Je serai je ne serai plus je serai ce caillou toi tu seras moi je serai je ne serai plus quand
tu ne seras plus tu seras ce caillou.
Quand tu seras ce caillou c'est déjà comme si tu étais n'étais plus, j'aurai perdu tu as perdu j'ai perdu d'avance.
Je suis déjà déjà cette pierre trouée qui n'entend pas qui ne voit pas ne bouge plus.
Bientôt hier demain tout de suite
déjà je suis j'étais je serai
cet objet trouvé inerte oublié
sous les décombres ou dans le feu ou l'herbe froide
ou dans la flaque d'eau, pierre poreuse
qui simule un murmure ou siffle et qui se tait.
Par l'eau par l'ombre et par le soleil submergé
objets sans yeux sans lèvres noir ou blanc
(oeil mi-clos pour faire rire
ou une seule dent pour faire peur)
j'étais je serai je suis déjà
la pierre solitaire oubliée là
le mot le seul sans fin toujours le même ressassé.
Jean Tardieu
Les cailloux peuvent aussi être très inspirants mais la plupart du temps on les évite pour ne pas les avoir dans notre soulier.
RépondreSupprimerTu as raison Robert.. les éviter afin de ne pas se tordre la cheville !
Supprimermerci.
Bon après-midi.
J'aime ce texte si fort, si poignant, merci Den
RépondreSupprimerJe trouve aussi ce texte profond ... lu d'un seul souffle que l'on retient.. il s'envole et il revient sur la page nous laissant pantois ! une écriture qui mêle-ange le temps qui s'entrecroise et éveille la pensée !
Supprimermerci Marine.