lundi 20 septembre 2021

*L'âme... elle a la luisance et la pesanteur de l'encre....

 






"A l'écart de tout.
En retrait de tout.
A l'écoute de tout.
Usant des livres comme de frêles murailles à travers lesquelles serait perceptible l'écho des guerres les plus anciennes, les plus secrètes.

L'âme.
Elle a la luisance et la pesanteur de l'encre.
Elle a cette densité noire, plus lumineuse que la lumière du jour"

Lisant. Entretenant par les livres, par cet élémentaire assemblage de feuille, de fil, d'encre et de plomb,
le rêve d'une pauvreté essentielle, d'une pauvreté plus grande que l'absence de tous biens.
Cherchant je ne sais quoi.
Cherchant.
N'ayant besoin, pour vivre, que d'une poignée de mots et que d'une poignée équivalente de silence.
Pas plus.
Rien de plus.
Ne parvenant jamais à satisfaire ce besoin.
Découvrant là, à chaque fois, la faiblesse irréductible de tous les livres : ce qui est le plus proche du silence, étant par là même ce qui risque d'en détourner le plus, d'en distraire"

Christian Bobin
"Souveraineté du vide"
"Lettres d'or"

*****
 
 

18 commentaires:

  1. Christian Bobin...Ces mots jetés comme des graines dans tous ses livres...des graines qui germent dans l'âme du lecteur en fleurs d'émotion!
    "Il y a un temps où ce n'est plus le jour, et ce n'est pas encore la nuit.

    Il y a du bleu dans le ciel, mais c'est une couleur pour mémoire, une couleur pour mourir. On voit ce qui reste de bleu et on n'y croit pas.

    La dernière lumière s'en va. Elle a fini son travail qui était d'éclairer les yeux et d'orienter les pensées, et maintenant elle s'en va.
    Elle glisse du ciel vers les arbres, puis des arbres sur la terre.
    Quand elle touche le sol, elle est toute noire et froide.

    On regarde. Ce n'est qu'à cette heure là que l'on peut commencer à regarder les choses ou sa vie : c'est qu'il nous faut un peu d'obscur pour bien voir, étant nous-mêmes composés de clair et de sombre." Christian Bobin

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    1. Je connais bien cet extrait de Christian Bobin et je l'apprécie aussi...
      merci à toi Marie.
      Douce semaine.

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  2. Autant que je le dise clairement, je trouve les bavardages de Bobin d'une indigence désespérante. Des lieux communs emberlificotés dans un verbiage pompeux qui se voudrait poétique. Mais ça rate totalement !
    Évidemment, quand on n'a pas de talent on apprend les recettes techniques de l'écriture qui créent artificiellement la vibration et permet de se faire du blé…
    Je sais qu'il a du succès… moi il m'énerve… hautement !
    Bon, j'arrête, parce que ce type ne vaut vraiment pas la peine que je m'énerve…

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    1. Oh ! tu m'étonnes Alain.... On ne peut plaire à tout le monde, évidemment, mais je trouve ton commentaire " très dur" en ce qui concerne l'écriture-bavardage de Christian Bobin...et tes mots "indigence désespérante".... "lieux communs emberlificotés par un verbiage pompeux qui se voudrait poétique".... cependant ta franchise permet de connaître ton avis, ce dont je te remercie... quant au reste, je ne sais vraiment pas quoi te répondre. Je ressens ses mots, la profondeur de sa pensée et je ne suis pas sûre que son écriture soit artificielle, et qu'il aille rechercher dans le sens qui lui permet "de se faire du blé"... je suis étonnée que tu le ressentes ainsi .... mais bon je respecte ton avis, même s'il ne ressemble pas au mien... nous avons tous et toutes des écritures particulières qui nous ressemblent, se cherchent parfois ... jusqu'à essayer d'autres façons, qui tentent de transmettre, d'expliquer qui nous sommes... Pourrions-nous écrire autrement ? ; je connais un peu le parcours particulier de cet auteur qui me semble être une belle personne, ce qui expliquerait peut-être sa manière de contorsionner ses mots. de tourner en rond, de se répéter inlassablement. Ne sommes-nous pas tous ainsi ? quant aux sujets que nous traitons, aux mots que nous employons ?

      j'arrête également ma réponse ne risquant nullement un énervement supplémentaire de ta part....."pour un type qui ne vaut vraiment pas la peine"....

      Calmos Alain.... douce semaine qui débute sur les chapeaux de roues.
      Amitiés renouvelées.

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    2. Cher Den
      j'ai fait le pari d'exprimer mon propre ressenti, qui est de longue date à propos de cet auteur. Je reconnais y être sans doute allé un peu fort. (J'ai un côté polémiste qui m'a fait mener bien des combats, on ne s'en débarrasse pas si facilement même quand on devient vieux…).
      Je précise que je ne juge pas la personne, mais que ses écrits m'exaspèrent. Cela ne m'empêche pas de continuer à fréquenter des amitiés qui adorent Bobin !
      Sans doute que ce qui me gêne c'est « l'exploitation à outrance d'un filon » qui n'est quand même pas de même nature que celui qui a le filon de romans policiers à succès !
      Ce ne sont pas les mêmes enjeux humains…
      Merci de ta réponse sincère et mesurée, alors que mes propos, s'ils expriment la réalité de mon ressenti, n'en sont pas moins trop bouillonnants. Alors OK, je me calme !
      Amitiés sincères et tu sais combien je t'apprécie.

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    3. Merci Alain de continuer de fréquenter par voie virtuelle les Âmi(es) de Christian Bobin.... J'aime Bobin, mais j'aime combien d'autre auteurs (on va mettre au masculin, mais ça pourrait être des auteures !!) que je découvre et dont j'essaye de cueillir leur prose ici ou là, et vous l' offrir en partage !! Polémiste, combattif, oui,tu es, avec panache et esprit, passion. Hein ! il faut bien en ces temps particuliers ! polémiste comme un certain Z..... dont on parle actuellement dans tous les medias....je plaisante ... et j'arrête, je ne voudrais pas te mettre en colère !! "je ne juge personne"... quand tu parles du filon des auteurs de romans policiers à succès... comme toi pour Bobin... moi, je n'aime pas. Pourquoi ? ces ambiances ne m'intéressent pas, ..... je ne m'y sens pas à l'aise. Leur filon m'aiguise...tu vois, moi aussi je peux exprimer ce ressenti-là pour d'autres que Bobin !! Maintenant il y a un public lecteur pour chaque catégorie... pourvu que chacun y trouve son plaisir, le goût de leurs mots !
      mais y a-t-il vraiment une exploitation à outrance d'un filon ?? je crois que je n'avais pas compris ce que tu voulais dire.... tu préfères Bobin aux romans policiers, ou je me trompe ?? ou est-ce le contraire !

      MERCI Alain, l'effervescent d'avoir répondu encore, ... merci pour ton honnêteté et ton amitié renouvelée !

      Bon après-midi.

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    4. .. d'autres auteurs !! pardon

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    5. Je veux dire qu'un auteur de romans policiers qui a du succès, c'est généralement grâce à un « héros récurrent » mais surtout parce qu'il sait se renouveler dans les intrigues, nous distrait et nous surprend, comme d'autres font des films comiques.
      Bodin continue à creuser un filon qu'il a lui-même totalement épuisé, où il n'y a plus aucune pépite. Dès lors, il ne fait que répéter toujours de la même chose. C'est exactement le même produit avec des emballages différents… Le dernier Bodin lave plus blanc que blanc, exactement comme le précédent. Si je critique cette manière de concevoir une littérature qui aborde les profondeurs de l'être humain, je n'ai rien à dire par ailleurs de négatif quant à son lectorat. Et surtout rien de négatif par rapport à toi, bien au contraire, tu sais que je t'apprécie grandement.

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    6. suite et fin....(1)

      Mon commentaire s'adresse à toi Alain, mais également à mon Âmie Anne G. qui parlant de Bobin pensez qu'épuisé, il tourne en rond, ne renouvelle pas ses thèmes, et ne nous "amuse" pas suffisamment.

      Alain, Anne m'a conseillée le livre (que je juge féroce) de Pierre Jourde, nommé "la littérature sans estomac" (2002) que je me suis empressée hier de découvrir et t'en transmets des extraits quelque peu analysés.

      J'ai passé une bonne partie de la soirée, voire de la nuit, à lire ces pages...tenté de comprendre sa démarche, et je te livre ce qu'il pense, partiellement, de la littérature contemporaine...."du ravi de la crèche" (dixit Bobin), et d'un certain nombre d'autres auteurs actuels comme Delerm, Sollers, Beigbeder, Houellebecq.... etc... qu'il égratigne de sa plume, de la même façon que ses malentendus, les targuant "d'accablantes platitudes ou ridicules boursouflures"... la littérature médiocre se vendant plus facilement. Tous sont passés à la moulinette....

      A lire car ce M. Pierre Jourde, professeur à l'Université de Grenoble III, va vraiment très loin dans cet ouvrage, apprécié ou décrié,... je ne citerai pas toutes les expressions qu'il emploie à leur sujet, et qui me choquent. Pauvre Delerm dans La Première Gorgée de bière... pareil pour Philippe Sollers, Christine Angot et autres...
      Je vous laisse découvrir ces petits et grands maîtres qu'il envoie au caniveau.

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    7. (2)

      Quant au ravi de la crèche provençale, qu'il nomme, faut pas y toucher, même si le ravi est un peu simplet.. le niais, le personnage naïf qui s'émerveille un peu, le sourire béat, les bras levés au ciel... le santon le plus important après Jésus, Marie et Joseph, qui pourtant est dénigré de par sa gentillesse...

      Bobin le ravi ? peut-être que Pierre Jourde ne comprend pas la poésie et qu'il est insensible à ses mots.

      Quels sont ses critères de réflexion et de jugement dévastateurs. Avant de juger peut-être aurait-il fallu qu'il soit jugé lui-même lui qui excelle dans le pamphlet, le pastiche pour les romans indigents. Selon lui, et joue avec les têtes de gondoles des librairies... une bombe je vous dis. Un monsieur qui rêve peut-être d'être reconnu !

      Je me suis un peu éloignée du sujet qui nous occupe ce jour, non pas des écrivains de l'épate, qu'il écrit, ceux qu'il traîne dans la boue.... mais de Christian Bobin "le ravi de la crèche"....

      J'ai eu un peu mal au coeur de ressentir autant d'aigreur.

      On peut lui reconnaître une certaine franchise... à moins que ce ne soit que de l'inconscience.. pour Bobin qu'il n'appelle pas "écrivain"... lequel "mélange platitudes niaiseries et préoccupations vétilleuses"...

      Allez, j'arrête.

      ah ! j'oubliais :


      "Controverse...

      Christian BOBIN sous le feu de Pierre JOURDE

      "Depuis qu'il a découvert le Verbe, il continue à s'émerveiller qu'on puisse y associer le Sujet et le Complément" ; c'est en cette pieuse formule que Pierre Jourde crucifie Christian Bobin dans La littérature sans estomac. La sentence est presque gentille en regard du sobriquet dont Pierre affuble Christian. En effet Jourde dit de Bobin qu'il est le ravi de la crèche. Moi ça me fait rire. Et je rajouterais bien observé mon gars quoique...

      Pour avoir beaucoup lu Bobin, je dirais qu'il n'écrit rien. Avec lui rien ne se passe ; mais rien ne passe non plus, sinon les intrusions régulières d'un dieu qu'on a envie de jeter hors des pages. Bobin est en quelque sorte l'écrivain du non-dit, du sensitif au plus près de l'âme. Dans les lignes de Bobin il s'y bouleverse malgré tout quelque chose, alors on en avale des paragraphes entiers. Souvent l'on doit se retenir de ne pas trop rire tant on rencontre de phrases veloutées, des naïvetés mystiques et une hébétude régulière. Mais puisque l'auteur Christian Bobin est un archange du stylo qui n'inspire qu'indulgence et compassion, on le lira uniquement pour son réel sens de l'écriture poétique, sans manquer toutefois de le prier de cesser d'éditer." Tout est dit Christian, tout est dit "


      bon après-midi.
      A chacun, chacune de se faire une idée !

      Je vous embrasse bien amicalement.

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    8. Passer les auteurs à la moulinette, c'est dans l'ADN de Jourde (et aussi de son pote Naulleau). Un auteur « à succès » se doit d'accepter d'être passé à la moulinette par d'autres que les critiques qui lui servent la soupe, (du genre la grande librairie) c'est plutôt signe de bonne santé pour la démocratie littéraire.

      Pour ma part, faire un parallèle entre Bobin et le ravi de la crèche, je considère que c'est un compliment à l'égard de Bobin. Il faut dire que j'ai dans une case de ma bibliothèque quelques objets dont je considère que chacun d'eux caractérise un élément de ma personne, sans aucune exhaustivité évidemment. Et justement il y a parmi ces éléments : le ravi de la crèche, avec ses bras levés. Il cohabite avec une sympathique grenouille tout sourire qui semble s'étonner de la bizarrerie du monde…

      Et la fin de la citation me plaît beaucoup.( Tout est dit Christian) Je pourrais dire quelque chose de comparable : Christian, s'il te plaît, change de disque… essaye de mettre ton talent au service d'autres choses que toujours du pareil. Si tu fais cela, je m'engage à (acheter) me faire prêter le bouquin !

      Merci pour cet échange et mes sentiments d'amitié, ainsi qu'un bonjour à Anne que je ne connais pas…

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    9. Merci Alain d'avoir poursuivi l'échange.... bonne fin d'après-midi..
      à bientôt de te lire, ici ou ailleurs, chez toi.
      Je transmets ton bonjour à Anne...
      Amicalement.

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  3. J'ai lu Souveraineté du vide, puis beaucoup de Bobin; comme Alain, mais pour moi, ce fut soudain, j'ai comprisi qu'il maniait certes fort bien la métaphore, mais AUSSI qu'il tournait en rond; je ne savais plus quel livre j'avais lu de lui, tous se ressemblaient; il s'épuisait......... Un jour, on m'a prêté La littérature sans estomac de Pierre Jourde, et, dedans, un chapitre sur Bobin qu'il appelle le "béni de la crèche". En le lisant, tu comprendras le point de vue d'Alain; le lui transmettre?

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  4. Pardon, Jourde l'appelle le "ravi de la crèche"........

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  5. Den, merci pour ce débat entre toi, Alain et moi.
    Mais Jourde SAIT de quoi il parle et universitaire, il sait ce qu'est la poésie, alors que tu sembles en douter.... Je le trouve juste si on soulève l'essence des livres.
    Tu sais, on peut aimer un livre, un auteur, parce qu'on reste à l'émotion. Maintenant, être un grand écrivain, c'est autre chose. quand on publie on s'expose et on peut être critiqué; c'est important de ne pas se laisser envahir par des critères subjectifs. Et aussi que l'analyse et la critique restent.

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Par Den :
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