Quand la mémoire dévie, s'écarte, se trompe et que la phrase ne trouve plus ses mots, ou pas autant qu'on le veut, ou pas assez vite, pas assez bien, quand je cherche trop, trop longtemps, pas comme je le voudrais.. je n'insiste pas, et passe à autre chose.
Je m'enfuis vers d'autres lieux.
je retrouve Justin et sa petite fille aînée, accrochée à lui sur le porte-bagage-panier.
Une porte s'entrouvre, secrète.
Je ressuscite mon passé, cachée parfois, pour ne pas tout dévoiler, mais courageuse, j'avance sur la page, dans cette vaste colline de mots, égarée.
On arrive enfin à la F...
J'ai quitté ma vie actuelle, et j'ai rejoint mon passé.
Je récupère, puis consigne fièrement sur la page, par des mots retrouvés en capture, non usés, des instants dans l'autrefois.
Je glisse subrepticement dans la pénombre de notre histoire, toute occupée que je suis à me souvenir de mots étincelants d'exactitude, espérant rejoindre ainsi le firmament ou même les étoiles.
Je t'aime, papa, je t'aime. Je sais que tu m'entends, même si je ne parle pas, je t'aime dans le vent qui décoiffe ou qui caresse les feuilles des arbres, ou près du rosier sauvage qui exhale sa nouvelle floraison, je t'aime dans toutes les fleurs qui embaument le silence.
C'est là que j'ai appris à t'aimer, papa. J'ai suivi tes pas, fièrement, sans le dire. J'ai mis mes souliers trop petits, dans les tiens, pendant ce temps qui m'a permis de grandir, grâce à toi, pas de vieillir.
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Par Den :
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