mercredi 1 septembre 2021

*Je cherche la lumière depuis que je suis né....


  

Gorges Du Verdon, France, Provence, Vue

Je cherche la lumière depuis que je suis né.

L'automne est le pays des couleurs, je marche vers cette lumière.

L'Automne, Feuilles, Couleur, Nature

J'écris en marchant, j'écris tous mes éblouissements, je bourdonne dans les chemins, mais écrire vraiment c'est avoir le courage de tirer une chaise devant une table, s'asseoir et saisir un stylo.
Un stylo qui fait si peur et tant de bien dans les profondeurs de tout le corps, dès qu'il laisse des empreintes noires ou bleues dans les champs de neige du cahier.


Livre, Stylo, Ouverte

Quand j'écris le mot neige, moi qui ai une vue si faible, je vois devant moi d'immenses étendues blanches et les forêts bleues des mots.

Question, Cahier À Spirale, Spirale

J'aime les grands espaces de lumière que fait jaillir l'automne.
Si quelqu'un partait à pied des granits de la Bretagne et cheminait vers la Haute-Provence, il marcherait en dormant.

L'Automne, Arbre, Feuilles, Rouge

La France est un doux vallonnement de vaches et de clochers. Brutalement ce marcheur se cognerait aux dentelles de Montmirail, au mont Ventoux ou à la montagne de Lure.

Tout le monde se réveille à Malaucène ou à Nyons.

A partir de là c'est un chaos sauvage où ne grimpent que des chèvres d'os, de barbe et de tendons. Un désordre de barres rocheuses, d'éboulis à sangliers, de broussaille, de hameaux sans mémoire, de gorges, d'à-pics, de chemins dévorés par les ronces, de ruines, de ravins, de forêts, de petits cimetières effacés par la mousse, de coups de haches telluriques et de lumineux déserts de lavande et d'amandiers, jusqu'aux gouffres du Verdon, sous l'ombre noire des vautours.


Vautour, Oiseau, Plumes


Je marche dans ce pays depuis mon enfance, j'en connais le moindre vallon, chaque pente boisée de Buis-les-Baronnies aux gorges pourpres du Cians et de Daluis. J'ai franchi en toute saison ces clues glaciales et ces plateaux où ne courent que l'ombre des nuages et le vent.



(...)

Je m'assois toujours sur le même rocher qui s'avance sur le vide, sauf lorsque le mistral vient de passer sur le dos glacé de Lure.

Pendant des heures je regarde cette vallée, cette rivière, en bas, qui brille un instant entre les saules, longe un champ de maïs, passe sous un petit pont de pierre, frôle une poste fermée et disparaît sous les feuillages.

Cette rivière où je me suis tant baigné, où j'ai appris à pêcher à la main sous les branchages, en frissonnant d'appréhension dès que je sentais entre mes doigts glisser le ventre visqueux et froid d'un poisson.

Je suis seul au milieu des collines, dans ce beau silence d'octobre, et je regarde mon enfance.



René Frégni
Je me souviens de tous vos rêves.



******


 

4 commentaires:

  1. Bonjour chère Den, j'ai avec bonheur ce joli texte. Merci pour tes belles photos et je te souhaite un très doux début de septembre.
    Gros bisous ♥

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  2. Quel bel hymne à une région que je connais depuis toujours.
    Tiens, moi aussi, j'ai fait les gorges de Daluis cet été.
    Une merveille.
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  3. René Frégni: un doux poète tout en nuance, tout en saveur.
    J'aime beaucoup ce texte.
    Merci de nous l'offrir.

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  4. Un grand écrivain né à Marseille, dans un quartier populaire. Ses parents n'ont que trois livres chez eux, et il découvre la lecture grâce à sa mère....

    De cet auteur, on n'en parle pas suffisamment je trouve. Un passionné des mots savoureux. Il est heureux d'écrire. "Ecrivez le mot gare et vous entrez dans un train qui n'existe pas". C'est cela l'écriture. Elle soigne, sauve... l'écriture !

    Un autre Giono. Un hymne à Manosque, à la Provence. Il écrit et il voit, éblouit.
    Il nous promène dans sa mélancolie pleine de beauté ...

    "Je me souviens de tous vos rêves". Une merveille.. Il décrit et il invente aussi des histoires.Il vit deux fois. Dans la vraie vie, et dans ses livres !

    "Je marche dans ce pays depuis mon enfance, j'en connais le moindre vallon, chaque pente boisée de Buis-les-Baronnies aux gorges pourpres du Cians et de Daluis. J'ai franchi en toute saison ces clues glaciales et ces plateaux où ne courent que l'ombre des nuages et le vent".

    Merci Letienne, Célestine,Denise.
    Doux week-end.

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Par Den :
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