpheline, son désir de vie a été tel qu'il a multiplié par dix une vitalité de rescapée : elle est celle qui a échappé... qui est sortie indemne, vivante... une survivante. Miraculée, sauve.
En fait, un destin surdimensionné.

Den




***


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Par Den :
Ecrire un commentaire :
Liens vers ce message :
Créer un lien :