de la fenêtre à la porte, de la vitre à la route....: *L'inachevé ne signifie pas forcément l'inaccompli...

lundi 18 mars 2013

*L'inachevé ne signifie pas forcément l'inaccompli...

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"En peinture on doit éviter le souci d'accomplir un travail trop appliqué et trop fini dans le dessin des formes et la notation des couleurs, comme de trop étaler sa technique, la privant ainsi de secret et d'aura. C'est pourquoi il ne faut pas craindre l'inachevé, mais bien plutôt déplorer le trop-achevé. Du moment que l'on sait qu'une chose est achevée, quel besoin y-a-t-il de l'achever ?

Car l'inachevé ne signifie pas forcément l'inaccompli"(...).

Chang Yen-Yuan (dynastie T'ang)

Souffle-Esprit : Textes théoriques chinois sur l'art pictural

François Cheng

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3 commentaires:

Anonyme21 mars 2013 à 07:38
Oh... Den, je ne cours pas assez vite !
Et ce billet là me réconforte... Je sais que, même si je ne te suis pas de tout près, je peux prendre mon temps et m'attarder à chaque billet cueilli...
Cette attidute est belle à vivre en peinture comme dans la vie, s'pas !
A cette sagesse qui ne craint pas l'échec
et qui fait du coeur de l'ordinaire
l'essentiel de ce mouvement sans fin.

Je te souhaite l'heure précieuse et l'élan aussi heureux que confiant,
ce printemps tout neuf est là pour lui prendre la main...
A cette belle journée qui nous est offerte,
tout tout cordialement,
Lydaine.
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Den21 mars 2013 à 12:32
Oui tu as tout ton temps chère Lydaine.. et la lente heure qui nous caractérise anneaux-âges (!) trouve son chemin tranquille quand tout dort, attardé qu'il est là où il aime se balader à l'envi..à achever ou pas son oeuvre, si achevée parce sage et accomplie, mais pas forcément finie, aura son aura lumineuse, son halo éclairé..
En cette journée que je te souhaite belle.
Ensoleillée en Provence, mais très fraîche en ce second jour de printemps.
Je t'embrasse.
Den
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Veronica B22 mars 2013 à 08:22
Merci pour ce riche moment avec Cheng, j'adore cet esthète poète philosophe ! Il a le vrai goût du Beau ... et nous pousse à réfléchir Beau aussi, ouvert ... L'art en maître ...

Et si l'inachevé rejoignait l'image partielle ... sourire
Leçon d'humilité aussi, il faut savoir s'arrêter, ne pas vouloir "l'oeuvre parfaite", ne pas trop désirer, rester à sa place et laisser place à ...Peut-être qu'alors on touche du doigt le beau ...

Je t'embrasse ma chère Den, en ce jour de vent frais ensoleillé sur la ville rose !
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La Rue

"A la terrasse d'un café, un homme regarde l'évolution d'un monde qu'il ne reconnaît plus ; un monde avec ses gestes nobles et indigents, ses mouvements et ses incohérences. S'il avait été peintre, il l'aurait dessiné mais ce monde-là aurait condamné à l'imaginaire et au sordide la fixité de l'image : cet univers de poussière, cette reproduction immuable des mêmes symptômes de la vie, ce cafouillage d'instants éternels, c'était la rue. Perdu dans la foule, isolé dans ses songes, cet homme qui n'a pas de nom,, observe ce long cheminement anonyme de destins qui se mêlent et s'entrecroisent sur le pavé. Avec l'oubli de soi-même qu'impose parfois le vide ou le trop plein de l'esprit, il regarde et s'enivre de solitude. En réalité, on lui avait "appris" à être seul ; c'était comme une manière de "ne pas être" chez lui.

Tout à coup, la nuit tombe comme un long manteau d'hiver, les étoiles montent aux arbres et le ciel ferme boutique. Il n'y a plus personne dans la rue sauf toujours cet homme, à la terrasse d'un café dont les portes sont closes. Plus rien que le silence et l'indifférence d'hier et d'aujourd'hui dans un rêve de folie lucide et presque élucidée. Et, sur ce boulevard abandonné aux déserteurs, elle apparaît avec son visage d'enfant des rues et son allure de femme amoureuse. Elle est belle, douloureusement belle pour l'homme dont le regard boit son ombre. Cette femme sans nom qui ne fait que passer et qui n'est pas tout à fait ni dans son monde, ni dans celui des autres, est balayée par le froid intense qui se dégage des murs.

Si elle était une fleur, elle serait sublime ; si elle était un parfum, elle serait envoûtante ; si elle était un paysage entier, elle serait généreuse et bienfaisante ; si elle était une oeuvre d'art, elle serait parfaite et donc ne serait pas. Mais, elle n'était qu'une femme et elle était fragile, comme une fleur, un parfum, un paysage entier ou même une oeuvre d'art".....(....)

L'autre moitié du songe m'appartient

Alicia Gallienne

Gallimard