de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *La lampe de poche....

jeudi 31 janvier 2013

*La lampe de poche....

"C'est la lampe de grand-mère. Elle la prend pour descendre dans la deuxième cave qui n'a pas d'électricité ou pour regarder dans le fond de ses placards, ou encore pour chercher ses chats le soir, dans la rue. On n'a pas le droit de s'en servir seul, mais moi ce que j'aime bien, c'est de prendre la lampe pour lire dans le noir.

Je la cache sous mon oreiller et quand maman est venue éteindre, je rallume sous les draps. J'ai caché un Mickey ou un livre avec des images au fond de mon lit, et je lis. Pas longtemps à cause de la pile".

François Bertin
Souvenirs d'enfance
éditions Ouest-France

des objets racontent...

***

6 commentaires:

Anonyme1 février 2013 à 18:35
je lisais souvent fort tard en me servant de la lampe de poche,
moment où l'interdit était d'une puissance et d'une saveur jouissive.

j'aime bien ces petits clichés, un éventail de souvenirs d'enfance...

Bonne soirée
je t'embrasse
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Veronica B3 février 2013 à 16:30
Tu avais des lectures intellectuelles pour l'âge chère Den :)

La lampe de poche chez moi évoque plutôt les colonies de vacances et le pipi dans la nuit avec une copine et les ombres à se faire peur !

Bisous pochés à la tendresse !
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Fifi6 février 2013 à 21:46
Ha, je fais aussi partie du club "lecture à la lampe de poche" ! Probablement mon amour des livres est dû au départ, au bonheur de la transgression. Et plus tard quand mon grand frère avait ramené le premier transistor, j'écoutais "le théâtre OMO" le jeudi soir, aussi sous les draps. :-)
Souvenirs ! Souvenirs !
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Den6 février 2013 à 22:38
Ces objets savent si bien nous raconter leur histoire ; nos souvenirs d'enfance ou d'autrefois.. Je suis heureuse d'avoir permis ce retour en arrière coloré et parfumé
.... !
Merci pour ton commentaire.
Bisous du soir.
Den
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Par Den :
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard