vendredi 6 septembre 2019

Boris Cyrulnik parle résilience dans « La nuit j’écrirai des soleils »





La nuit, j'écrirai des soleils

« Je sais maintenant, grâce aux récits intimes de mon for intérieur, et aux histoires des enfances fracassées, qu’il est toujours possible d’écrire des soleils.

Combien, parmi les écrivains, d’enfants orphelins, d’enfants négligés, rejetés, qui, tous, ont combattu la perte avec des mots écrits ?

Pour eux, le simple fait d’écrire changea le goût du monde.

Le manque invite à la créativité. La perte invite à l’art, l’orphelinage invite au roman. Une vie sans actions, sans rencontres et sans chagrins ne serait qu’une existence sans plaisirs et sans rêves, un gouffre de glace.

Crier son désespoir n’est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi. Il faut mettre en scène l’expression de son malheur.

L’écriture comble le gouffre de la perte, mais il ne suffit pas d’écrire pour retrouver le bonheur.

En écrivant, en raturant, en gribouillant des flèches dans tous les sens, l’écrivain raccommode son moi déchiré. Les mots écrits métamorphosent la souffrance. »B. C.

Un livre bouleversant, de témoignage et d’émotion, où Boris Cyrulnik convoque les déchirures d’écrivains célèbres, les conjugue à l’aune de ses propres souffrances pour mieux convaincre chacun de nous des bienfaits de l’imaginaire, de la puissance du rêve, des pouvoirs de guérison que recèle l’écriture."

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De quoi le soleil est-il la métaphore ?

De la chaleur affective… De la présence de quelqu’un qui, en nous rassurant, éclaire le monde. Sans elle, le monde n’est que brouillard. Je ne sais pas où aller, que penser, je suis petit, je ne connais rien du monde, ma mère n’est pas là. Elle ou un substitut, qui peut être un homme, arrive, le monde s’éclaire et mon monde affectif se réchauffe, je peux me remettre à vivre. Voilà la métaphore du titre de mon livre...   
Boris Cyrulnik

Des enfants privés de soleil

Le soleil n’est pas toujours une métaphore… On le voit avec l’exemple des 200 000 enfants roumains abandonnés par la politique criminelle de Ceaușescu, privés de mère, privés de soleil. Rien ne s’est développé, ils n’étaient que auto-centrés puisque le seul objet extérieur à eux-mêmes c’était leurs mains, leurs cris, leurs odeurs. Rien ne pouvait éclairer leur monde, qui n’était que brume. C’était un monde de glace… Certains de ces enfants ont pu se remettre à vivre mais certains n’ont pas pu se réchauffer…   
Boris Cyrulnik






4 commentaires:

  1. Bonjour Den, j'ai plein de choses à dire, je vais donc seulement au plus court. J'aime bien Cyrulnik, mais il se répète un peu me semble-t-il; on ne voit que lui dans les médias, alors que je pense qu'il y a 'autres psychanalystes ou philosophes à qui on devrait tendre un micro. En revanche, oui, le manque, la dureté de la vie exacerbent la nécessité de s'exprimer et donc pousse à la créativité qui devient la bouée de sauvetage; comme prof de français, je pourrais citer 10 000 Exemples! J'ai particulièrement bien aimé cet article.

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    1. Moi aussi j'aime bien ce neuropsychiatre, grand connaisseur de l'âme humaine... il a une manière douce d'expliquer simplement des choses terribles que nous ne pouvons pas toujours démêler, qu'il nous est parfois difficile de soigner.... car elles touchent ce que nous sommes profondément. Ses mots traitent nos maux avoués ou non, nos blessures, quels qu'ils soient ou quelles qu'elles soient...nos mots parfois jolis parfois agressifs nous permettent de nous dérober, de ne rien avouer, de ne rien dire... avec un mal-être qui n'accède pas à ce retour vers les autres...et libère....
      Merci Anne de donner du sens au sens, même si parfois il va à contre-sens, mais nourrit....
      Bon après-midi.
      bisous amical.

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  2. "Je sais maintenant, grâce aux récits intimes de mon for intérieur, et aux histoires des enfances fracassées, qu’il est toujours possible d’écrire des soleils."
    Puisse-t-il dire vrai, ce serait merveilleux!

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    1. J'ai lu ton histoire, ton enfance, chez une Âmie commune, chez toi, dans tes commentaires, et ai compris ton for intérieur,... grâce à ton énergie, ta vitalité, tu écris des sOleils, le feu, la chaleur. C'est certain.
      Merci à toi Marie.

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Par Den :
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