*Avant je ne me suis jamais posée la question..
Avant, je ne me suis jamais posée la question.
"Dis maman, pourquoi as-tu été abandonnée ?"
"Pourquoi existe-t-il des parents capables d'un tel crime ?"
J'aime maman, papa, je me sens protégée par eux, et je ne peux comprendre ni accepter, avec ma sensibilité, un tel acte.
Mes premiers souvenirs ne remontent pas avant mes trois ans et quatre
mois, à la naissance de ma soeur en juin 1949, se rajoutant ainsi au
cercle familial, tout simplement, naturellement : puis plus tard, un
petit frère, inespéré, naît en septembre 1954.
J'ai huit ans.
Je ne connais qu'une famille. La mienne, et il se superpose celle de
papa Juju, dit Justin, Goselin, pour l'Etat civil, de lignée provençale
par son père Léon. Juju donc, un homme jovial, tendre et humain,
discret, travailleur, honnête, plein d'amour pour les siens, protecteur,
une belle personne, et de ses six frères, de sa soeur Emilienne, unique
fille, certainement perdue au milieu de cette bande de garçons.
Cette tribu se complète par Léon et Juliette, et non des moindres, Léon
on en a rapidement parlé plus haut, on en reparlera plus tard, leurs
parents, leurs géniteurs, mes grands-parents paternels.
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Aussi loin que je me souvienne en remontant dans le temps, du côté de
maman, aucun visage à qui me raccrocher, aucune ressemblance physique en
héritage à détecter, aucune similitude visuelle criante, extrème,
profonde. Aucune image pour le souvenir.
Aucun Papy ni Mamy pour me prendre dans leurs bras, ni me consoler de mes chagrins enfantins.
Par contre, des familles de substitution connues seulement de maman. Il y en a eues. Des noms reviennent en sa mémoire.
Maman se souvient et raconte ce qu'il reste de ce temps.
Pas énormément d'hésitations.
On parle, enjouées. Je note. Des bruits, des bribes de conversations
feutrées, des odeurs, des relents de vie, pas toujours malheureux, pas
toujours solitaires.
En décembre 1921 est née Camille P...
....de mère inconnue.
Il n'est pas fait mention du père géniteur.
Enfant de l'Assistance Publique, on disait. Comme marquée au fer rouge, Camille.
Camille P..., c'est le prénom et le nom qui lui ont été attribués. Sans
référence aucune. Sans lignage. Une parenté de forme, d'apparence, sans
lien de sang.
Camille, un prénom démodé quand je suis enfant, et dont j'ai un peu honte car inusité.
Je ne sais pas à cette époque que ce prénom deviendra "à la mode" à partir des années 2008, 2099, 2010, par chance.
Camille est énergique. Elle possède l'autorité naturelle et une grande force de persuasion.
Indépendante, elle a besoin de commander.
Elle aime ce qui est beau, racé, et possède un certain trait aristocrate, naturellement.
Maman n'a pas souffert de ne pas connaître les siens, se reconnaître en ses racines.
Ses proches auraient aimé savoir.... ils ont bien essayé... sans résultat probant, aucune trace de cet avant.
Maman s'en est accommodée. Elle a accepté cette béance, ce vide, les oubliant, les gommant de son existence.
Derrière la vitre, elle a occulté son histoire, se construisant seule.
Devenue orpheline, son désir de vie a été tel qu'il a multiplié par dix
une vitalité de rescapée : elle est celle qui a échappé... qui est
sortie indemne, vivante... une survivante. Miraculée, sauve.
En fait, un destin surdimensionné.
Den
Den
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Emouvant destin, ton récit est très touchant
RépondreSupprimer...quand on ne sait rien... on imagine... actuellement, il y aurait certainement une opportunité de connaître ses, nos origines. A l'époque c'était impossible... lorsque mes parents se sont mariés, papa a voulu se rendre là où maman avait été déposée, comme un colis trop lourd à porter. Malheureusement la sage-femme étant décédée, il fut donc impossible de remonter vers ses origines. Dans le dossier rien n'était mentionné. C'était ainsi que l'on pratiquait dans les années 45, 46, donc après la guerre, et avant ma naissance. Le nom attribuée aux enfants "perdus" ainsi que la date de naissance étaient falsifiés, et donc comment remonter le chemin, et donc de trouver la vérité. De mon côté il y a quelques années j'ai bien recherché sur internet, sur le lieu ainsi que ce qui se passait à cette époque, j'ai lu qu' un certain nombre de personnes venus de pays asiatiques étaient venus pour travailler dans cette grande ville. La réponse se trouve-t-elle là ou bien s'agit-il d'un côté comme de l'autre des parents de maman d'un lignage non convenu, non acceptable dans des milieux trop différents... où chercher, où trouver ? what else !
SupprimerRechercher maintenant n'est plus vraiment souhaitable. Le serait-ce d'ailleurs ?
Ce temps est révolu !
Merci Marie, merci Dédé..
je vous embrasse amicalement.
Bon après-midi.
le nom attribué, pardon !!
SupprimerJe lis tes écrits avec émotion et ne sais trouver les mots justes pour commencer. Être un enfant abandonné doit être terrible. Difficile de se construire dans ces conditions. Et pourtant! Camille s'est construite, malgré tout. Bises alpines.
RépondreSupprimerJe me suis toujours demandé, même toute petite, comment maman avait pu ainsi si bien se construire.. une grande interrogation de ma part... et pourtant elle y a fort bien réussi.... grâce à une force exceptionnelle, un grand équilibre je crois !
Supprimermerci pour tes mots ma Dédé de l'autre côté des Alpes.. je te remercie pour ta bienveillance, tes mots qui rajoutent de la compréhension à mes écrits..
Avec toute mon amitié.
J'ai relu et suis très émue par tes mots
RépondreSupprimerMerci Marie de revenir sur ma page.
SupprimerBon après-midi. Il fait très chaud, on est bien. 31° ...