de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *L'échappée

mercredi 9 janvier 2019

*L'échappée

L'échappée

Je glisse loin du temps
Qui s'accumule
Et m'évade des jours multipliés
Je dévie de cette durée
Qui s'imprime
Et m'écarte de cette peau
Que les ans ont minée.

Je m'arroge les splendeurs
De la fable
M'emparant des chemins
Sans mémoire
Je découvre l'irréel
Et me forge des portes
Sur les fictions

Andrée CHEDID

*****

14 commentaires:

mathilde9 janvier 2019 à 18:56
Comme c' est drôle ... A Andrée Chédid a marché sur nos chemins en même temps ...
belle journée à toi et Bonne année
Bisous
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Célestine ☆9 janvier 2019 à 21:53
J'ai lu ton texte, et du coup je suis allée lire celui de Mathilde.
Une grande poétesse, sensible et juste comme un cristal.
Bisous Den et Mathilde
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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Bonheur du Jour10 janvier 2019 à 06:39
J'aime vraiment beaucoup, beaucoup, la poésie d'Andrée Chédid.
Bonne journée.
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marine D10 janvier 2019 à 07:59
C'est une belle philosophie de cette grande poète !
Je t'embrasse Den
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Anne10 janvier 2019 à 09:03
C'est un beau texte sur le temps; il s'ouvre sans cesse sur autre chose, mais s'imprime aussi sur la peau, à la fois fluide et pregnant. Grande interrogation...Il ouvre des portes, mais no us enferme aussi......Paradoxal, somme toutes. Toujours cruel, tout de même...
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Marie11 janvier 2019 à 21:02
J'aime beaucoup lire Andrée Chedid, ouvrir des portes sur l'irréel et s'échapper du temps pour vivre.
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emma22 janvier 2019 à 14:30
splendide !
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Par Den :
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard