de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: Standards I (Keith Jarret, Gary Peacock, Jack Dejohnette)

jeudi 22 mars 2018

Standards I (Keith Jarret, Gary Peacock, Jack Dejohnette)

J'ai goûté comme Isabelle Carré

dans le creux de la nuit
infinie
qui monte qui descend

posée sur le fil musical

en-cheveux-très
les notes
les unes aux autres en lignée
en volée
en nuée

chanter la vie fardée
le temps
l'arôme le vent
brigand comme l'air les geais.

Le corps chevillé
en faon d'hêtre
j'étais dans le mère-veille-eux soufflé

le chemin qui frémit l'embrumée

balayant une armée d'hymne-âge

de coeur et d'âme toute frissonnante

à l'abri de chaque son enroulé....

entre deux brins d'aire
d'air

deux tranches d'instants

deux grains de vers
de fantaisie

cherchant à me chaper de l'entrave froissée

par les mots le sang la salitude,
abandonnée
quasi noyée.

J'ai lassé là mon écriture automatique sur l'étoile
m'égayant comme la goutte se pense
se lace

à tendre mon inouï délicat qui guette la surprise
l'écoute

sur les ailes de la portée

sur la corde raide qui mêle-le dit

l'haut sur les rails désordonnés du sentier démonté

qui se perd, célébrant un voyage de plus,

ventilée au paysage loin sans tain .

M'happe-eau câline l'écrin doux

dans le silence qui Râ-conte

l'aronde-heure foulée

qu'élit chaque splendeur en secret
entre les nuages, l'ondée !

Den

****

6 commentaires:

chinou23 mars 2018 à 09:51
Bonjour Den
Keith Jarret t'inspire de bien jolis vers. J'avoue aimer tout comme toi ce multi instrumentiste, compositeur de talent.
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marine D23 mars 2018 à 12:23
De bien jolies mélodies en ce mois qui s'éveille...
Ensemble nous pouvons écouter les notes qui cascadent et s'emmêlent en un ballet que les oiseaux répéteront sous la futaie...
Merci Den, bisous du jour
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bizak23 mars 2018 à 15:06
Tes mots voltigent, voltigent au gré du chant qui les accompagnent comme une douce mélodie qui gravite le ciel d'air en air où tu excelles à faire donner le tournis aux mots. Quelle magie dans tes cabrioles poétiques et magnifiques.
Bisous voletés
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Par Den :
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard