"Le soleil était presque au zénith, le ciel d'un bleu intense et aéré. Toute la lumière qui en tombait dévalait la pente des collines, habillait les cyprès et les oliviers, les maisons blanches et les toits rouges, de la plus chaleureuse des robes, puis allait se perdre dans la plaine qui fumait au soleil. Et chaque fois, c'était le même dénuement. En moi, l'ombre horizontale du petit homme gros et court. Et dans ces plaines tourbillonnantes au soleil et dans la poussière, dans ces collines rasées et toutes croûteuses d'herbes brûlées, ce que je touchais du doigt, c'était une forme dépouillée et sans attraits du goût du néant que je portais en moi.
Ce pays me ramenait au coeur de moi-même et me mettait en face de mon angoisse secrète....
oui tout ceci était vrai. Mais, en même temps, entrait en moi avec le soleil quelque chose que je saurais mal dire. A cette extrême pointe de l'extrême conscience, tout se rejoignait et ma vie m'apparaissait comme un bloc à rejeter ou à recevoir. J'avais besoin d'une grandeur. Je la trouvais dans la confrontation de mon désespoir profond et de l'indifférence secrète d'un des plus beaux paysages du monde. J'y puisais la force d'être courageux et conscient à la fois. C'était assez pour moi d'une chose si difficile et si paradoxale. Mais,
peut-être, ai-je déjà forcé quelque chose de ce qu'alors je ressentais si justement".
L'envers et l'endroit (1958)
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j'ai laissé hier un commentaire, peut-être ai-je fait une mauvaise manipulation,
RépondreSupprimerces mots de Camus que je connais par "coeur" immense plaisir de les lire ici...
bon samedi