de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *"La vie en relief" Philippe Delerm

mercredi 24 février 2021

*"La vie en relief" Philippe Delerm

La Vie en relief

Mais les paysages que tu as connus

Comme les sensations sont inaltérés

Dans l'air immobile d'un été parfait

Tu avancerais te sentant comblé

Par toutes les saisons qui t'ont précédé

Et toutes celles qui te succèderont

Dominique A.

"Je veux être de tout mon temps. En écrivant ça, j'ai simplement l'impression d'encourager une disposition, quelque chose qui vient avec les années, une forme de plénitude plutôt étonnante. Car l'âge me rend par ailleurs plus fébrile, plus maladroit, plus raide, plus irritable à la moindre contrariété matérielle. Mais, et comme en regard, je sens une amplification, une mise en perspective de différentes strates de la vie, une mise en abyme. Une opération qui n'a pas de nom algébrique. Une addition qui se transforme parfois en multiplication. C'est cela qui m'intéresse, et change la texture du présent. Comment l'addition se transforme en multiplication. Comment tout ce qui devrait peser étroitement devient plus large et plus léger".

"Je n'ai pas l'impression d'avoir été enfant, adolescent, homme d'âge mur, puis vieux. Je suis à la fois enfant, adolescent, homme d'âge mur, et vieux.

C'est sans doute un peu idiot. Mais ça change tout".

4 commentaires:

ANNE G24 février 2021 à 15:40
Ton extrait et vraiment passionnant.
J'ai beaucoup aimé le Philippe Delerm du début, celui d'Autumn (à propos de D.G.Rossetti, peintre que j'apprécie) ses livres plus récents me laissaient de marbre; celui- là serait donc bien?
RépondreSupprimer
Réponses
Fifi25 février 2021 à 11:59
""Je n'ai pas l'impression d'avoir été enfant, adolescent, homme d'âge mur, puis vieux. Je suis à la fois enfant, adolescent, homme d'âge mur, et vieux.
C'est sans doute un peu idiot. Mais ça change tout".

Magnifique citation, merci Den !!
RépondreSupprimer
Réponses
Den26 février 2021 à 08:49
Livre en cours de lecture... me plaît par ses mots qui me semblent universels et nous permettent de réfléchir sur la richesse de chaque instant de la vie, et ce qui reste à venir en goûtant le tout à la fois à sa juste valeur !
merci Fifi.
Douce journée.
RépondreSupprimer
Réponses

Ajouter un commentaire

Par Den :
Ecrire un commentaire :
Liens vers ce message :
Créer un lien :

La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard