"Est-ce que ta lumière était blonde
ou bleue après l'amour quand le coeur interroge
ce pays toujours étranger
et s'avance à travers la brume
hasardant peut-être le sens
Quand ton idée sauvage inventait ces montagnes
ta beauté s'écoulait libre d'aucun regard
et ta nature était l'animal bondissant
sa force son jeu ses images
et ses bois travaillés pour l'amoureux ouvrage
C'est là que je dormais les mains dans ta charpente
c'est là que j'ai veillé quand j'étais ton feuillage
que suave était ton silence
et puissante ton origine
l'amour croissant dans les racines
de ta céleste indifférence".
Henry Bauchau
In Célébration, Ibid. p. 141
Oh mais quel plaisir cette lecture d'Henry Bauchau ! J'ai toujours aimé ses écrits. Merci !
RépondreSupprimerBon dimanche.
Grande découverte pour ce psychanalyste belge décédé en 2012 à l'âge de 99 ans.
SupprimerImmense érudit, homme multiple : il est poète, dramaturge, essayiste, romancier, a tenu également son Journal paru dans la Grande Muraille... cet extrait tiré de in célébration (1972) qui est pour moi un prétexte, a permis de pénétrer dans son monde dont le style allie la simplicité de la langue, la recherche du mot juste, à la complexité du sens, toujours lisible à différents niveaux...
Ce poème d'une extrême profondeur est pour moi très imagé. J'aime chaque mot fort, fortement bien choisi, bien placé dans la phrase, la rime.
" C'est là que je dormais les mains dans ta charpente
c'est là que j'ai veillé quand j'étais ton feuillage
que suave était ton silence
et puissante ton origine
l'amour croissant dans les racines
de ta céleste indifférence".
Si beau hein !
Reconnu enfin publiquement dans les années 1990, il est lauréat de prix internationaux, de prix prestigieux, ...jusqu'au bout de sa vie partagée entre la Belgique, la Suisse, la France, il "reste extrêmement actif sur la scène littéraire. Il mène à bien différents projets poétiques et narratifs, des livrets d’opéra, et réédite Temps du rêve (2012) paru en 1933 sous le pseudonyme de Jean Remoire. Il se tourne aussi vers une veine autofictionnelle et fait paraître "L’Enfant rieur" et "Chemin sous la neige". Parallèlement, il continue de publier systématiquement ses journaux de création".
Merci Marie du Bonheur du Jour que j'aie pu oeuvrer au plaisir de cette lecture, cet auteur que tu aimes.
J'ai envie de lire, re-lire ce vaste et incommensurable monsieur.
Bon après-midi.
Renaître un jour, une nuit dans les feuillages d'un arbre...
RépondreSupprimerUn grand poète Henry Bauchau... merci Marie des mots et des voyages ...
Supprimermerci pour ta poésie égal'aimant.
Beau dimanche à toi !