Je ne sais quelles gens...
"Je ne sais quelles gens fuyant je ne sais quelles autres
Dans un je ne sais quel pays sous le soleil
et sous certains nuages.
Ils laissent derrière eux leur je ne sais quel tout,
champs labourés, je ne sais quelles poules, quels chiens,
quels miroirs où des flammes se reflètent.
Ils portent sur leurs dos cruches et balluchons.
Plus ils sont vides et plus ils pèsent lourd.
S'accomplit en silence - je ne sais quel dénouement,
dans le tumulte, d'un quignon de pain - je ne sais
quel dépouillement,
et puis, d'un enfant mort - je ne sais quel balancement.
Devant eux toujours la même route- pas par là,
le même pont - qu'il ne faut pas,
à travers une rivière bizarrement toute rose.
Autour sans cesse des tirs, une fois près, une fois loin,
au-dessus un avion qui tourne un peu.
Il faudrait là un peu d'invisibilité,
de grisaillerie caillou,
ou, mieux encore, d'absence,
pour un très court instant, voire un tantinet plus long.
Il passera sans doute, mais alors quoi et où ?
quelqu'un les accueillera, mais alors qui et quand,
en combien de personnes, avec quelles intentions ?
S'il a encore le choix,
il voudra bien, peut-être, ne pas être leur ennemi,
et leur laisser une je ne sais quelle vie"..
Wislawa Szymborska
"je ne sais quelles gens"
traduit du polonais par Piotr Kaminski
***
C'est beau ce texte! l'avenir peut être rose, mais avec ces points d'interrogation.......
RépondreSupprimeramitiés (sais-tu que je travaille à la publication de nouvelles, toi qui écris de façon si sensible?)
J'ai découvert par hasard, et aimé l' écriture si singulière de cette poétesse polonaise née le 2 juillet 1923, décédée le 1er février 2012, à l'âge de 88 ans.. elle a reçu le prix Nobel de littérature en 1996... En mars 1945 elle publie son 1er poème "je cherche tes mots"......
Supprimer... Elle a tout connu... et la guerre, et la fumée, les pleurs, les luttes, et dominateurs.. Mais au milieu de tout cela elle a toujours trouvé l'inspiration dans les mots qui cheminent dans le lointain... c'est le rêve... libre.. simplement, dans un roulement clair comme l'eau de source.. elle aime chaque chose, chaque être vivant dans tous les possibles, partout posés là sur la page écrite. Exprimée.
***
Bravo petite Anne brodeuse, pour la future publication de tes nouvelles.. moi ? pas le temps.... pas le courage ..
Je te souhaite une douce soirée. Bisous.
Den
Texte merveilleux et si plein d' indulgence et de respect pour la liberté de l' autre...
RépondreSupprimerCes lignes me touchent au coeur car mon voisin est en très mauvaise passe " je ne sais quel dénouement , dans quel tumulte... !"
Comme c' est difficile d' aider ...mais tellement important d' être la branche ...d' être là ...pourvu que mon mari arrive à le sortir de là ...je les attends...:-(
Je garde ce texte dans ma boite à trésors...
Merci Den Bisous
Un texte magnifique rempli d'empathie et d'interrogations... touche au coeur, ton coeur toi qui es la branche sur qui tout repose, s'accroche... dans ta boîte de Pandore ?? ....quelles gens, ...je ne sais !!
Supprimerbisous du soir Mathilde.
Den
Ce sont de très beaux mots et qui me touchent beaucoup. Merci Den.
RépondreSupprimerBisous pour une douce soirée!
Bisous de douce heure à venir.
SupprimerMerci pour ton comment taire ? Denise...
Je t'en brasse encore fleurie en ce cinquième mois de l'âne né...
Den