Il se souvient Albin de ces années tièdes.. ou chaudes ;
tièdes et chaudes..
Sa mémoire fugitivement roule à nouveau sur le chemin forestier près des fougères.
Il longe, précédé par ses soeurs, deux bancs de pierre, et débouche sur l'esplanade de l'Alibert
qu'il contemple à nouveau comme si c'était la première fois, comme l'étranger découvrant ces sites fabuleux !
Face à eux, l'école, l'église, l'épicerie faisant fonction de bar, surgissent de façon abrupte du fond des souvenirs..
***
Des jours à se remémorer sa vie, là-haut. Des heures.
...Les vaches à rentrer quotidiennement à l'étable dont les clarines tintent encore du côté des cimes.
...L'élevage permettant d'avoir un peu d'argent par la vente, au printemps, dans les foires de la région,
le bois à couper, à entreposer sous le vaste hangar...
les allées et venues entre la forêt et la ferme, l'école quand on peut, la classe... la pêche.
Comme jadis, la cheminée fume du côté de Patane, et son propriétaire âgé aujourd'hui de plus de 84 printemps, relie l'autrefois au maintenant.
Albin s'est dirigé vers la forêt de Malèze, elle-même identique au bois de Montaud et de Malard.
Au fur et à mesure qu'il s'achemine dans son ventre, les troncs géants aux reflets irisés l'impressionnent davantage. Quelle grandeur du haut de ses sept ans.
Petit homme, il a hésité un instant avant d'abandonner la lumière si particulière d'Ardet, pour pénétrer une autre obscurité silencieuse, presque froide. Frissons.
Tandis qu'il avance lentement sous des grands troncs de mélèzes, et de sapins, il escalade un monticule de roches recouvertes de mousse.
Immobile, il écoute, aux aguets, laissant couler sur son front de minuscules gouttelettes de transpiration.
Battement de son sang sur sa tempe.
Il écoute le coeur de la forêt, bois à mature jadis.
Plus bas une cascade forestière laisse échapper des eaux trop longtemps retenues en elle.
Puis s'échappant subitement de ces géants à l'aspect trop sombre, il se précipite vers une des sorties qu'il connaît le mieux, qui libérera son angoisse sous-jacente, emportant dans ses bras le bois pour cuire le repas du soir.
On ne sait jamais qui va se cacher là...
Puis pour avertir le clan des Delpech de sa redescente vers le logis, en arrondissant ses lèvres, Albin imite le cri d'un animal blessé, espérant quelque réponse.
L'écho de son essai renvoie par les rochers et se perd dans l'immense voûte verte qui se referme sur ses secrets, sur elle-même conservant en son sein son mystère et le cri étouffé.
Pressant le pas, il se laisse glisser entre des roches fendillées.
Tapi, tel un animal, une fois encore il réitère son essai. Nulle réponse.
C'est l'heure de la sieste et les parents ne l'entendent pas.
Solitude d'une enfance enfermée dans un sous-bois ombragé à rêver d'autres jeux interdits.
***
Décidément j'aime beaucoup cette série...
RépondreSupprimerbonne journée, encore une journée grise, pluvieuse par chez moi, je fais une grosse carence en vitames D
l'air de ce chemin forestier me ravigote .
Bisous
Heureuse de te faire plaisir... sous la grandeur des troncs géants... par le chemin forestier d'Albin, petit homme.. du haut de ses sept ans.. chère Elisanne..
RépondreSupprimerJe t'envoie un rayon de soleil - virtuel-car malheureusement en Provence aussi le ciel est bien bas..
bisou.
Den