de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *C'est pour cette raison que nous voyons le monde à travers nos yeux..

samedi 2 mars 2013

*C'est pour cette raison que nous voyons le monde à travers nos yeux..

"L'incarnation, le fait que nous habitions notre corps, nous semble être la chose la plus certaine qui soit dans ce monde, nous semble être la seule chose irréfutable. Nous nous représentons nous-même comme étant dans notre corps, et nous nous représentons notre corps comme nous appartenant, et nous appartenant à nous seuls. C'est pour cette raison que nous voyons le monde à travers nos yeux, que nous marchons avec nos jambes, que nous serrons les mains des autres avec notre main. Et que nous avons la sensation, aussi, que notre conscience est logée dans notre tête".

Oliver Sacks

Hallucinations

(Réf. : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)

émission du 2 mars 2013

"Habiter notre corps"

***

4 commentaires:

Anonyme5 mars 2013 à 08:51
Bonjour Den,

J'étais passée hier soir mais le sommeil naissant troublait le songe
et ce matin,
c'est un même vertige qui me vient.
J'ai pour cette conscience qui habite en soi ou ce soi qui habite le monde,
une fascination presque craintive.
Seule l'humilité me reste quand, toujours un peu ivre, je retourne à mon simple ordinaire.
Ceux-ci ont déjà tant de mystères qui se cachent dans nos heures...
Je vous espère la conscience et cette journée limpideS mais surtout toute douceS et chaleureuseS,
Et... Sûrement, mes songes reviendront se glisser entre ces mots offerts ... Inconsciemment ou presque mais curieusement, toujours si opportunément !
Tout cordialement,
Lydaine.
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Veronica B6 mars 2013 à 21:33
C'est hallucinant que nous pensions habiter nos corps, n'est-ce pas ! sourire
Oui, il est nous, on est lui, lui avec nous, croyons-nous, mais pour si peu de temps ... Poussières humaines, de passage sur cette terre ...
Merci ma chère Den pour ces pépites rassurantes par leur humanité-même, que sont tous tes billets, de goût, d'humour et de saison ...

je t'embrasse, bien dans mon coeur et dans ma tête, essayant de l'être le plus possible je veux dire, avec tous les troubles récurrents que les deux conjoints peuvent occasionner ...
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard