dimanche 11 novembre 2018

* Je pourrais...






Ce matin,










Je pourrais écrire des heures à regarder les yeux des nuages se mirer dans le ciel...

Je pourrais écrire des heures à jouer avec l'écorce de l'arbre qui s'accroche à lune-ive-vert...


Je pourrais écrire des heures
les yeux perdus ailleurs


happant l'âme des êtres des autres ...


Je pourrais passer des heures à contempler l'eau de pluie dégouliner le long du tronc fendu et s'enfler dans la peau de l'art-preux...


Je pourrais passer des heures à renifler l'odeur de la terre mouillée...


Je pourrais passer des heures à tenter de dessiner une rose à la sanguine comme au XVIIIème siècle, à étaler la craie comme le fusain joue avec le pastel....

Oui je pourrais dès ce matin...

mais l'heure est au souvenir qui construira inlassablement la paix... ....

il y a 100 ans, déjà....

Elle n'oubliera  jamais  le coeur de l'Histoire.


Une page est tournée mais elle n'efface pas la mort de 10 millions d'hommes.

La mémoire reste  vivante,  et se souvient.

La réconciliation pansera  les plaies du passé en ce jour où a été signé l'accord dans le wagon de l'armistice, dans  La clairière de Rethondes à Compiègne, 

 le 11 novembre 1914 à 5 h 15,

et qui, en ce jour centenaire, réaffirme la valeur de l'entente franco-allemande, l'entente entre les hommes.

Den


***



Je pense depuis quelques jours à mon grand-père Gosselin-Léon qui  a participé à cette  Première Guerre Mondiale, mais par chance  en est revenu vivant.
Son 3ème fils, mon papa né le 10 mai 1914 avait donc 3 mois quand cette longue guerre a commencé.

Je me souviens de ces 15 jours, avec  lui invité par les Anciens Combattants, durant l'été 1956, à visiter, avec une immense émotion : Verdun, le champ de bataille,  les tranchées, l'ossuaire de Douaumont édifié à la mémoire des soldats morts pour la France, le livre d'or où le nom de mon aïeul apparaissait écrit, la nécropole,  le cimetière, toutes ces croix identiques, alignées,...

Je n'avais que 10 ans et mon grand-père  veuf,  m'avait choisie parmi mes autres cousins, cousines, pour le suivre sur cette itinérance mémorielle.

Grand moment de solennité je ressentais. 
Gosselin-Léon  avait 73 ans  et cette visite sur ce passé douloureux a certainement contribué et précipité son décès 3 mois plus tard. 

J'en étais parfaitement consciente.

Ces souvenirs demeurent à jamais gravés dans mon esprit, tant d'années après, ravivés d'autant plus par la correspondance personnelle échangée avec Juliette l'épouse de Gosselin, ma grand-mère paternelle,  la famille, indiquant les lieux de guerre..., correspondance  précieusement conservée car elle  parle beaucoup et conserve un regard sur l'Histoire, mon histoire.

Den


*****




8 commentaires:


  1. Une page émouvante et bouleversante!
    *****************
    Ah si l'on pouvait, sur toute la terre,
    replanter les croix,
    les croix des soldats de la dernière guerre
    pauvres croix de bois ;
    si pour arroser ces croix de misère
    en chêne, en sapin,
    on prenait les pleurs des femmes, des mères
    et des orphelins,
    on verrait pousser des forêts entières
    qui nous cacheraient les murs, les frontières
    et chaque matin,
    le vent y viendrait chanter sa prière,
    y viendrait aussi, blanche messagère,
    la colombe, enfin !
    Les arbres feraient le tour de la terre
    si chacun pouvait, avec ses deux mains,
    replanter un jour ces croix de misère
    les croix des soldats de toutes les guerres.
    Michel Beau

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    1. Merci Marie, pour vos mots et ceux de Michel Beau que je découvre.
      Douce journée.

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  2. Une grande émotion me saisit à la lecture de ton texte. C'est si important de se souvenir de ces durs moment, de retourner sur ces lieux qui ont fait l'histoire. Malheureusement, aujourd'hui, alors qu'on se souvient de cette guerre-là, il y a d'autres guerres qui se jouent encore, ailleurs.
    Il est de notre devoir de toujours dénoncer les horreurs du passé, en espérant de toutes nos forces, qu'elles ne se reproduisent plus. Bises alpines et merci pour cette page émouvante.

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    1. Merci Dédé. Oui il ne faut jamais oublier,... mais l'homme sera-t-il suffisamment sage pour ne plus perpétrer ces horreurs guerrières.
      De gros bisous jusqu'à toi.

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  3. Mémoire. Famille, racines, toutes choses très importantes pour moi et je le vois, pour toi. Bien sûr que c'est important de raconter, de transmettre. J'étais toute petite mais je savais qu'il y avait la guerre quelque part (Algérie) et que mes deux tontons si jeunes, y étaient et ma mère pleurait parfois quand elle recevait des lettres de ses frères. Elle avait si peur qu'ils n'en reviennent pas...Merci pour cet émouvant témoignage, chère Den.

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    1. MERCI Dé pour tes mots.... il est bon que la famille se souvienne, n'oublie pas la vie de ses Poilus en ce qui concerne la Première Guerre Mondiale, de ces hommes de tous horizons à laquelle ils ont participé.... et au delà de cela, se souvienne de la vie en France pendant cette longue période, des autres pays qui ont vécu cette même guerre, de ces autres hommes qui ont souffert aussi pour celle-ci ou une autre.... pour toi Dé qui as éprouvé la guerre d'Algérie, bien que petite, tu as ce souvenir de ces blessures ces chagrins pour les tiens.
      Bisous Dé.

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Par Den :
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