"la première en ligne... celle du début.....
De ses familles adoptives, peut-être la plus importante, car la première en ligne, celle du début.
Maman vient de naître à la vie. Seule au monde. Première mère
nourricière, de la campagne, Madame A. s'occupera de Camille jusqu'à ses
trois ans et demi.
Elle vit à Tence, dans la Haute-Loire, le Haut-Lignon, le nord-ouest du
Vivarais, Tence et ses communes de Chenereilles, le Mas de Tence, le
Chambon-sur-Lignon, le Mazet-St-Voy, St Jeures.
Une nature accueillante qui invite à ses chemins, et dont la beauté des paysages apaise l'âme.
Pas très éloignés, ces villages les uns des autres, mais quand on est
petit enfant, la limite de la frontière s'arrête à la porte du foyer.
Il fait chaud, elle est bien Camille, calée contre le sein rassurant de
celle qui lui donne la vie, pleine d'un bien-être infini. Terre, mère
nourricières.
A l'époque, il était coutumier, une fois devenues mères, que les femmes
choisies parmi les plus modestes, parfois démunies, deviennent des mères
nourricières, et ce, afin d'arrondir leurs fins de mois.
Pour Madame A., ce fut le cas.
Un fils de l'âge de maman, nourrice rétribuée elle l'est devenue, ainsi que mère de substitution attendrissante,
qui découvre la joie inégalable de l'allaitement par le sein. Elle
l'offre avec une grande émotion, cette tétée, et rayonne aux limites du
plaisir avec Camille, accrochée à son sein, parcourues toutes deux,
presque jusqu'à un ensoleillement vibrant de leur coeur et de leur âme.
A l'âge de pleine vigueur, sans reproche de corps, de perfection physique et morale, c'est une femme saine.
D'un beau visage, des traits harmonieux, car c'est de là que se lisent
les qualités morales, elle nourrit Camille, et à chaque tétée
renouvelée, elle lui transmet, lui influe en plus de la matière qui
rassasie, ses bons penchants comme ses vertus, ses manières et ses
bonnes inclinaisons. Mère au coeur non égoïste.
De petit arbuste sans racine ni motte, qui a perdu ses fruits, ou qui
est greffé de travers, tu grandis Camille, et tu recherches sans savoir
encore tes origines dans la terre qui t'a vu naître, fouinant ça et là,
et à tâtons, de nouveaux indices à cette vie déplacée : de petit arbre
transplanté sans sa motte, d'enfant étranger en nourrice, elle t'emmène
dans ce qu'elle croît être le meilleur pour toi, et tu deviens grâce à
elle, une belle enfant, solide, nourrie au lait de ta mère, distincte au
départ de cette mère en pièce rapportée, et de fusion à présent
ensemble vous devenez.
Un arbuste magnifique a bien poussé.
Tu as trois ans et demi, maman.
Un court instant de bonheur et de vie, car ce bonheur s'arrête
brusquement : sans compter sur l'imprévoyante pièce qui se grippe,
malencontreusement.
Devenue gravement malade, elle a l'obligation de se séparer de cette
jeune enfant, Camille, ma maman, comme ce n'était pas prévu au départ de
l'histoire, dans une énorme souffrance.
Maman.
Elle n'a nullement conservé en elle les stigmates de cette nouvelle
séparation. Elle a tout gommé. La blessure, le déchirement, le chagrin,
l'épreuve à nouveau.
Elle ne garde en elle aujourd'hui que le souvenir d'une grande chaleur
qui l'habite encore, émue par une félicité illimitée, des baisers
maternels passionnément prodigués, sans cesse.
Le facteur, éprouve une réelle affection pour Camille, tristement
orpheline à nouveau, il échafaude une possibilité.. le désir de s'en
occuper à temps complet.. se renforçant dans cette magnifique idée :
peut-être le placement de Camille chez eux ; reste, à faire céder sa
femme, hésitante pour l'heure.
Ainsi est fait.
Installée dans cette autre et deuxième famille, et ce jusqu'à ses
quatorze ans, maman liera connaissance avec celui qui deviendra son
frère de lait, son sang, son frère tout court, son complice, son
compagnon de galère.
Georges est âgé de quatorze ans.
Toute sa vie, il la protègera Camille, jamais ne la délaissant.
Ils seront frère et soeur.
ils se sont toujours considérés ainsi.
C'est bien de raconter tout cela si dur et c'est bien de transmettre.
RépondreSupprimerAprès cela, on n'a pas le œ de se plaindre.
Une histoire qu'on lit les larmes aux yeux
RépondreSupprimerMerci mes Âmies Anne et Marie.
SupprimerMerci d'avoir si bien compris !!!
je vous embrasse.