Je guette, j'épie, j'attends, j'attends.
J'ai attendu.
Puis je crois que je me suis mise à écrire deux journées entières, deux
nuits pleines de l'astre de la mère du ciel, d'un trait, d'un souffle,
en oubliant les autres, en m'oubliant, en oubliant de manger et de
dormir, ou si peu.
Enroulée en volute vers l'intérieur, pleine d'écriture à ras bord, ma chaleur intime m'a enveloppée.
J'ai renoncé à moi, et aux autres, forcément aux autres, surtout... pour
n'écouter que mes pulsations, en ne me mélangeant à personne, pas à
toi, Amour, indifférente, loin du monde, loin de toi.
...
Etrangère.
Une autre.
...
J'ai écrit. Seulement écrit. Transcrit avec mes mots, mes brouillons, ma folie vagabonde.
... merveilleux.
Je n'ai été qu'un objet de luxe, qu'une fleur dans son vase, qu'un ornement.
Un lys blanc.
J'ai effacé, j'ai recommencé.
...
et comme un jour sans fin, comme un lys sans fin, tu ne m'as rien
demandé, tu ne m'as pas regardée telle la vierge ombrageuse et
vindicative, indomptée, sauvage déesse de la nature courant à travers
monts et forêts avec ses compagnes et sa meute prompte à tirer à l'arc.
...
J'ai écrit. J'ai écrit.
On recommence nous deux, Amour... ?
Conscience chavirée, j'avais pensé recommencer.. j'ai bien essayé, mais je n'ai pas pu..
J'ai bien essayé de rafistoler les choses... drame racinien... tant pis de n'y être pas arrivée.
N'empêche que l'automne est merveilleux. J'aime cette saison intermédiaire. Tiède comme j'aime.
Roux et mordoré. Comme en Octobre. Suis-je sotte, nous sommes en Octobre.
Le châtaignier prévoyant donnera-t-il son fruit pour l'hiver ?
Le raisin grâce à l'action de la lumière portera-t-il l'espérance d'une lente transformation intérieure ?
La fille du chaos arrive à petits pas, sans se presser.
Le commencement de la journée, un peu lourd, est gris lilas. Tiède.
Mon corps a oublié la chaleur d'août, la canicule.
Derrière le rideau, une faible pulsation, un tremblement très peu
visible, mais à l'y regarder de plus près, ce n'est rien.. faut pas
s'inquiéter, c'est le chat qui dort, qui respire un peu... beaucoup. Il
rêve peut-être à l'ondée fécondante. La flamme jaillit de ses yeux
amande ; imprudent, il se rendort, malin et pondéré, il guette chacun de
mes mouvements.
Lové le chat philosophe rêve de la vie passée près d'Eleuis
félin indépendant dépendant carnivore
chat commun vigoureux et musclé aux yeux chauds
je plonge dans ton regard profond et m'y baigne
intensément tapie au creux de ton épaule.
Je sculpte ton corps pelage-caramel allongé sur l'épaisse couette
abandonné confiant aux tumultes extérieurs à la vitre
écran protecteur éclairé
par le zénith brûlant
tu tournes ta tête ronde
tes oreilles pointues écoutent le bruit sourd de la goutte qui suinte
le long du robinet fuyant les nouvelles
s'évapore distant.
Tu fredonnes des airs mode dans la chambre à côté.
............"pourquoi chantes-tu encore ce refrain d'hier... " ?
appuyant sur la touche "retourn"
je caresse ton pelage velours doux ignorant le rêve bleu dans lequel tu chemines
balancé gauche balancé droite
tu tournes sur le lit en boule en long en rond ;
abandonnée dans la fureur des autres,
je repars dans le monde le long du stylo fin
acheté par tes soins
sur des feuilles jaunies recyclées naturelles
écologiquement bienfaisantes ;
le platane brûlé par l'été finissant
brille de tous ses feux
rejetant sur la vitre flamboyante des reflets platinés
patinés par le temps qui avance et lui confère sa nature profonde.
Je garde au fond de moi
le temps incomparable éternel et nouveau
déraisonnable enfin.
Le chat roulé en boule imagine et oublie en recevant la caresse que je prodigue encore
sans efforts attendant
moins le possible que le meilleur.
refoulant l'orage gardé trop longtemps en moi
je finis par poursuivre ma course effrénée
dans ma quête immortelle vaguement morbide
je dissèque la pensée floue restée une fois encore
sur la feuille vierge immaculée d'espoir
je recherche la pensée égarée dans l'ailleurs
des autres, rêvée frivole, qui incite au plaisir
quand la raison se perd je fuis je pars vers d'autres monts
perdue incompréhensible
je pleure doucement pour ne pas déranger le supposé estival du chat dormant heureux ;
la vision futile s'éloigne hors du champ.
Août 1998
Ecrire comme une source qui coule et dire au fur et à mesure ses questionnements, ses angoisses, son chagrin, pour panser les plaies qui s'incrustent dans la chair...
RépondreSupprimerMerci Marine....
Supprimerbisous.
Pleurer doucement, en solitaire, parfois c'est tout ce qu'il reste à faire...
RépondreSupprimer...se cacher pour pleurer aussi....
Supprimermerci Marine
Douce journée.