EXTRAITS
"Un autre pas dans la rivière, et c'est une autre rivière...
Je suis né dans cette vallée de la montagne des boeufs sauvages étroitement serrée par les hauteurs rondes aux couleurs délavées, rousses et bleuies, comme des ressacs pétrifiés de vagues écumées.
Vosges.
Trois mots celtes composent à l'origine le nom Vouguerus : vou, signifiant boeuf, guez, sauvage, et us pour montagne, élévation.
Les Romains donnèrent le nom de Vogesus, ou Vosegus à ces montagnes ; au Moyen Age elles devinrent Vosagus, et pour les Allemands Vagua.
Elles ne sont pas montagnes de haute volée, le sommet fatigué, et ce qui fut chez elles de trempe volcanique n'a laissé pour pauvre trace qu'un soupçon de cratère, en renfoncement, que la forêt comble sans hâte inéluctablement".
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(...)"Devenir écrivain, c'est primordialement faire connaissance. Ça n'en finit pas. C'est se creuser jour après jour, perdre ses forces au fur et à mesure qu'on en gagne.
.... Devenir écrivain ne peut être que se mettre au service des personnages qui rempliront mes livres de leur envie et de leur besoin d'existence, c'est mon honneur et ma raison, et c'est en tout cas la moindre des choses, l'obligée nécessité : une accordaille"
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(...)"La pleine lune lui fouettait les sangs, frisait ses nerfs, provoquait ces mystérieuses interactions des fluides et des ondes, les influences planétaires, sur l'humain. Cet humain-là était sensible à la lune, et la plénitude de l'astre déclenchait au fond de sa personne un déclic. Il n'était plus maître de lui-même, à moins qu'il ne s'agît du contraire, au contraire. A moins qu'il fût sous l'influence blême de la ronde lucarne, désinhibé en somme de je ne sais quelles pesanteurs sociales qui l'entravaient serré, le reste du temps, à l'aune quotidienne de sa condition ouvrière".
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(...) ".A cette saison de baguenaudes la rivière se la coule douce, on voit passer dans ses eaux d'ambre les ombres brusquement traçantes des ses truites, il y a des pêcheurs assis à l'ombre de ses rives, la paupière lourde, installés pour la sieste plus que pour l'attrape.
Aux hivers raidis, elle pince la gueule et s'encroûte les entournures ; ses rives s'enfouissent sous des bourrelets blanchâtres de vieilles chevelures pétrifiées ; sous les racines tordues dans les trous noirs de la berge ganguinent des glaçons".
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(...)"Je ne suis pas parti.
Ici est le pays des histoires avec lesquelles se construisent des vies d'êtres humains, que je suis venu entendre et répéter. Je les tiens des corbeaux. Le jour où se lèvent les hommes est aussi, sans fin, pour les éternités qu'on se donne, le jour de ceux qui naîtront par la suite, le jour immuable du premier souffle".
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(...) "Dans la rivière coulent de l'encre et de l'argent fondu, des glaires de mercure, des filaments diamantifères, qui murmurent et se coulent dans le passage encore ouvert entre les berges éléphantiasiques méconnaissables sous leurs boursouflures de glace. Du surnaturel suinte dans l'air figé de ces sortes de nuits posées une strate supérieure dans la grimpée vers le perpétuel mystère caché".
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Rencontre avec un lieu et un auteur. Pierre Pelot.
"La montagne des boeufs sauvages"
"La montagne des boeufs sauvages"
A lire entre les lignes.
Bonne lecture et bon week-end
Den
Den
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